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Protecteur des Miraculous
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Mer 12 Juin - 21:06
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Epreuve 3

Miroir - La Béfana te sonne les cloches à Notre-Dame



L'Intitulé
Vous vous trouvez dans un tribunal. D'un côté, un public attentif, prêt à s’égosiller dès que le verdict sera prononcé. Cette décision, elle est prise par ce grand juge, qui toise son assistance. Ce juge, seul à même de déclarer si oui ou non l'accusé est coupable.
Cependant, personne ne voit ce petit ange et ce petit démon qui donnent leur avis, vous. Le verdict du juge va dépendre uniquement de votre argumentaire. L’un se fait l’avocat du diable tandis que l’autre plaide la miséricorde. Deux sons de cloche bien différents ; un seul choix pourtant. A vous d’être le plus convainquant.


Consignes et limitations
Vous avez deux jours pour échanger une réponse chacun, soit un total de deux messages.
Chaque message sera de maximum 1500 mots.
Chaque post devra répondre à l’autre comme un reflet dans un miroir. Ce qui se passe dans un message devra se retrouver dans l’autre, d’un point de vue différent, souvent inverse.
Prenez un mot composé (avec ou sans trait d'union) : portefeuille et remplacez une de ses parties par son antonyme : portepierre. Intégrez ce mot dans un texte comme si de rien n’était.
L’épreuve se termine dimanche 16 juin à 23h59 (17h59 au Québec).

Remarque : Pour des raisons de respect des triggers warnings, les joueurs décideront du crime (dans le sens le plus large du terme, cela peut aussi bien être un vol de pomme ou même une juste importante pour votre personnage par exemple) qui sera jugé dans leur épreuve. Vous pourrez annoncer le crime en début du post sans qu’il ne compte dans la limite de mots imposée.
Lors de lectures et dans de potentiels commentaires, les lecteurs pourront décider des verdicts afin de les faire participer à l'affaire !  


Bonus
Vous pouvez présenter au début de votre premier post votre personnage et son univers si vous jugez cela utile. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous pouvez préciser au début de vos posts du vocabulaire spécifique à votre univers. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous n’avez pas besoin d’être inscrit sur Miraculous' Quest pour poster. Il vous suffit d’utiliser le code de transformation (trouvable ici) pour faire apparaître votre pseudo et votre avatar. Pensez à le tester !

Vous avez la possibilité au début de votre premier post ou à la fin de votre dernier post de préciser:
- que vous ne souhaitez pas de commentaires sur votre texte
- que vous souhaitez des commentaires approfondis sur votre texte
- que vous ne souhaitez pas que votre texte soit lu à haute voix
Si vous ne précisez rien, votre texte pourra recevoir des commentaires simples et être lu à haute voix.

À vos claviers !
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Bunta Nakayama
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Bunta Nakayama

Elysion & Just Married Empty Re: Elysion & Just Married

Dim 16 Juin - 22:37
Bunta Nakayama

Description du personnage:

Informations Complémentaires & TW:

Avant le post, il est permis de raconter le crime !
Vous pouvez très bien passer ce résumé et découvrir la trame directement dans l'histoire ^^ Mais comme je sais qu'enchaîner les textes de l'interfow peut être éreintant, je propose tout de même cette notice pour vous aider à appréhender notre épreuve et lire plus facilement o/

L'affaire:

____

Mes amis, mes amours, voici l'épreuve :

____



  Le pays était ouvert en deux par le centre.
  Y naviguait dans cette lave populaire, debout et nerveuse, Gamblin, qui lui filait à l’estrade se retrancher derrière sa tribune. Gamblin, grand homme de la Révolution encore chaude, était un drôle de personnage. Ses bajoues roses lui donnaient l’air vif du sang paysan mais pourtant il ne jurait pas. Il portait sa robe comme un barbare une tenue de cérémonie romaine : il l’emplissait par trop d’une carrure terrifiante, il la rendait anachronique et s’en trouvait d’autant plus magistral ; en le voyant passer devant le jeune coupable qui sans ces épaulières ne rendait à la vue qu’un tas de chiffon, on se disait :  “On a jeté un bouledogue sur ce roquet”.

