Titan Quest

- Maman ! Maman ! Faut te réveiller ! On va être en retard à la Kermesse de l’école ! Allez maman ! Trévor nous attend !

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Lisbeth se trouva allongée sur son lit. Cette voix, elle ne la reconnaissait pas du tout…Se redressant, Lisbeth tourna la tête et cligna plusieurs fois des yeux lorsque son regard se posa sur deux adorables enfants. La première ressemblait à Esmée, c’était une certitude… Cependant, la deuxième ne ressemblait pas à Lalie… Penchant un peu la tête sur la droite, la jeune maman se frotta les yeux et regarda de nouveau l’enfant en face d’elle… Un prénom apparut dans son esprit, cela ne pouvait être possible... N’est-ce pas ?

- La..Laeila ?

La jeune fille sembla un peu perplexe, pourquoi sa mère la regardait avec autant d’émotions dans les yeux ?

- Oui ? Qu’est-ce qu’il y a maman ?

Une larme coula le long de sa joue, tandis qu’avec automatisme, la borgne se leva et alla serrer son enfant disparu dans les bras. Cachant sa tête contre sa nuque, la jeune maman laissa parler sa joie et sa profonde tristesse. Elle était vivante, elle était si belle, si souriante, si lumineuse. Elle l’avait souvent imaginé, à quoi ressemblerait-elle si elle était vivante, eh bien la réalité était encore bien meilleure.

- Maman, tu vas tremper mes vêtements… On doit partir dans dix minutes… Et tu n’es même pas prête !

Se faisant tirer légèrement les joues, Lisbeth ne put s’empêcher de rire et d’embrasser une nouvelle fois le front de son enfant. Elle était resplendissante, telle une fleur illuminée par les rayons du soleil. Finissant par suivre Esmée et Laeila, Lisbeth descendit les escaliers de sa maison… Était-ce un rêve ? Cela n’était pas possible…Si ? Lorsqu’elles arrivèrent toutes les trois en bas, un jeune garçon les attendait devant la porte de la maison, bras croisés et sourcil froncé. Tapant du pied, le jeune garçon ne semblait pas du tout content.

- Maman ! Tu peux faire la grasse matinée quand tu veux, mais pas aujourd’hui ! Je suis prêt depuis quatre minutes !

Qui était donc ce jeune garçon ? S'agit-il de Trévor ? En voyant sa taille, il devait être le petit dernier. Lâchant les mains de ses filles, Lisbeth s’accroupit et posa une main sur celle de son petit dernier.

- Je suis désolé, Trévor, je vais aller me préparer, j’en ai pour cinq minutes, d’accord ? Après, on file dans la voiture.

Embrassant le front de son petit garçon qui semblait faire la moue, Lisbeth ne put s’empêcher de rire devant ce visage si adorable.

Se dépêchant de se préparer, elle revint comme convenu, Esmée tenant dans sa main un petit sac en papier. Lui expliquant qu’elle lui avait préparé le petit-déjeuner, Lisbeth ne put qu’être émue face à tant de bonheur et de joie. Remerciant son enfant avec un ébouriffage de cheveux en règles, elle entraîna la petite meute jusqu’à la voiture, direction l’école.

Lisbeth ne savait pas vraiment pourquoi, mais le chemin pour aller à l’école de son petit garçon fut assez simple… Comme si cela était totalement naturel… Haussant les épaules, elle ne s’en fit pas plus que cela, se disant que si cela était un rêve, elle aimerait en profiter jusqu’au bout, même si cela ne durait que neuf minutes.

Durant le trajet, la petite famille profita de ce moment pour jouer aux jeux des cinq différences, mais également pour chanter toutes les chansons bien entêtantes de Disney. Lisbeth rigolait comme jamais, elle se sentait si bien, si à l’aise, comme si elle avait toujours vécu cette vie. Regardant dans le rétroviseur, ses deux filles se chamaillaient un peu, parlant d’un jeune garçon de leur lycée…Son fils quant à lui, regardait par la fenêtre de la voiture et comptait le nombre de voitures rouges qu’il voyait. Un petit sourire niait se dessina sur le visage de l’Irlandaise, son cœur battant à un rythme irrégulier.

Lorsqu’ils arrivèrent finalement devant l’école, Trévor se dépêcha de sortir de la voiture, venant prendre la main de Lisbeth pour la tirer derrière lui, une grande impatience se lisait sur son visage.

- Vite maman !

Rigolant un peu devant son empressement, elle fit signe à ses filles de la suivre, fermant la porte de la voiture derrière elle. Lorsqu’ils arrivèrent finalement dans la cour, six maîtresses étaient en train de faire l’appel. L’une de ses enseignantes se tourna vers eux et fit signe à Trévor de les rejoindre, pointant la montre du doigt.

