Gardien
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The Otherlands & Kobe Replikaï School
Mer 12 Juin - 21:05
Epreuve 3
Miroir - La Béfana te sonne les cloches à Notre-Dame
L'Intitulé
Vous vous trouvez dans un tribunal. D'un côté, un public attentif, prêt à s’égosiller dès que le verdict sera prononcé. Cette décision, elle est prise par ce grand juge, qui toise son assistance. Ce juge, seul à même de déclarer si oui ou non l'accusé est coupable.
Cependant, personne ne voit ce petit ange et ce petit démon qui donnent leur avis, vous. Le verdict du juge va dépendre uniquement de votre argumentaire. L’un se fait l’avocat du diable tandis que l’autre plaide la miséricorde. Deux sons de cloche bien différents ; un seul choix pourtant. A vous d’être le plus convainquant.
Cependant, personne ne voit ce petit ange et ce petit démon qui donnent leur avis, vous. Le verdict du juge va dépendre uniquement de votre argumentaire. L’un se fait l’avocat du diable tandis que l’autre plaide la miséricorde. Deux sons de cloche bien différents ; un seul choix pourtant. A vous d’être le plus convainquant.
Consignes et limitations
Vous avez deux jours pour échanger une réponse chacun, soit un total de deux messages.
Chaque message sera de maximum 1500 mots.
Chaque post devra répondre à l’autre comme un reflet dans un miroir. Ce qui se passe dans un message devra se retrouver dans l’autre, d’un point de vue différent, souvent inverse.
Prenez un mot composé (avec ou sans trait d'union) : portefeuille et remplacez une de ses parties par son antonyme : portepierre. Intégrez ce mot dans un texte comme si de rien n’était.
L’épreuve se termine dimanche 16 juin à 23h59 (17h59 au Québec).
Remarque : Pour des raisons de respect des triggers warnings, les joueurs décideront du crime (dans le sens le plus large du terme, cela peut aussi bien être un vol de pomme ou même une juste importante pour votre personnage par exemple) qui sera jugé dans leur épreuve. Vous pourrez annoncer le crime en début du post sans qu’il ne compte dans la limite de mots imposée.
Lors de lectures et dans de potentiels commentaires, les lecteurs pourront décider des verdicts afin de les faire participer à l'affaire !
Chaque message sera de maximum 1500 mots.
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Prenez un mot composé (avec ou sans trait d'union) : portefeuille et remplacez une de ses parties par son antonyme : portepierre. Intégrez ce mot dans un texte comme si de rien n’était.
L’épreuve se termine dimanche 16 juin à 23h59 (17h59 au Québec).
Remarque : Pour des raisons de respect des triggers warnings, les joueurs décideront du crime (dans le sens le plus large du terme, cela peut aussi bien être un vol de pomme ou même une juste importante pour votre personnage par exemple) qui sera jugé dans leur épreuve. Vous pourrez annoncer le crime en début du post sans qu’il ne compte dans la limite de mots imposée.
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Bonus
Vous pouvez présenter au début de votre premier post votre personnage et son univers si vous jugez cela utile. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous pouvez préciser au début de vos posts du vocabulaire spécifique à votre univers. Cela ne compte pas dans les 1500 mots de votre réponse.
Vous n’avez pas besoin d’être inscrit sur Miraculous' Quest pour poster. Il vous suffit d’utiliser le code de transformation (trouvable ici) pour faire apparaître votre pseudo et votre avatar. Pensez à le tester !
Vous avez la possibilité au début de votre premier post ou à la fin de votre dernier post de préciser:
- que vous ne souhaitez pas de commentaires sur votre texte
- que vous souhaitez des commentaires approfondis sur votre texte
- que vous ne souhaitez pas que votre texte soit lu à haute voix
Si vous ne précisez rien, votre texte pourra recevoir des commentaires simples et être lu à haute voix.
À vos claviers !