  Gamblin resta debout, posa lourdement ses mains sur ce grand pupitre vétuste qui commandait la Justice.
  En-face de ses yeux ? La foule.
  En-face de sa vie ? La guerre ou la honte.

  N’aurait-elle pas échoué, cette Révolution, si elle avait fini par écrouer entre ses mains des pouvoirs dignes d’un roi ? pensa-t-il silencieusement. Quinze minutes que le peuple attendait qu’il sorte de son salon pour poser le verdict et changer la nation à tout jamais. Il pourrait condamner le Prince à mort, mais jetterait sa République au massacre, ou bien il l’acquitterait, et se faisant, jetterait la République tout court. Elle redeviendrait une terre où les empereurs sont respectés. Une peine alternative malheureusement, convoquerait les deux funestes conséquences à la fois : l’humiliation qu’une couronne fut souillée à la demande d’une vivandière pourrait accoucher d’une déclaration de guerre, et la population y verrait quand même un âcre favoritisme qui dévoierait leur Constitution.

  Comme dans tout événement populaire, le public restait debout, tendu, dans une masse humaine grouillante. Cet antique théâtre marmoréen avait déjà accueilli en son sein le tonnerre de cette grande bête monstrueuse qu’était la horde civile ; curieusement aujourd’hui, les nuages ne tombaient pas mais en place d’orage, le grand murmure électrique d’un pays sur la bascule. D’expérience, le grand fonctionnaire savait que dans ce murmure pouvait hiberner le massacre. Le coupable quant à lui est au sol, sur ses genoux, face à Gamblin, de haut.

— Augustus Portier…
  La foule frémit de jouissance : qui y avait-il de plus jubilatoire que de retirer le drap de royauté d’un homme en l’appelant par son nom de naissance ? A l’époque déjà, leur ancien roi  avait instantanément compris quel serait son jugement en entendant son véritable prénom - pourtant réservé à la bouche de sa mère - dans la voix tonitruante d’un roturier.
— Vous avez été accusé puis prouvé coupable d’attaque violente contre Épine, femme libre de notre nouvelle République. Nous vous avions pourtant accueilli avec la déférence habituelle des grands ambassadeurs étrangers, mais soulevé par l’alcool, bien qu’elle vous ait stipulé qu’elle était mariée, vous avez tenté de la pousser à des affaires. Sur ses refus, vous l’avez sévèrement battue. Est-on d’accords ?
  Le grognement de la foule répondit à la place du Prince. Sa voix lui manquait, comme si la Mort l’étranglait déjà. La pupille vitreuse, son menton bougeait imperceptiblement vers le bas.

  L’affaire avait tout du terrible : c’était le premier défi de cette nouvelle République, qui, montée en improvisation bestiale, fascinante, orgueilleuse et insouciante, devait faire face à la menace de ses voisins. Le peuple avait déjà une réponse brutale, mais en même temps redoutait les représailles. Aveuglé par sa soudaine toute-puissance, il voulait directement en abuser : il craignait qu’en s’hasardant à des subtilités, il finisse par re-perdre petit à petit ce qu’il avait conquis.

  Cela n’arrangeait pas Gamblin, oh que non… Il s’humectait les lèvres bruyamment, réflexes d’un homme de la mer. Quoi dire ? Pendant son quart d’heure au silence, il n’avait dénoué aucun fil. Comment aurait-il pu en si peu de temps décider de la direction du siècle à venir ?

  Heureusement pour toi Gamblin, c’est là que j’entre en scène ! La braie relevée, le gilet rouge, la fourche paysanne à la main, j’apparais assis sur ton épaule gauche, de la taille approximative d’un gros pigeon. Je peux pas dire que je sois habillé selon la dernière mode, mais bon, tant que tu m’entends.