- Oups, je vais me faire fâcher… Maman, va t'asseoir là-bas ! J’ai réservé des places de choix pour vous trois ! À tout à l’heure ! Je t’aime Moman !

Tirant sur la main de Lisbeth, qui se pencha, il déposa un petit bisou sur sa joue, avant de rire un peu et de courir vers la maîtresse qui semblait vraiment impatiente.

- On va s'asseoir maman ?

Laeila prit la main de sa mère dans la sienne, puis la guida vers l’endroit que son frère avait indiqué. Un sourire lumineux était inscrit sur les lèvres de la borgne, voyant son fils s'amuser avec les autres enfants de son âge.

Le spectacle commença alors, huit enfants commencèrent à chanter en fond, tandis que devant eux, une scène bien intrigante se déroulait. Rire, peur, tristesse, sourire, voilà ce qui résuma ce spectacle mélangeant chant, danse et théâtre.

Lorsque le spectacle se termina finalement, toute la petite famille applaudit, souriant doucement face à la scène. Applaudissant à tout rompre, elle encouragea les enfants, mais surtout son fils, qui avait des étoiles dans les yeux.

Par la suite, les jeux commencèrent pour les familles. Lisbeth faisait les tours des stands avec ses enfants, rigolant quand Esmée n’arrivait pas à toucher les ballons, narguant Laeila lorsqu’elle touchait les quilles, gonflant les joues quand son fils gagna la course d’orientation. Pendant ces quelques instants, Lisbeth était au paradis…

Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin. Durant un des jeux, le cœur de Lisbeth commença à lui faire mal, sa tête tournait, n'arrivait plus à distinguer les contours, tout devenait de plus en plus flou.

- Maman ! Maman ! Esmée, Trévor ! Maman ne va pas bien ! Je..Je fais quoi ?

- ça va aller ma puce, maman à juste besoin de…de…de repos…

Se dirigeant vers une chaise, soutenue par sa fille, Lisbeth n’atteignit pas la chaise, car elle s’écroula avant. Le souffle rapide mais surtout court, elle avait du mal à respirer. Cherchant la main de sa fille, elle sentit six mains se poser sur elle. Des larmes se faisaient entendre, des cris, des inquiétudes…Tournant la tête, Lisbeth regarda une dernière fois ses trois enfants…Sa fille qu’elle n’avait jamais connue… Son fils qu’elle n’a jamais eu… Sa deuxième fille si rayonnante, mais qui avait le visage recouvert de larmes.

- Mes enfants…Je.. Vous aimes de tout mon coeur…Vous êtes parfaits..J’ai eu de la chance de vous avoir…Et surtout d’avoir pu passer du temps avec toi Laeila…

Puis le noir, le néant. Une lumière apparut après quelques secondes. Lorsque ses yeux s'adaptent à la lumière ambiante, la jeune mère de famille se retrouva devant sept personnes…Des versions totalement différentes d’elles.

- Bonjour Lisbeth, nous sommes toi… Dans des univers différents. Tu as pu vivre aujourd’hui la vie d’une version de toi, dans un univers où elle n’a pas perdu son premier enfant. Chacune d’entre nous avons vécu une version différente de ta vie… Moi, j’ai perdu mes deux enfants dans un accident de voiture. Elle a perdu la vue pour sauver un enfant d’un incendie. Elle, elle a été abandonnée par sa famille, abandonnée par tout le monde, personne ne voulait d’elle, finissant par devenir la plus grande méchante de Paris...

Montrant chaque version d’elle-même, Lisbeth écouta avec attention, son visage passant de tristesse à la joie. S’avançant doucement, celle qui avait pris la parole posa une main sur l’épaule de la borgne, qui avait l’air complètement perdu.

- Tu as le choix Lisbeth, de l’univers 18, aimerais-tu vivre la vie que tu viens de vivre ? Où veux-tu retourner auprès des tiens ?

Un silence, puis aucun bruit, des mouvements de bouche, un hochement de tête, un sourire triste. La Lisbeth qui avait pris la parole se décala, laissant ainsi passer la borgne qui regarda une à une ses versions d’elle…Il existait tellement de choix, tellement de possibilité pourtant… Elle avait fait son choix, car, même si elle avait apprécié cet instant, rien ne pouvait remplacer ce qu’elle avait construit, ce qu’elle avait vécu… Après tout, qui s’occuperait d’Esmée et de Lalie si elle n’était plus là ? Qui écouteraient les déboires des étudiants ? Qui aideraient les personnes qui en ont le plus besoin ?

Sans regarder en arrière, Lisbeth s’arrêta devant le miroir, puis le traversa, un sourire sur son visage. Elle était paisible…Sa vie, elle l’a choisie, elle l’a construite…Elle ne l’échangerait pour rien au monde.

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Évidemment j'accepte commentaire et lecture tout ça tout ça <3