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Erika [SnKR]
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Erika [SnKR]

Épreuve 5 – Erika [Shingeki no Kyojin Rebirth/Titan Quest] Empty Épreuve 5 – Erika [Shingeki no Kyojin Rebirth/Titan Quest]

Mar 16 Juil - 12:30
Erika Niebieski

Rappel de l'intitulé:

Présentation du personnage:


Le texte fait 2200 mots.
TW : Grossièretés, violences psychologiques et physiques (pas de gore, mais ça reste explicite), détresse psychologique.




Peut-être s’en était-il écoulé quatre ou cinq, des heures ou des minutes. Perdue elle ne savait où – peut-être tout simplement dans son esprit – Erika errait. Non seulement déconnectée de la notion du temps, elle avait également abandonné l’idée de comprendre au fur et à mesure que sa volonté de sortir d’ici s’était éteinte. Alors, elle s’était résolue à se laisser porter, décision miroir de sa vie dépourvue d’ambition. Tant que la vie s’écoule à ses côtés en la laissant en paix.

Elle finit par trouver quelque chose dans ce nulle part. Un fin voile suspendu dans le vide attira son regard, ondulant gracieusement sans un souffle de vent. Elle approcha à pas lent, seulement pour contempler son double. Le sourire de celui-ci suffit à convaincre la jeune femme qu’il ne s’agissait pas de son reflet. Et plus elle fixait cette autre, plus elle semblait en tout point différente : même peau pâle mais empreinte de crasse, cheveux ternes et emmêlés, vêtements certes fonctionnels mais sales et usés. Une lueur d’incompréhension alluma le visage d’Erika. Et ça, son alter ego le perçut tout de suite.


- Tu veux savoir n’est-ce pas ?


Un simple clignement de paupières : la brune ne réagit pas.

- Qu’est-ce que tu serais devenue, si t’avais suivi Axel ?

Une inspiration. Les battements de son cœur accélérèrent brusquement.

- Allez. Je sais que tu en meurs d’envie !

L’Autre attrapa fermement le bras de la soldate et tira son corps figé vers elle.

Une maison typique de la Cité Souterraine se matérialisa au-delà du voile : sol en terre battue, quelques bougies peinant à réchauffer la pièce. L’obscurité quelle que soit l’heure de la journée. Les bruits. L’odeur. Elle s’était jurée de ne jamais mettre les pieds dans cet endroit, même si on lui en donnait l’ordre. Eri fut secouée d’une nausée tandis que l’angoisse venait se nicher dans le creux de son ventre.

Son frère était là. Penché sur divers papiers égayés sur une table en bois vermoulu, il ne lui accorda pas un regard. Était-ce vraiment à cela qu’il ressemblait, alors qu’elle ne l’avait pas vu depuis ses neuf ou dix ans, ou son apparence était juste une projection de son imagination ? Après tout, elle ne savait même pas s’il était toujours en vie.

Elle n’avait rien à lui dire. Elle avait passé les quinze dernières années à apprendre à vivre sans lui. Elle croyait avoir réussi à surmonter son absence en ne cultivant rien que de l’indifférence à son égard. Force est de constater qu’elle avait tort. Erika retenait son souffle, tétanisée. Ce fut lui qui brisa le silence, détournant pas la même occasion le regard moqueur de l’Autre.

- C’est bon, j’ai leur planque. Demain, on leur règle leur compte.

Sa sœur de sang et d’armes se laissa tomber sur une chaise, croisant les bras et les jambes.

- T’es sûr de toi ? Si t’avais pas refroidi leur larbin, on aurait eu plus d’infos.

- J’en ai rien à foutre. Ce connard le méritait. Il devait s’y attendre en s’en prenant à toi. Je vais pas perdre mon temps avec ce genre de mec.

Elle roula des yeux tandis qu’il ramassait ses papiers.

- Je suis pas en sucre. Je sais me défendre.

Il haussa simplement les sourcils avant de quitter la pièce. Erika se vit adresser un immense sourire par la jeune femme face à elle.

- Tu vois ? Il est là le grand frère attentionné ! Elle sortit une lame et commença à la faire tourner entre ses doigts. La soldate inspira et planta son regard dans le sien.

- Je ne suis pas une meurtrière. Tu me feras pas regretter ça.

- Oh vraiment ? Parce que t’as choisi un chemin plus honorable peut-être ? Elle se leva. T’es qu’une lâche, une planquée qui se la coule douce dans le Centre, au milieu de riches et des corrompus pendant que les autres triment à en crever ! Ils ont rien fait pour nous j’te rappelle. Erika détourna les yeux et se dirigea vers la porte. Je refuse de baisser la tête. Ils auront pas ma pitié. Et je veux la pitié de personne.