— Bouge ton fiac Gamblin, y a bidoche après la sentence et pour avoir une fête grandiose, il faut toujours commencer par décapsuler un roi ! 22 ans d’âge et déjà con comme un vioque, il a pas perdu son temps.
— Merde, pas toi…
soupire le gus à mon intervention.
— Quoi, pas moi ? je rétorque, goguenard, en lui baffant l’oreille. Je suis toujours là, Gamblin. De la forge qui te sert de cœur, j’en suis la flamme, l’ambassadeur de ta fureur ; on l’a créé ensemble, cette révolte ! Alors je sais, t’es abattu, deux ans dans tes nouvelles bottes de fonctionnaire, ça aplatirait la morale de n’importe qui. Pour ça que je suis là : pas pour te retourner sur le droit chemin - Dieu m’en préserve - mais sur le chemin direct.
— Je n’ai pas envie de prendre une décision sur le coup de ma colère.
— Bah pourquoi pas ? C’est pur, la colère. Ça ne trompe pas. C’est une boussole fiable.

  Regarde Épine, premier rang, foulard vert menthe, cheveux châtain, elle a les yeux abîmés mais farouches, elle est comme toi, une cul-venteuse qui à la ville s’est trouvée une conscience citoyenne. En laissant partir son agresseur, tu lui ré-infligerais son statut de victime alors qu’en le châtiant, tu l’érigerais en général de guerre ! Ton pays tout entier l’a adoptée comme égérie, on fera des tableaux de son visage, on ne pourrait tomber amoureux sans finir patriote. Puis ne l’as-tu pas faite toi-même Gamblin, cette fille ? Elle n’a pas dit autrement “Non !” à ce corniaud d’Augustus que toi au précédent Ministre de l’Économie. Maquillée, elle aurait séduite un homme mais le visage tordu par la violence et l’injustice, elle séduit toute la nation. Tu le sais que pour ce nouveau chapitre de l’histoire, il vous faut une illustration : elle est là !


  Je voyais qu’il m’écoutait sérieusement car passait dans ses yeux un air terrifié. Il me bredouilla une connerie :

— La guerre serait à nos portes si je t’écoutais !
— La guerre, pourquoi pas !
Je me lève en m’étirant, m’aidant de sa tempe pour éviter de glisser. La liberté, c’est se battre constamment de toute manière. Comment ça, on se débarrasserait de nos souverains mais on accepterait que les autres des contrées voisines se tiennent quand-même au-dessus de nos lois ? Ne serais-tu juste qu’un misérable majordome qui pousse un roi, puis époussette son trône pour qu’un autre y prenne place ? Gamblin, regarde bien le freluquet, tu sais très bien qu’il mérite des claques. Et des claques de peuple, oui malheureusement, ça peut être meurtrier. C’est la vie.
  C’est sa mort.
— On tuerait un prince étranger…
murmurait Gamblin, ailleurs, perdu entre l’audace et ses conséquences.
— Oui enfin, c’est surtout une burne.

  Je m’étire et je saute sur le pupitre. De là, je vois mieux le beau visage de Gamblin : l’institution lui allait aussi bien que la mutinerie. Je constate aussi la présence de l’Autre. Peste. On se regarde les yeux dans les yeux maintenant et de ma fourche je pointe l’éther qui semble tourner autour de lui :

— N’écoute pas l’autre partie de ton cœur Gamblin, celle qui vient de ta tête, c’est une comptable : elle calcule. Pisse-chaud par excellence. Répète après moi : “Un séraphin ? Ça sert à rien !”. Pouah, il va sortir sa salade de diplomatie, il va mâcher ses termes, il nous dira d’être raisonnable. Agir sous la Raison, c’est s’asservir aux pouvoirs des Rois : ils l’ont définie de manière à modérer toute radicalité, tiens donc. Quelle bonne alliée, cette Raison qui pousse les peuples à danser en rond sans jamais aller de l’avant. C’est bien trop tard pour s’ennuyer à nouveau sur cette ritournelle, mon gaillard... Le sens de l’Histoire a été décidé : à travers eux !

