Tristan - 'Got mixed feelings about everything (terminée)

Tristan est né à Paris le 15 janvier 1996 avec toute la banalité du monde. Français sans grand exotisme, il n'a longtemps connu que Paris et n'a jamais eu à répondre d'une histoire longue et détaillée pour illustrer un passé ponctué d'une multitude d'origines. Ses parents, Colombe et Côme Renard, tout deux médecins et confortablement installés depuis plusieurs années dans la capitale, l'ont néanmoins accueilli au sein de leur foyer en tant que fils unique, avec toutes les attentes que l'on peut faire reposer sur les épaules d'un enfant issu d'un milieu plutôt aisé. Chez les Renard cependant, la rigueur est de mise.

Il faut apprendre vite avec eux. Entendre vite. Comprendre vite. Parler vite.
Et si tel n'est pas le cas, alors on force ; on s'en donne les moyens pour éviter de rester médiocre et gravir les échelons.
Il n'y a pas le temps dans cette famille, comprenez-le.

Aussi, n'a-t-il jamais été particulièrement patient lui-même...Pas même en 2024.

Au collège, les premiers problèmes débarquent ; première note mitigée, premier cours particulier pour rattraper ce qui pourrait être une lacune, dans le futur. Bon élève parce qu'on lui en a donné les moyens, c'est encore un enfant rêveur et agité. Et ce n'est pas le trac d'un petit devoir d'histoire et l'algorithme de maths qui le motive, mais bien ses cours d'athlétisme ainsi que les minutes de répit à exécuter ses premières recettes chez lui. C'est son havre de paix, avec les Buttes Chaumont où il flâne déjà sans cesse avec Adam, son meilleur ami.

Arrivé au lycée, les choses changent drastiquement cependant. Naguère adolescent agréable, il se prend à faire entendre parler de lui, à s'affirmer et surtout, à ce que chacun de ces lycéens entendent sa voix dès le début de l'année. Des résultats excellents, un comportement a priori irréprochable et une place au sein de la radio et des podcasts de l'établissement font de lui l'une de ces têtes populaires, quoique contestées parmi les élèves. Toujours fourgué avec Adam et d'autres anciens amis moins scrupuleux et plus vicieux en leur genre, il n'est pas au premier plan mais n'a jamais freiné le groupe lorsque l'envie leur prenaient l'envie de torturer une malheureuse âme perdue. Ô, il a eu son lot de mauvais tours : quand on est le média de choix des ragots du lycée et que votre meilleur ami est une crapule intelligente du bahut, on tient tête et on rappelle, on plonge le petit nez d'Adam dans ses bêtises et ses responsabilités assez crûment pour se montrer convaincant, mais il existe bien des exceptions, des égos brisés et des crasses amplifiées qui, après réflexion, n'ont pas dû simplifier la vie et la fin d'adolescence d'un petit nombre de parisiens et de parisiennes...

Il est bien une histoire à se remémorer néanmoins. Et lui, il se rappelle, oui, de la jeune fille qu'Adam a voulu nuire juste parce qu'il n'aimait pas l'attention qu'elle attirait sur elle, et de la demande qu'il lui avait faite pour faire passer une fausse rumeur à son égard et la décrédibiliser pour de bon... Autant qu'il se remémore la gueule qu'il a tiré quand Tristan avait fini par en minimiser la portée.
Par pure conscience de dernière minute...

Et pour autant, ça n'a pas changé leur dynamique ; le groupe fait toujours des conneries. Tristan soupire et juge. Puis parfois, il dissimule les preuves avec une froideur qui lui est propre...

Son baccalauréat décroché, il poursuit ses études en grande école, en sciences politiques, toujours accompagné de son autre revers de médaille plus expansif et charmeur qu'il ne le sera jamais. "Les grandes écoles, c'est l'occasion de forger son réseau", que son père lui a rappelé. Et il avait parfaitement raison. Au-delà des apparences, c'était une cour où la compétitivité et la réputation pouvait être de mise. Riche en petits scandales et en petites manigances entre étudiants, on y boit, on y fait ses premiers amours, on organise des soirées dans l'appartement scandaleusement luxueux des parents, on tente de nouveau de secouer Adam pour qu'il cesse d'être mesquin, on se passionne enfin pour la vilainie et sa psychologie émergente autant qu'on analyse l'impact des apparitions des héros sur la sécurité de Paris et toutes ses facettes criminelles, mais on finit toujours par en revenir à celui qui ferait le plus de bruits.