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Gelos
Re: The Otherlands & Kobe Replikaï School
Dim 16 Juin - 23:37
OK commentaires approfondis
- Spoiler:
Coucou :3
Je laisse ici la description de mon perso :3 Il y a un petit code duquel il faut tenir compte dans la narration. J'utilise deux personnes à la fois: le « je » pour Fletje elle-même, et le « tu » pour son antagoniste, la Mer.
Il me fait plaisir de vous présenter Fletje Ynd Utschmence, un vieux personnage de conte que tous connaissent. Si vous le dites suffisamment rapidement, vous trouverez peut-être le jeu de consonnance de son nom.
Fletje est l'incarnation du Hollandais Volant.
La superstition veut que tout navire ne peut embarquer une femme, car elles porteraient malheur. Fletje, de son vivant (ce qu'elle désigne ainsi) n'en avait rien à faire. Elle voulait voir le monde, découvrir les eaux, elle rêvait de sillonner le monde et rien ne pouvait l'en empêcher. Pour se frayer un chemin sur un navire, elle se fit passer pour un homme et s'enrôla sur un navire marchand. Toute confiante que les éléments lui seraient favorables.
Mais elle fut trahie. Si son subterfuge fonctionna sur les humains, que d'aucuns la considérèrent comme un homme jusqu'à ce qu'elle laisse tomber les masques, la Mer, elle, ne fut pas aussi naïve. Quand Fletje regarda son reflet sur l'eau qu'elle trouvait si calme, la mer comprit. Elle s'agita. Comme elle le faisait chaque fois qu'elle voulait attirer un homme à elle. Le navire coula. Il n'en resta rien. Et quand la Mer vint rencontrer Fletje pour s'en éprendre, comme elle s'éprenait des hommes, elle entra dans une colère noire. Ou plutôt, elle fut verte de jalousie. Si bien que la Mer maudit Fletje: « Si tu tiens tant à naviguer alors voici pour toi mon cadeau. Pour toujours tu sillonneras les mers, sans jamais pouvoir mettre pied à terre plus de deux heures. Si tu le fais, tu te pétrifieras. Ta vie sera éternelle. C’est ce qu’en coûte de dérober à la nature de ce qui lui est dû. »
Ce fut le début, pour Fletje, de ce qu'elle appelle son non-vivant. Seulement, la malédiction fut telle que si, d'une part, Fletje pouvait naviguer comme elle le souhaitait, où qu'elle aille, la mer la suivait et coulait les navires qu'elle rencontrait. Si bien qu'on en vint à craindre cette présence maléfique, ce bateau fantôme que l'on ne voyait venir et qui avait les éléments à sa botte. Elle était pourtant bien visible Fletje, mais trop petite pour être repérée de loin. Les rares survivants crurent donc à un navire pirate invisible. Pourquoi cette image ? « Mes longues jupes fendaient les vents comme une voile qui me guidait, je marchais sur l’eau, me cachait dans les brumes avec l’espoir qu’un jour, je puisse me dérober à ton courroux. Me voilà maintenant contrainte à une éternité en ta seule non-compagnie et ma seule issue serait ta mort. »
Depuis Fletje cherche à fuir cet esprit qui anime la Mer. Sans jamais y parvenir. De la femme têtue, courageuse, ambitieuse, rêveuse et obstinée qu'elle était, il ne reste plus qu'une silhouette pessimiste, morne et dépitée. Elle est devenue, physiquement un monstre, son corps a été attaqué par les algues et d'autres parasites qui ont transformé son apparence. Elle inspire la peur par sa réputation et cela l'attriste infiniment. Elle rêve aujourd'hui de pouvoir mettre pied à terre, maintenant que la Mer l'a brisée.
Elle est aujourd'hui une coque d'une grande tristesse qui ne demande qu'à retrouver les espoirs qu'on a pu lui dérobés.