  Je frappe de la hampe sur le bois sonore et j’enchaîne sans lui laisser le temps de répliquer :

— Alors pourquoi penser à tourner le cul dans le sens inverse Gamblin ? Tu ne sais même pas saisir un éclair dans la paume de ta main, alors comment pourrais-tu arrêter la marée, hein ? Fais pas le lâche-étendard, frappe des poings sur la table et pars au front. Allez ! Pour Épine ! Pour la nation ! Fous le feu partout, c’est le langage que comprennent les rois ! Donne un doigt, ils fauchent la main, colle-leur une droite, ils s’arrachent ! Laisse le bambin en liberté et tu résumes la Révolution à un bête trop-plein évitable qui a malheureusement coûté la vie au gestionnaire, mais raccourcis sa tête à lui en plus, et là, tu affirmeras la philosophie de la République. Ils te diront fous alors qu’au contraire, tu l’auras jugé bien plus équitablement que les rois paillards ne le sont chez eux.

  La nation est en marche aux travers des montagnes ! Les chocs, les escalades et les tempêtes seront rudes - les périls faisaient partie du contrat ! - mais on le conservera ensemble ce feu ! Nous sommes forts à la besogne, nous sommes la République et la République ne laissera pas une seule femme derrière elle ! Tous les rois il y a deux ans quand la lame est tombée ont senti le jour de l’exécution sur leur nuque ! Ce frisson, on va le leur redonner…



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Melkus
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Melkus

Elysion & Just Married Empty Re: Elysion & Just Married

Dim 16 Juin - 22:43
Melkus

Le juge Gamblin s’affaisse légèrement. Le verdict, cet être bicéphale, est perché sur ses épaules et l’écrase. Ses deux têtes se disputent l’accès à ses oreilles. Après avoir perdu à plusieurs reprises, celle de droite prend le dessus et lui murmure :


« Le peuple est là, dans la salle, autour du palais de justice, dans les artères principales, au creux des ruelles… Il n’est qu’un cœur dont le chant et les pulsations s’agrippent à ton torse et le serrent. N’es-tu pas comme lui la République, Gamblin ? Ce qu’il réclame est simple et tient en un coup de lame : la tête du prince Augustus. N’est-ce pas bien normal ? Vous l’avez accueilli, lui le sang bleu, dont le dessein de la couronne se lisait déjà sur ses tempes. Au coeur de votre havre démocratique, qu’a-t-il fait à part salir ? Votre mansuétude à son égard fut immense, mais qu’en a-t-il fait si ce n’est prouver encore, que du peuple il ne s’écarte que pour rejoindre les porcs ? Que dis-tu ? Il faudrait peut-être lui éviter la mort ? Moi, je le pense, mais toi ? Peux-tu en faire une certitude ?


Sans compter qu’il y a, Épine, la fille du peuple. Son teint de rose est bleui et vous savez, pertinemment, qu’il n’est en votre pouvoir que de soigner ses meurtrissures les plus bénignes. Non, ce n’est pas vrai. Pour le peuple, c’est une évidence, mais toi tu n’en es plus si sûr n’est-ce pas ? Tu ne veux pas les voir, mais les plaies, tu les sens. Ta peau de fier régicide se nécrose. Ce jugement pèse lourd sur ton échine qui s’effondre. Le sauver, en es-tu seulement capable ?


La sentence se flétrit dans ta gorge, une bile noire et infecte emplit bientôt ta bouche ; il serait si agréable de la cracher sur le visage du peuple, et de communier ensuite avec lui dans cette souillure… Tu la ravales plutôt. Tu es en phase terminale et tu cherches à gagner du temps… Tu es pitoyable et c’est là ta gloire terrible, toi qui fais tout pour protéger les mille visages de ton peuple, toi qu’ils haïront quand même.