La main sur la poignée, la cheffe d’escouade jeta un dernier regard à son alter ego. Elle savait maintenant. Plus besoin de rester ici. Cette variable n’avait rien d’enviable.

- À moi, tu me fais pitié.

Le visage de l’autre se crispa de fureur. Elle se connaissait, elle savait pertinemment qu’elle avait touché un point sensible.

Passer la porte ne suffit pas à la faire revenir à son point de départ, ni même dans le monde réel. Eri s’éloigna d’un pas rapide, accélérant progressivement la cadence. Parcourant les rues hostiles de la Cité Souterraine, il lui sembla soudain que tous les yeux étaient tournés vers elle. Le cœur battant, n’entendant que sa propre respiration haletante, elle eut l’impression qu’on la chargeait du poids du jugement de chaque personne qu’elle croisait. La brune se mit à courir sans même s’en rendre compte, prise d’une nouvelle vague de terreur. Son regard finit par accrocher un nouveau voile nacré. Elle n’hésita pas et plongea dedans.


***

Erika atterrit le nez dans le foin. Elle prit quelques minutes pour reprendre son souffle, se délectant quelques instants de la douce odeur de la paille fraîche. Elle se redressa finalement et observa la grange dans laquelle elle se trouvait. Si celle-ci paraissait tout à fait ordinaire, la jeune femme savait d’emblée que son arrivée ici n’était pas due au hasard. Elle se trouvait dans la ferme de sa famille adoptive. Et comme pour appuyer son raisonnement, elle fut rejointe par un nouveau double.

Si cette dernière fut surprise de la voir, elle ne le montra pas. Le regard vide, elle se contenta de la scruter de haut en bas avant d’attraper sa fourche pour remplir une brouette de foin.


- Si tu as besoin de boire un verre d’eau, j’imagine que tu sais où en trouver. Lâcha-t-elle laconiquement.

La soldate hocha machinalement la tête. Cette version-ci semblait moins bavarde que la précédente, ce qui n’était pas plus mal. Eri s’autorisa à se détendre. Si elle était là à travailler à la ferme, c’est qu’elle avait sans doute affaire à un double n’ayant jamais rejoint l’armée. Et qu’elle n’avait jamais réussi à surmonter cette phase de vide qu’elle remplissait par un travail purement physique qui la dispensait de penser.

Sa tâche achevée, la paysanne quitta la grange avec son chargement. Sans un mot. Sans un regard. Erika la suivit jusqu’à la porte pour contempler, pensive, sa propre silhouette s’éloigner dans la campagne. Elle aurait pu apprécier ce calme s’il n’était pas emprunt de tant de tristesse et de monotonie.

Un craquement brisa cette sérénité. La brune se retourna pour se prendre une vague d’angoisse en pleine face.

L’Autre l’avait suivit.


- Tu veux parler de pitié ?


Couteau en main. Sourire carnassier.

- Non mais regarde-toi. Tu vaux pas mieux que cette coquille vide. Elle désigna leur alter ego, au loin, du menton. La seule différence c’est que toi, tu fais semblant. Tu te moques. Tu râles pour un rien. Tu te vexes pour des bêtises. C’est juste un masque pour prétendre que tout va bien. Pour pas qu’on te prenne en pitié.

Le besoin urgent de ne pas poursuivre cette conversation prit finalement le dessus sur la peur et la soldate fit volte-face pour reprendre une course effrénée. Mais l’Autre la saisit par le dos de sa veste pour la plaquer contre elle, faisant glisser le plat de sa lame contre sa gorge.

- Pas besoin de me montrer à quel point t’es douée pour fuir. Laisse-moi finir, tu veux ? Il serait pas temps de regarder les choses en face ? Tu fuis le passé, oh et puis tu fuis les autres aussi. Pauvre petite Erika qui ne veut pas d’amis !

- Ta gueule.

Il fallait que ça cesse.

Crispée, les ongles plantés dans le bras qui la maintenait prisonnière, le jeune femme suffoquait, le cœur au bord de l’explosion. Tout ça n’était que le fruit de son esprit, elle en était persuadée.

Il fallait que ça cesse.


- Les fermiers, tu t’en sers juste pour faire croire que t’as une famille normale, hein ? Ah, et le Toutou de Brigades, là, il t’aide juste à passer le temps !

Ses murmures dans le creux de son oreille la faisait frissonner de dégoût.

Il fallait que ça cesse.


- Au fond, on est pareil. Tu dis que t’es pas une meurtrière, mais c’est pas par altruisme ou noblesse d’âme. Volkov t’a bien cernée. Tu t’en fous des gens. Tu t’en fous de l’humanité. Et moi, ça, j’assume, tu vois.

- Ta gueule !

Il fallait que ça cesse.