Et Tristan, Tristan n'a pas cessé de travailler sa voix et le spectacle. Il a fait tout ce qui pourrait forger son lui du lendemain. C'est bien beau, les cours de sociologie, mais ce qui le passionne, lui, ce sont les médias. Aussi se dirige-t-il vers un master de journalisme, seul. Avec de nouveaux professeurs, un nouvel entourage et une préoccupation nouvelle pour cette ancienne camarade de lycée à qui il doit des excuses. Deux années d'études oui, sans Adam. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette absence l'a quelque peu adouci. Les mois filent, les stages débutent, en critiques de cuisine pour en direct, et tout cela le passionne ; il développe son éthique au sein d'un premier poste une fois son diplôme décroché, et plus il pratique et se distingue dans son domaine, moins il se trouve de points communs avec..."cette personne".

Est-ce normal ?

Il l'a toléré un long moment, Adam, jusqu'à ce qu'il ne dépasse les limites pour de bon. Une dispute, une prise de position drastique éclate pour de bon à l'orée de leur début de carrière. Le fait est que Tristan n'est plus l'adolescent insouciant et curieux de voir les conséquences des fausses rumeurs se propager comme une maladie ou un feu de forêt, mais un professionnel, responsable des informations qu'il délivre à son audimat. Il ne comprend plus et n'entend plus soutenir les extravagances de ce frère de coeur...

S'il l'a mal vécu ? Pas véritablement. Au mieux, s'est-il gagné un ennemi, et ils sont, pour être honnête, nombreux...Peut-être trop. C'est qu'on a une grande gueule quand on écrit ou quand on parle d'un sujet non stop.
Et puis...Quelque chose lui dit qu'il n'a pas totalement tournée la page avec cette histoire.

A commencer par ces nombreux podcasts qui n'en finissent pas. Tous les jours, l'affaire est différente mais similaire. Il y a cette entrée en matière à annoncer à 9H tapante, des suppositions flottantes ou encore une nécessité à traiter l'énième menace provoquée par le Papillon. Les affaires vont bon train, et à dire vrai, elles vont malheureusement jusqu'à rogner sur ses vacances à Noël...Il faut bien veiller à garder intact la réputation de la chaîne, après tout. Pharaon, Jackady, ce sont des noms qui s'enchainent, qui s'inscrivent dans ses dossiers et réveillent en lui une méfiance profonde pour le genre héroïque. Qui peut bien être certain que même la plus valeureuse et protectrice de ces idoles ne se retournera pas un jour contre Paris toute entière ? Pas lui...même si, au fond, il donnerait et userait de tous les moyens pour ne serait-ce qu'obtenir un semblant de vérité dans ces propos par une interview, en personne...N'importe quoi pour tirer et prouver la conclusion qu'il a gardé chaudement en tête mais qui n'arrange aucunement ses affaires : sans héros, sans vilain, sans toutes ces spécificités, les choses seraient certainement plus calmes et l'ordre, moins troublé et faite d'exceptions plus sensées ou à tout le moins, plus organisées.

Et c'est dans cette forme de rationalité que Tristan est convaincu que la majorité des héros se bat et tente de créer un équilibre dans ces rapports de force, parce qu'en réalité, outre les dépenses publiques multipliées par 10 faute d'une Ladybug à portée de main pour réparer les dégâts, il y a sûrement un gain à la clef pour eux. Un intérêt égoïste, moins noble, voire même une volonté de faire de son nom de plume une légende...

Ou se trompe-t-il ?

Au final, ce chroniqueur vit sa vie un peu routinière à sa manière ; reporte autant la réalité des exploits et des pathétiques interventions des héros sur sa chaine et ses podcasts.

S'en délecte, enflamme ses propos et en rit...

Seulement pour son audimat néanmoins.