Et alors ? Le peuple pourra bien penser que tes veines ne charrient que de la merde, ton objectif peut bien rester impénétrable tant qu’il est atteint. La mort du prince Grandpois entraînerait une réaction de son état, cet ogre immense, et votre République de grands poucets, quoique le peuple en dise, n’y survivrait pas.


Sauver un noble donc. Le voilà bien misérable, le front accolé au sol, incapable de supporter le regard de quiconque. Dans ses guenilles de prisonnier, il n’a plus rien d’altier, plus grand-chose même de l’homme, il ressemble plutôt à une souris n’émettant d’autres vœux couinants, que de pouvoir s’enfouir à jamais dans l’ombre d’une fissure. Son triste état ne fait-il pas de toi un triste rat ? Qu’importe ! Que le peuple te chasse à coup de balais, tant qu’il te suit à l’écart des calamités.


Mais Gamblin, tes reins seront-ils assez solides pour prendre cette loque dans tes bras ? Sauras-tu protéger ce prince émietté de la foule affamée ? Elle sentira ta trahison au seuil de ta première syllabe, et en bête tyrannique vous traquera, ta poupée couronnée et toi, jusqu’à ce que le souffle vous manque et qu’elle vous rattrape …


Et si vous vous en sortiez ? Eh bien, tu seras là, alors, pour voir la chute. Drapé des monceaux sanguinolents de son ancienne concorde, le peuple se dévorera lui-même, hanté par sa lâcheté, le supplice d’Épine au cœur de leurs rétines …  Non. Non quoi ? Tu refuses cette voie ? Et comment, je te prie ? Avec quels muscles, quel charisme ? Tu étais fort quand le temps était à la lutte contre les tyrans, je te l’accorde, mais face à tes égaux ? Il ne faudra pas flancher, Gamblin !


Surtout que tu ne dois pas oublier que ta place de juge est un hasard. Toi, Tu es une brute. Tu es fait pour briser d’une main le cou du prince avant de lancer son corps à la foule pour qu’elle s’en repaisse. Tu ne sais pas apaiser, à vrai dire tu tolères tout juste le calme. Sois honnête. Tu rêves du chaos de la guerre certaines nuits. Contiens-toi autant que tu peux, mais les aboiements rageurs qui germent et éclatent par grappes dans la masse de tes entrailles, ils finiront par ressortir … Oh, mais déjà de tes deux grosses pognes, tu les musèles ! Pas mal, gaillard, pas mal !


Tu ne le regretteras pas, sûr ? Car tes traits déformés par la colère te feraient chérir du peuple encore davantage. C’est ce qu’il attend. Il est jeune, il a été blessé, il a peur et il est en colère. C’est du moins le masque qu’il veut afficher : rouge, implacable et terrible. L’angoisse, il n’en peut plus, il en a déjà soupé jusqu’ aux vomissures, sèches aujourd’hui, mais qui constellent toujours les rues. Si les laquais du prince attaquent, leur sang les lavera définitivement … Enfin si on oublie qu’ils seront bien plus nombreux, et cette maudite réalité, tu es décidé à leur rentrer dans le crâne même si le peuple ne manque jamais les porteurs de mauvaises nouvelles ?  


Quelle tête de mule … Ce sera la honte donc, tu persistes et signes ? Très bien, si tu es sûr de toi, je dois te mettre à l’épreuve une dernière fois, peux-tu la regarder ? Non, la regarder vraiment. Oui, là, ici, feu la belle Épine. Approche ton visage de ce qui fut autrefois le sien. Es-tu capable d’assumer devant elle, non, ne te détourne pas, que son boucher doit rester libre pour le bien commun ? Et s’il lui prend la folie de s’énerver, sauras-tu la retenir puis souffler à cette image de la jeunesse, pour laquelle tu as tant sacrifié, qu’elle doit se taire sous peine d’être vue comme une pauvre égoïste ? Quand elle te crachera à la figure, elle, tu l’enfermeras ?