The Otherlands:
Les Otherlands, le Pays des Merveilles, cet intitulé fleurant bon le mystère et les contrées féeriques, ce charmant lapin blanc qui vous y a entraîné et les créatures étranges peuplant le monde… une promesse d’aventure et de découvertes. Non, on déconne. Bienvenue en enfer. Ici, les royaumes s’entredéchirent pour des histoires futiles, les têtes volent, les mémoires s’effacent. Ces terres autrefois idylliques ne sont plus que ruines et désolation, le pays est ravagé par la guerre et pourtant, certains trouvent toujours le moyen d’aller cueillir des pâquerettes dans les champs de mines. Entre l’absurde et le tragique, rejoignez la cour des fous.
Béfana
« Jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité? » qu’il laissa tomber de sa voix rauque et sévère. Si ses bigoudis avaient pu suggérer un manque de sérieux, il n’en était rien. Son austérité imposait le respect et l’honneur. Et toi, tu le regardais, un sourire narquois au visage, comme si de toujours tu avais attendu ce jour. Tu m’avais retrouvée dans le seul but de glisser sous mon nez la liberté que tu me refusais. Il me semblait évident que tu n’avais rien à faire de cet homme que tu avais souillé de tes caresses salées. La satisfaction sur ton visage puait ta fourberie et les larmes salines sur les joues de celle qui l’aimait ruisselaient ta cruauté. Je te reconnaissais bien là : Mer salée et avide qui chavirerait tout navire qui eut pu vivre une once de bonheur. Était-ce là ta dernière ruse? Pour me faire souffrir, tu t’étais épris d’un homme marié, sachant, dans toute ton omnipotence, que je défendrais cet instant de liberté qui l’avait fait sourire? Je te savais amère. Je te savais dangereuse. Pourtant, encore aujourd’hui, tu me surprenais par les secrets que tu dissimulais.
« Cette cour est-elle seulement sérieuse votre Honneur? » soufflais-je à l’oreille du juge. J’étais perchée sur son épaule, attitrée sténographe dans un jugement puéril où on accusait un homme d’adultère et de libertinage. Il n’est plus de notre époque de castrer un homme pour avoir embrassé le moment d’une pluie de perséides la toison d’une autre. « Il n’y a jamais eu de crime dans l’expression de son désir de découvrir le monde et d’en savourer la moindre bouchée comme si c’eut été une pomme d’un sucré unique. » Avais-je soufflé à son oreille en plongeant mon regard dans celui présumé coupable. Le crime qu’on lui reprochait, c’était celui de n’avoir pas su corrompre son être. C’était celui d’avoir embrassé sa personnalité telle qu’elle était : primesautière et lascive. Que cela n’en plaise à cette femme ébranlée par cette (in)fidélité, son idéal amant n’avait jamais été qu’une lubie rêvée par la plus naïve des pupilles. Une pupille incapable d’analyser et de comprendre la complexité de l’homme à qui elle tendait la main. Une main qui avait accepté le luxe de l’alliance sertie d’une kunzite violacée. Si elle avait été attentive aux signaux, elle aurait déjà su. Dans l’ésotérisme, on prétend que la kunzite guérit les chagrins d’amour. « Il a toujours su. Il lui a toujours dit. Il a toujours été transparent. Cette alliance porte la marque des blessures futures. Je ne vois ici que de l’honnêteté. » Une honnêteté lancinante, certes, mais une honnêteté explicite. « Il me semble évident qu’il recommencera. Qui sommes-nous pour lui interdire d’épouser sa curiosité, son désir d’aventures et sa fougue? Nous sommes humains… » – du moins, je l’étais avant que tu ne jettes ton dévolu sur moi – « … Nous sommes façonnés par nos failles. Si demain, vous souhaitiez embrasser la folie et partir en mer au milieu de marins d’expérience. Avec le désir ardent que caresse votre visage, la brise saline des océans, vous seriez pantois si une force supérieure vous privait de cette extase... » C’était mon rêve. Celui que tu as arraché de mes mains tel le Kraken arrache les figures de proue des navires pour les ajouter à sa bibliothèque. « Vous êtes cette force supérieure, votre Honneur. »
Un regard de dédain dans ta direction m’échappa. Je me devais de prêcher pour le repentir de cet homme qui avait failli à tes charmes comme je l’avais fait, pourtant je ne parvenais pas à oublier cette geôle que tu m’avais forcée d’un coup de poing herculéen à la gorge. Ma voix s’était étouffée par le choc et jamais plus elle n’avait pu hurler à la liberté de me reprendre. « À qui va le blâme, lorsqu’une personne suit sa nature? À une femme qui n’a pas su interpréter les signaux? À un homme qui gueulait de le libérer de la prison de la monogamie? À une amante joueuse qui exploite les failles des uns pour s’amuser du chagrin des unes? » Ce n’est pas sa faute s’il a croisé ta route. Lui, déjà sensible, déjà vulnérable, déjà affaibli par des années à se mentir à lui-même, ne pouvait résister à la tendresse des courants marins. Tu étais vile. Tu empruntais le visage des courants marins bienveillants, pour mieux faire couler ta proie dans le gyre que tu es.
