Écouter son coeur est-il toujours une bonne idée ?

Écouter son coeur est-il toujours une bonne idée ?

Alice Bargain et Adrien Agreste

Le pourpre aux joues, Adrien regarde sa douce amie. Elle est si belle... Il lui vante ses lasagnes qu'il a pu avoir le plaisir de cuisiner par le passé. Il lui sourit tendrement quand elle en a tellement l'eau à la bouche qu'elle espère y goûter elle aussi, ignorant qu'il cuisinait. Fier de lui, il bombe le torse et lui fait un grand sourire. Un homme qui cuisine, c'est encore bien trop rare...

— Ça m'arrive, oui ! C'est mon plat signature quand j'ai le temps de cuisiner...

Il se promet de lui faire goûter un jour. Lors d'une occasion particulière où il l'inviterait manger à la maison, peut-être ? Les deux plats arrivent et déjà, les deux amis élégamment vêtus se souhaitent un bon appétit chacun dans une langue différente. Le prince de la ville suppose qu'elle lui a parlé en breton. Un jour, il lui demandera de lui apprendre cette langue, elle semble si intéressante, même si peu de monde la parle... Il lui répond en levant son verre d'eau gazeuse.

— Buon appetito, signorina.

Il lui sourit alors qu'elle a reposé sa coupe de champagne à moitié pleine. Elle savoure certainement son moment autant que lui. Adrien regarde sa main posée devant celle d'Alice. Il voudrait tant pouvoir la prendre, entremêler ses doigts aux siens, lui avouer ses sentiments pour elle... Il s'apprête à essayer de parler, délaissant l'italien cette fois-ci, bien que parler d'amour dans cette langue a un fort côté romantique. Mais il est interrompu dans son élan par Alice qui soulève le goût possiblement divin du plat d'Adrien. Comme pour lui donner confirmation, il pique plusieurs pâtes de sa fourchette qu'il remplit de sauce avant de lui tendre, le sourire aux lèvres.

— Excellentes. Tiens, juge par toi-même, Gino les a parfaitement assaisonnées, il sait exactement comment je les aime !

L'habitude de ce restaurant. Le chef met un point d'honneur à lui cuisiner lui-même ce plat. Il refuse de le confier à un autre cuisinier de sa brigade et Adrien a bien trop pris l'habitude que ce soit Gino qui cuisine ses penne au pesto rouge. Alice ouvre la bouche alors qu'Adrien approche sa fourchette pleine d'elle. Ça n'a rien de très élégant comme on peut le voir dans la haute, ce qui permet à Adrien de se rappeler quelque part que "Madame la Comtesse" n'en est pas vraiment une bien qu'elle porte extrêmement bien la robe, le maquillage, les chaussures, bref... Elle est parfaite. Parfaite...

Écouter son coeur est-il toujours une bonne idée ?

Alice Bargain et Adrien Agreste

Leurs bavardages cordiaux se poursuivent alors qu'Adrien peine à détacher le regard de la belle demoiselle face à lui. Il peine à se l'avouer, mais il ne peut pas s'empêcher de regarder sa belle robe, son maquillage, ses yeux envoûtants et sa chevelure lisse mais sauvage. Son sourire est charmant, sa peau est brillante. Il n'a jamais vraiment porté attention à la beauté des gens, mais ce soir-là, il relève à quel point celle qu'il aime est aussi belle qu'un ange. La question d'Alice sur le nombre de langues qu'il maîtrise entraîne chez Adrien une réaction sans appel. Il sourit et rougit, au moins autant qu'elle. Il les énumère alors une par une, les comptant sur ses doigts...

— Alors je parle français, anglais, chinois, italien, japonais, j'ai quelques notions de russe et je compte bien apprendre l'espagnol. Puis le breton avec toi, bien sûr...

Merci Papa d'avoir tant voulu à ce qu'il apprenne de nombreuses langues pour les déplacements et les contacts avec les partenaires étrangers. Néanmoins, même s'il s'est affranchi des désirs de son père, Adrien reste un jeune homme curieux et voulant toujours apprendre plus de langues étrangères. C'est aussi ça, être un Agreste. L'excellence en toutes circonstances... Il lui fait alors goûter une fourchette de ses penne à la crème de pesto rouge, cuisinée et assaisonnée comme il l'aime parfaitement et la réaction d'Alice ne se fait d'ailleurs pas attendre, elle valide. Il reprend sa fourchette et prend une bouchée de son plat avant de se souvenir. Sa fourchette. À lui. Qu'elle a utilisée pour mettre dans sa bouche à elle. Le métal de la fourchette touche ses lèvres comme s'il s'agissait d'un baiser indirect. Il rougit. Il sent ses joues et son coeur s'enflammer. Sa fourchette tombe alors qu'il se rend compte que son autre main tient celle de la jeune femme. Il la retire, un peu gêné. Elle l'a remarqué. Elle l'interroge...

— O-Oui, Alice, je... Je voulais te dire que je...

C'est le moment. Il ramasse sa fourchette qu'il pose à côté de son assiette. Adrien est en sueur. La chaleur croissante envahit ses veines, comme s'il était en train de brûler vif. Son coeur s'emballe comme s'il était un cheval fou au galop dans une plaine interminable. Il veut se jeter à l'eau. Il va le faire...

— Je... Je...

Oui. Il doit le dire. Elle est pendue à ses lèvres, à l'écouter. Il a la parole, elle attend sagement qu'il dise ce qu'il a à dire. Il ne peut pas rêver d'une meilleure occasion. Le restaurant, le champagne, les tenues, la musique, tout est parfait. C'est le moment. C'est le moment !! Il cherche ses mots. Il ne parvient pas à tourner la chose avec élégance pour faire une belle déclaration d'amour dont elle se souviendra toute sa vie, et lui avec... Il va devoir être concis.

— Je suis a...

A... Il se voit, l'espace d'une seconde, se déclarer à elle. Réciproque ? Ou non ? Peu importe. Ce qu'il voit... Ne l'enchante pas. Il voit les ténèbres s'emparer d'Alice, la blesser, l'éloigner de lui, la rendre plus froide... Tout ça parce que c'est un Agreste. Parce que c'est Chat Noir. Parce qu'il est lui. Non. Il ne veut pas risquer de la perdre... Mais il a déjà commencé à se déclarer. Comment faire ? Comment se rattraper..?

— Affamé ! Le plat est merveilleux, comme d'habitude... Tu prendrais un dessert..?

Ce n'est pas la question la plus judicieuse à poser alors que son assiette est encore bien remplie, mais il se connait, et elle sait qu'il a de l'appétit, surtout lorsq'uil s'agit de pennes... Mais c'est tout ce qu'il a trouvé pour se rattraper à une branche l'empêchant de dire "Je suis amoureux de toi". Même s'il aurait vraiment. Vraiment aimé lui dire ces mots. Son coeur le supplie de le faire. Mais sa raison le pousse à rester muet. Quel fiasco...