Oh, tu es inventif, tu m’esquives en plongeant dans tes souvenirs. Le palais n’a pas tellement changé si ce n’est le sang, les cris et les larmes, hein ? La glorieuse prise. Tu es beau, ce rôle de porte-étendard te sied à merveille. Alors quoi ? Le peuple n’est pas prêt pour un nouveau printemps de démence et d’espoirs fanatiques ? Qu’as-tu reproché au précédent ? Vous avez gagné, le roi est mort, la démocratie vit. Ce n’est pas toujours ce que tu n’entends ni ce que tu vois ? Le Spartacus craint ses cauchemars ? Il va falloir faire mieux, Gamblin. Tu es fatigué, je le sais, mais le peuple attend ta voix.


Lève-toi ! J’ai foi en toi camarade ! Sauve-les du prince, sauve-les d’eux-mêmes !”



Le juge Gamblin était debout et se tenait droit devant la salle comble du tribunal. Il prit une longue inspiration puis commença en s’adressant d’abord aux jurés puis à la foule entière :


« Vous avez suivi durant ce procès le récit détaillé des horreurs que le Prince Augustus a infligées à la jeune Épine. Il a également été porté à votre connaissance, le document officiel reçu ce matin de la part du roi, son père, stipulant qu’il attend le retour du prince sous deux jours, avant de sérieuses représailles. Je mesure la tension qui gagne vos visages à l’idée que je ne vais peut-être pas prononcer la sentence que je sais attendue par tous. Permettez-moi, et vous savez pourtant que ce n’est pas dans mes habitudes, de prendre un peu de temps pour vous parler avant d’en finir, car nous le savons tous, n’est-ce pas ? La défaillance de mes cordes vocales marquera inévitablement un tournant majeur pour notre jeune République.


 Il y a deux ans, nous avons réalisé ce que le poids de l’Histoire nous présentait comme impossible. Mais les blessures de ces journées de lumière et d’enfer nous animent et nous brûlent encore. Avons-nous chanté main dans la main sous un ciel clément les mois qui ont suivi ? Non, mais nous avons tenu, car malgré leur sale allure, nos rires de pluie et nos sourires coulants de sueur nous ont maintenus ensemble, en un bloc inaliénable !


Nos mains dans la boue, nos pieds dans la merde, nous avons bâti notre stabilité même lorsque celle-ci était menacée par toute une faune qui rôde sur le bord de nos frontières ! Nous sommes forts et chaque goutte du sang vicié de l’aristocratie à la surface de ce monde l’a retenu… Même si certains ont eu besoin de cours supplémentaires !


Nous sommes forts, oui… Mais nous ne sommes pas invincibles.


Comme ceux que nous avons défaits, chacun de nous ne connaît que trop bien, le gris d’une tombe, la plainte d’une mère, l’odeur de la terre, le contact de la pelle et le goût de la cendre. Nous ne sommes pas une famille, nous sommes un même corps, celui du plus brave des hommes, celui qui ose défier la mort.


Notre unité est notre seule richesse, car nous n’en désirons pas d’autres. Alors, ce verdict, il est le nôtre. Nous sommes sur le chemin de la tragédie. En suivant la voie de gauche, nous trahissons ce que nous sommes et ne serons plus jamais les mêmes : nous libérons le prince Augustus. À droite, notre intégrité est préservée, et c’est intact et pur que nous accueillerons une guerre qui pour nous sera terrible.


L’instant que nous vivons rime sinistrement avec les jeux cruels et fatals des dieux anciens. Je n’ai rien à vous offrir sinon mes mains tendues vers vous. Nous n’esquiverons pas le pire, il nous encercle déjà, mais nous pouvons nous assurer que même dans l’obscurité la plus terrible, jamais aucun d’entre nous ne marchera seul.”
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