« Non coupable. C’est ce qu’il est. Vous ne cautionnez ni l’infidélité ni ne banalisez la rupture des pactes sacrés en le disculpant. Vous cautionnez l’authenticité et la curiosité, celle que l’on envie aux enfants. Vous cautionnez l’individualité et sa singularité… » dis-je avec autant de prestance que mon apparence me permettait d’en avoir. De ma paume écaillée et blanchie par le sel, je cachai mes lèvres bleuies par le froid de tes flots : « … Et vous punissez celle qui nous colle les pieds sur terre et nous empêche d’explorer les horizons et les limites du monde. » sifflais-je avec amertume, espérant que nul n’entende la hargne et la rancœur que je t’adressais. Toi, je savais que tu entendrais : le vent t’apportait le moindre déchet, sans prendre le temps de se demander s’il ne risquait pas de t’abimer par cet acte. Nul ne pouvait imaginer le nombre de secrets ainsi portés que tu cachais dans tes abîmes. Comme si tu eus porté une robe victorienne des plus bouffantes, tu cachais tout en tes jupons, en ton lit, attendant d’asperger de ta puissance et de ta jalousie le moindre réfractaire à ta toute-puissance. Était-ce là ce que tu avais fait pour cet homme? L’incompréhension dans son regard trahissait bien qu’on l’avait exploité. Avait-il confié au Sirroco les menottes qui le liaient à ses vœux? Le Sirroco l’avait-il envoûté par sa chaleur, avant de te rapporter, agelaste et sec, la confidence et la faiblesse de cet homme? Et toi, avais-tu estimé qu’elle était tienne?
Par un verdict de culpabilité, tu gagnais. Prenant, une nouvelle fois, un homme qui ne t’avait rien demandé et brisant le cœur d’une femme. Et si résonnait de la voix du juge le mot « non-coupable », tu brisais le cœur d’une femme, mais tu ne privais pas un homme de son repentir, tu ne l’incriminais pas d’avoir brandi le fanion de sa liberté. Mais moi, je gagnais. Pour une fois, toi, cruelle rivale, tu ne ferais pas de vague. Tu voulais tant que l’on me craigne, que je sois un fantôme qui arpente ton corps, que ma légende soit celle des malheurs des naufrages… pourtant, aujourd’hui, j’étais la miséricorde, j’étais l’ange, j’étais le ciel. Je me dérobais à ton interminable étreinte, je n’étais plus l’écume qui effleurait tes rivages sans pouvoir m’en aller, j’étais le reflet de la lumière sur ta sombre robe. De toutes mes dents devenues coquillages par ta malédiction, je souriais de satisfaction, espérant te retourner ton sourire narquois. « Sa culpabilité n’apportera que le chagrin à deux humains. Son épouse, aussi naïve soit-elle, pleurera toujours ce qu’elle voit comme une trahison. Et lui pleurera l’incompréhension du monde vis-à-vis de sa nature, il se sentira rejeté, il sentira qu’il n’y a aucun lieu où il puisse vivre sa vie en respectant ce que lui insufflent ses valeurs. Ni la mer ni la terre ne seraient lieux pour lui… Que resterait-il? Le ciel? Si cela est votre jugement, alors votre soi-disant déontologie me semble peu humaine, votre Honneur. » Je jetai un regard vers cette harpie qui incitait le juge à condamner l’homme pour son pseudo-crime, puis je te regardai dans l’audience. Était-ce toi qui l’avais ainsi perchée sur l’épaule gauche de ce juge? Était-ce toi qui avais choisi mon opposant? Était-ce encore l’un de tes complots pour que je comprenne que ma vision de la liberté n’avait lieu d’exister en ce monde? Je le regardai, Lui, le regard vide, comme s’il eut déjà été entre deux mondes. Je le regardai vagabonder, tentant de comprendre comment un monde juste pouvait le déshonorer de l’homme qu’il aspirait à être. « Je te sauverai… » lui chuchotais-je. Et je te vis te braquer. Je te vis t’écouler des yeux de ses proches. Eux n’avaient pas la capacité de voir que je veillais sur celui qu’ils aimaient, j’étais toujours un fantôme. Maudite sois-tu.