Erika rassembla ses forces pour, l’espace d’un instant, écarter la lame de sa gorge. Projetant sa tête violemment en arrière, son crâne heurta le visage de l’Autre, la faisant tituber. Profitant de l’occasion, elle saisit la fourche posée contre le mur pour asséner un coup de manche au creux de l’estomac de son adversaire. Cette dernière s’effondra dans un grognement de douleur. La soldate lui écrasa brutalement la main, lui donnant accès au couteau qu’elle attrapa.

Elle se jeta sur son double, chacun de ses muscles tendus.


- Ta gueule !


Crier à s’en déchirer les cordes vocales.

- Ferme-la !

Le visage figé en une grimace nauséeuse de rage et de désespoir, Erika abattit son arme. Une fois. Deux fois. Trois fois. Son double éclata de rire. Elle la regarda presque avec tendresse, tandis qu’elle effleura des doigts doucement sa joue.

- Tu vois. Ça fait du bien.

Un ultime sourire. Avant d’Eri ne la fasse définitivement taire.


Le silence qui suivit fut vertigineux. La jeune femme contempla quelques instants son propre corps inerte. Elle hoqueta, voulu se relever mais perdit l’équilibre tant elle tremblait. Elle recula piteusement, sanglotante, les yeux écarquillés.

- C’est pas réel, c’est pas réel, c’est pas réel…

Elle acheva sa litanie à quatre pattes, la tête entre les mains, le front contre le sol.

Pleura.
Hurla.

Il fallait que ça cesse.


***

Une brise légère vint agiter ses cheveux, suivi d’un doux parfum floral. Ses cris s’étaient éteints, ses larmes s’étaient taries. Depuis combien de temps était-elle là ? Jamais elle ne s’était jamais sentie aussi vidée d’énergie.

Erika releva lentement la tête. Elle contempla de nouveau un voile, duquel s’échappait les rayons d’un soleil printanier, accompagnés de quelques notes d’une mélodie fredonnée. La brune se redressa mécaniquement et parcourut les six mètres qui la séparaient du passage, comme hypnotisée.

Elle rentra « chez elle ». Dans la maison de ses parents, à Sina. Dans sa chambre d’enfant, sous les toits. Face à une Erika qui lui tournait le dos, chantonnant. Assise à un bureau sous la fenêtre ouverte, ses mouvements et les fleurs séchées posées à ses côtés trahissaient son activité.

- Eh bien, quelle agitation !

La soldate sursauta presque. Maculée de terre, de sang et de sueur, elle avait l’impression de faire tâche dans cet environnement si doux.

- Ne t’inquiète. Profites-en pour te reposer, tant que tu es là. Papa rentre tout à l’heure. Il m’a dit qu’il tenterait de faire un clafoutis aux cerises. A mon avis, il n’est pas prêt d’égaler celui de Marianne !

Elle se mordit la lèvre. Qu’avait-elle fait parvenir à cette vie si paisible ? Qu’avait-elle vu, perçu, qui aurait pu éviter de rompre l’équilibre de sa famille ? Quel choix, qu’elle avait été la bonne réponse ? Épuisée, Erika s’abandonna à cette tranquillité, cette atmosphère qui lui avait tant manqué. Elle laissa échappé un soupire rieur en entendant le nom de sa nourrice.

- C’est toi, Axou ? J’ai presque fini… Son nouvel alter ego se retourna, plein d’entrain, avant de se figer à la vue de son double. Une couronne de fleurs quasiment achevée dans la main gauche. La main droite posée sur son ventre rond de sept ou huit mois. Ce n’était pas à la cheffe d’escouade qu’elle parlait.

- On dirait que tu en as bavé. Murmura-t-elle doucement, après une poignée de secondes de silence. Erika hésita avant d’acquiescer.

- Tu as l’air heureuse. Répondit-elle simplement. Mal à l’aise. Décontenancée. Presque déçue. Alors c’était ça, le secret de son bonheur ? Se marier, fonder une famille ? Tout ce qu’on attendait d’une femme. C’était d’une banalité… Certes, elle en avait rêvé, petite fille. Mais c’était si loin de ses aspirations actuelles ! Bien qu’elle n’en ait pas vraiment, d’aspirations.

- C’est peut-être pas très ambitieux, j’en conviens. Haussement d’épaule. C’est simple. Mais c’est tout ce dont j’ai besoin.

Eri hocha la tête, pensive. Une vie simple et confortable. Ce pourquoi elle avait signé pour les Brigades Spéciales. La réalité avait été toute autre.

- Est-ce que… La question lui brûlait les lèvres. Mais c’était comme si la prononcer donnait vie aux mots qu’elle contenait. À cette angoisse. Est-ce que je deviens folle ?

Pourquoi interroger son double ? Reconnaissait-elle que les réponses se trouvaient au fond d’elle-même ? Elle se sentait presque ridicule. Pourtant, sans doute qu’il y avait du bon à s’écouter.

- Peut-être que tu peux choisir.
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