« Cette cour est-elle seulement sérieuse votre Honneur? » soufflais-je à l’oreille du juge. J’étais perchée sur son épaule, attitrée sténographe dans un jugement puéril où on accusait un homme d’adultère et de libertinage. Il n’est plus de notre époque de castrer un homme pour avoir embrassé le moment d’une pluie de perséides la toison d’une autre. « Il n’y a jamais eu de crime dans l’expression de son désir de découvrir le monde et d’en savourer la moindre bouchée comme si c’eut été une pomme d’un sucré unique. » Avais-je soufflé à son oreille en plongeant mon regard dans celui présumé coupable. Le crime qu’on lui reprochait, c’était celui de n’avoir pas su corrompre son être. C’était celui d’avoir embrassé sa personnalité telle qu’elle était : primesautière et lascive. Que cela n’en plaise à cette femme ébranlée par cette (in)fidélité, son idéal amant n’avait jamais été qu’une lubie rêvée par la plus naïve des pupilles. Une pupille incapable d’analyser et de comprendre la complexité de l’homme à qui elle tendait la main. Une main qui avait accepté le luxe de l’alliance sertie d’une kunzite violacée. Si elle avait été attentive aux signaux, elle aurait déjà su. Dans l’ésotérisme, on prétend que la kunzite guérit les chagrins d’amour. « Il a toujours su. Il lui a toujours dit. Il a toujours été transparent. Cette alliance porte la marque des blessures futures. Je ne vois ici que de l’honnêteté. » Une honnêteté lancinante, certes, mais une honnêteté explicite. « Il me semble évident qu’il recommencera. Qui sommes-nous pour lui interdire d’épouser sa curiosité, son désir d’aventures et sa fougue? Nous sommes humains… » – du moins, je l’étais avant que tu ne jettes ton dévolu sur moi – « … Nous sommes façonnés par nos failles. Si demain, vous souhaitiez embrasser la folie et partir en mer au milieu de marins d’expérience. Avec le désir ardent que caresse votre visage, la brise saline des océans, vous seriez pantois si une force supérieure vous privait de cette extase... » C’était mon rêve. Celui que tu as arraché de mes mains tel le Kraken arrache les figures de proue des navires pour les ajouter à sa bibliothèque. « Vous êtes cette force supérieure, votre Honneur. »
Un regard de dédain dans ta direction m’échappa. Je me devais de prêcher pour le repentir de cet homme qui avait failli à tes charmes comme je l’avais fait, pourtant je ne parvenais pas à oublier cette geôle que tu m’avais forcée d’un coup de poing herculéen à la gorge. Ma voix s’était étouffée par le choc et jamais plus elle n’avait pu hurler à la liberté de me reprendre. « À qui va le blâme, lorsqu’une personne suit sa nature? À une femme qui n’a pas su interpréter les signaux? À un homme qui gueulait de le libérer de la prison de la monogamie? À une amante joueuse qui exploite les failles des uns pour s’amuser du chagrin des unes? » Ce n’est pas sa faute s’il a croisé ta route. Lui, déjà sensible, déjà vulnérable, déjà affaibli par des années à se mentir à lui-même, ne pouvait résister à la tendresse des courants marins. Tu étais vile. Tu empruntais le visage des courants marins bienveillants, pour mieux faire couler ta proie dans le gyre que tu es.
« Non coupable. C’est ce qu’il est. Vous ne cautionnez ni l’infidélité ni ne banalisez la rupture des pactes sacrés en le disculpant. Vous cautionnez l’authenticité et la curiosité, celle que l’on envie aux enfants. Vous cautionnez l’individualité et sa singularité… » dis-je avec autant de prestance que mon apparence me permettait d’en avoir. De ma paume écaillée et blanchie par le sel, je cachai mes lèvres bleuies par le froid de tes flots : « … Et vous punissez celle qui nous colle les pieds sur terre et nous empêche d’explorer les horizons et les limites du monde. » sifflais-je avec amertume, espérant que nul n’entende la hargne et la rancœur que je t’adressais. Toi, je savais que tu entendrais : le vent t’apportait le moindre déchet, sans prendre le temps de se demander s’il ne risquait pas de t’abimer par cet acte. Nul ne pouvait imaginer le nombre de secrets ainsi portés que tu cachais dans tes abîmes. Comme si tu eus porté une robe victorienne des plus bouffantes, tu cachais tout en tes jupons, en ton lit, attendant d’asperger de ta puissance et de ta jalousie le moindre réfractaire à ta toute-puissance. Était-ce là ce que tu avais fait pour cet homme? L’incompréhension dans son regard trahissait bien qu’on l’avait exploité. Avait-il confié au Sirroco les menottes qui le liaient à ses vœux? Le Sirroco l’avait-il envoûté par sa chaleur, avant de te rapporter, agelaste et sec, la confidence et la faiblesse de cet homme? Et toi, avais-tu estimé qu’elle était tienne?
Par un verdict de culpabilité, tu gagnais. Prenant, une nouvelle fois, un homme qui ne t’avait rien demandé et brisant le cœur d’une femme. Et si résonnait de la voix du juge le mot « non-coupable », tu brisais le cœur d’une femme, mais tu ne privais pas un homme de son repentir, tu ne l’incriminais pas d’avoir brandi le fanion de sa liberté. Mais moi, je gagnais. Pour une fois, toi, cruelle rivale, tu ne ferais pas de vague. Tu voulais tant que l’on me craigne, que je sois un fantôme qui arpente ton corps, que ma légende soit celle des malheurs des naufrages… pourtant, aujourd’hui, j’étais la miséricorde, j’étais l’ange, j’étais le ciel. Je me dérobais à ton interminable étreinte, je n’étais plus l’écume qui effleurait tes rivages sans pouvoir m’en aller, j’étais le reflet de la lumière sur ta sombre robe. De toutes mes dents devenues coquillages par ta malédiction, je souriais de satisfaction, espérant te retourner ton sourire narquois. « Sa culpabilité n’apportera que le chagrin à deux humains. Son épouse, aussi naïve soit-elle, pleurera toujours ce qu’elle voit comme une trahison. Et lui pleurera l’incompréhension du monde vis-à-vis de sa nature, il se sentira rejeté, il sentira qu’il n’y a aucun lieu où il puisse vivre sa vie en respectant ce que lui insufflent ses valeurs. Ni la mer ni la terre ne seraient lieux pour lui… Que resterait-il? Le ciel? Si cela est votre jugement, alors votre soi-disant déontologie me semble peu humaine, votre Honneur. » Je jetai un regard vers cette harpie qui incitait le juge à condamner l’homme pour son pseudo-crime, puis je te regardai dans l’audience. Était-ce toi qui l’avais ainsi perchée sur l’épaule gauche de ce juge? Était-ce toi qui avais choisi mon opposant? Était-ce encore l’un de tes complots pour que je comprenne que ma vision de la liberté n’avait lieu d’exister en ce monde? Je le regardai, Lui, le regard vide, comme s’il eut déjà été entre deux mondes. Je le regardai vagabonder, tentant de comprendre comment un monde juste pouvait le déshonorer de l’homme qu’il aspirait à être. « Je te sauverai… » lui chuchotais-je. Et je te vis te braquer. Je te vis t’écouler des yeux de ses proches. Eux n’avaient pas la capacité de voir que je veillais sur celui qu’ils aimaient, j’étais toujours un fantôme. Maudite sois-tu.
(c) Snow
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Sayo Mochizuki
Re: The Otherlands & Kobe Replikaï School
Dim 16 Juin - 23:57
- Spoiler:
- Coucou ! J’accepte les commentaires, longs ou courts et la lecture de mon épreuve ! Des bisous et bonne lecture !
« Je le jure... »
Trémolo dans la voix, échos douloureux à ses larmes, l’épouse désillusionnée fait peine à voir. Le cœur serré, Sayo l’observe, se demandant si le ruissellement de ses joues toucherait seulement l’âme de celui à sa droite. Déjà, il semble fatigué, et ce n’est là que le début du procès. Peut-être manque-t-elle d’objectivité, car l’histoire, toujours, se répète et ses propres blessures ne sont pas encore tout à fait cicatrisées. Ainsi, à la femme éplorée, sans peine, elle s’identifie et souffre par avance des décisions du froid jury. Attentive est l’amante. Elle attend, souriante, que sa proie prise dans ses filets lui soit donnée. Surement était-elle persuadé qu’à cet instant, aucun mariage ne pourrait être sauvé. Sayo l’observe, amère. Qui est-elle pour se permettre de se glisser ainsi entre un homme et sa femme, l’attirer si loin sur les pentes de l’adultère ? Et celui-ci, combien d’autres secrets aurait-il pu lui dissimuler ? La passion aurait pu être sauvée, mais il a préféré l'enterrer avec la confiance et la fidélité. Convaincue que discuter des effets émotionnels de l'embrasement des désirs ne suffiraient pas à faire fondre les cœurs de glaces, qu'à cela ne tienne, elle taira ses propres élans sentimentaux.
« Votre honneur, tolérer un tel comportement serait comme valider l’infidélité et banaliser les pactes sacrés. »
Juste un souffle à son oreille. Si belle fut l’âme de l’océan, le marin n’en a pas moins délibérément rompu ses engagements. Cette histoire ne vaut pas de faire couler tant d’encre. Que la sanction soit prise, le divorce prononcé et de nouvelles destructions de foyer, évitées. Elle est curieuse, Sayo. Combien parmi les spectateurs attendent de savoir s’il sera pardonné ? Une faute en est-elle toujours une lorsqu’il n’y a aucune répercussion ? Un engagement devant les hommes et les dieux peut-il réellement être brisé pour un caprice ? Et voilà l’accusé qui demande à être pardonné. Encore. Mais une erreur répétée n’est plus pardonnable. Les excuses perdent de leur valeur lorsque les actions ne changent pas. Et si la leçon n’est pas apprise la première fois, quand elle le sera ? Des mots vides de sens ne dissipent pas la douleur ni ne restaurent la confiance brisée.
« Il persiste à dire qu’il l’aime, mais n’a t-il pas promis à l’autre qu’il s’en séparerait ? Quelqu’un cherchant à se reconstruire ne peut rester avec une telle girouette. Qui sait quand il lui recommencera ? Il fait d’un geste discutable une habitude. »
Elle le sait, Sayo, qu’elle ne devrait pas juger autant, qu’elle devrait se montrer plus ouverte et essayer de comprendre. Mais elle ne peut pas, n’y arrive pas. Elle-même n’ose même plus se lancer dans de telles aventures de peur d’être déçue. Son avenir entre les mains, elle aimerait croire, elle veut croire sans le pouvoir qu’un lendemain radieux s’offre à elle. Qu’à son doigt l’alliance soit glissée et pas celle que l’on porte après une union arrangée. Non. Ce serait pire encore qu’un mariage placé sous le signe du chaos. Peut-être, peut-être pas, selon qui regarde. Elle, en tout cas, refuse que ce choix lui soit retiré. La gorge serrée, la lame de Damoclès effleurant sa nuque, elle murmure non sans lever les yeux vers sa libertine opposante :
« Nos désirs de liberté ne devraient pas empiéter sur celle des autres… Quitte à vouloir laisser parler les pulsions intimes, autant autoriser la violence et le crime ! Et ainsi exposer les innocents à une souffrance continue. »
Plus sèche, plus sévère qu’elle ne l’aurait souhaité, Sayo se mord la lèvre. Voilà maintenant qu’elle part dans les extrêmes. Secouant la tête, elle se reprend en soupirant :
« N’en doutez pas, votre Honneur, c’est vous qui empêcher les uns d’écraser les autres… La justice est impartiale et équitable. Il est essentiel de maintenir cette équité… »
Au moins, n’est-elle pas seule à perdre son calme. Il est difficile de rester neutre quand le pêcheur s’enfonce encore. A tant vouloir la femme, l’amante et l’horizon à perte de vue, il finira sans rien. La femme, les yeux encore gonflés serre un mouchoir entre ses mains tremblantes, à coup sûr en cet instant, elle se sent comme nulle-puissance. Qui est-il pour imposer pareils tourments ?
« La nature d’un homme ne devrait pas le contraindre à la trahison. S’il avait vraiment voulu se montrer honnête envers celle qu’il dit aimé, il n’en serait pas caché et lui aurait proposé la polygamie plutôt qu’un simple mariage voué à échouer. Il est coupable… Et vous le savez. Il n’est plus un enfant irresponsable de ses actes. Quel modèle serait-il pour les yeux des tout-petits ? Sans une ligne de conduite claire et des répercussions tangibles, il est impossible de décourager des actions similaires à l’avenir. »
Le regard tendre et désolé, elle fixe la bafouée.
« Permettez au moins à son épouse de pouvoir tourner une mauvaise page de sa vie et trouver l’homme qui ne lui fera pas défaut. Quant à l’autre, qu’il élargisse ses horizons s’il le souhaite, mais qu’il ne puisse plus jamais poser un pied dans son foyer. »
Jugée douce d’ordinaire, cette fois, elle se fait l’effet d’un tyran, un démon attendant d’en voir un autre sombrer plus bas. Amère et fielleuse, véhémente dans ses propos, ça ne lui fait pas moins mal pourtant de suggérer :
« Qu’il soit châtié… »
La cour va délibérer et ses membres quittent l’assemblée. Le silence dans la salle se fait pesant. Envahissant. Les murmures se taisent enfin, chacun retenant son souffle, les regards se tournant vers l’accusé, grave et stressé ; l’épouse, crispée et défaite ; et l’amante, souriante et confiante. Entre attente, inquiétude, lassitude, l’air lui-même est immobile. Les délibérations commencent, de même qu’un long face à face entre esprit du bien et du mal. Plus aucun mot n’est échangé. Tout a déjà été dit. Les portes s’ouvrent à nouveau, le juge fait son entrée, l’appréhension monte d’un cran. Et tous sont suspendu à ses lèvres quand il annonce :
« Après délibération, le jury a rendu son verdict et la cour vous déclare… »
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