Notre histoire nous amène à Snowis city (c’est Paris, tkt), une grande métropole qui respire la magie de Noël. Tout est décoré pour l’occasion, la ville brille de mille feux aux couleurs mythiques de l’évènement. Des odeurs alléchantes de chocolat chaud, de vin chaud, de cannelle, de pain d’épice et encore plein d’autres mets délicieux sont omniprésent sur les places où les marchés de Noëls sont établis. Les habitants, d’habitude si grincheux, grognon, de mauvaise humeur, casse bonbons, rabat-joie et j’en passe, sont désormais légèrement moins crispé et plus souriants !

Tous ? Non, oh non ! Il reste un irréductible gaulois pur souche qui refuse de se dérider. Le voyez-vous, ce brun constamment de mauvaise humeur, en digne parisien qu’il est ? Regardez-le, froncer les sourcils en permanence, râler constamment contre tout et n’importe. Le prix de l’essence qui augmente ? C’est absolument scandaleux ! Mais Marius, tu n’as même pas de voiture. Le SMIC qui n’augmente pas proportionnellement aux crises ? Inadmissible… si seulement tu gagnais un salaire honnête, tu pourrais être concerné.

« Va te faire voir, narrateur de mes deux ! » crie le Wilkins, le majeur brandit vers le ciel.

Qu’il est triste de voir un jeune homme si accablé par la peine et la colère, à quelques jours de Noël. La magie semble n’avoir aucun effet pour briser son cœur de glace. Si seulement un miracle de Noël pouvait se produire, lui permettant d’enfin goûter aux joies de la vie ! Et si pour une fois, Marius Wilkins, délinquant de sa profession, fier fauteur de trouble et vacciné à la colère, pouvait connaitre le bonheur d’être aimé et d’être heureux ?

*Bruit de scintillement enchanteur sur fond de Mariah Carey*

Le réveil sonne pour la troisième fois depuis 7h30.

« Pu… de me… j’suis encore à la bourre, fais ch… »

Balançant sa couette avec les pieds, Marius se lève précipitamment. Tellement vite qu’il s’entrave dans ses classeurs, par terre, et se cogne le petit orteil, ce petit salopiaud qui n’existe que pour heurter toutes les surfaces à sa portée.

« Pu.. !!! »

Voilà un homme qui respire la joie de vivre.

Poussé par les exclamations du kwami de l’Araignée, Marius s’approche de la fenêtre pour voir que Snowis city (c’est toujours Paris) est recouvert d’un manteau blanc. En calbut, le jeune homme frissonne d’anticipation à l’idée d’affronter la neige. Qui a dit que c’était féerique, un Noël blanc ?

« C’est de la daube. On peut pas avoir un soleil et 30° ? Là, je pourrais kiffer », s’exclame le jeune homme, à personne en particulier.

Il finit par se recoucher, démoraliser. On peut dire que c’est râpé pour les cours de la matinée.
C’est en fin de matinée que notre Grinch des temps moderne décide d’émerger. Bien obligé de sortir pour s’acheter à manger -merci le frigo vide et les placards déserts- il s’emmitoufle dans un manteau et une écharpe, bien décidé à ne pas souffrir du froid.

« Ca caille sa maman ! »

Le nez levé vers le ciel qui ose lui cracher ses crottes blanches à la figure, Marius souffle un nuage de vapeur. Enfant, il s’amusait à faire semblant de fumer avec cette fumée. Maintenant, il fume pour de vrai. Malgré ses doigts gelés, il arrive à sortir une clope et l’allumer, les deux sortes de nuages se confondant en sortant de sa bouche désormais.

« Tu comptes vraiment commenter tout ce que je fais ? » déclare le brun en soupirant, la fumée lui sortant par le nez. Oui, Marius, c’est mon boulot de narrateur.

Levant les yeux au ciel, il commence à marcher vers une supérette. Tout autour de lui, il croise des gens souriants, contents de faire leurs emplettes pour préparer des fêtes merveilleuses. Ca lui donne envie de vomir. C’est une fête commerciale, si les gens ont envie de passer du temps ensemble, pourquoi attendre une occasion en particulier ?

La vérité, c’est qu’il a le seum. Il est jaloux de ces gens qui vont profiter de leurs proches, s’offrir des cadeaux, être heureux. Il n’a jamais pu être complètement heureux à cause de sa mère qui l’a abandonné. Comment profiter d’une fête qui réunit les familles quand sa propre génitrice ne daigne même pas pointer le bout de son nez ?

Certes, cette année, il y une sœur avec qui fêter ça. Mais cette sœur ne pourra jamais remplacer une mère. Malgré tous les efforts de ses grands-parents, il a toujours senti ce vide impossible à combler. Conna… de Rachelle !

Perdu dans ses pensées, il finit par heurter quelqu’un.

« Mer… ! Pardon », finit-il par marmonner. Il relève les yeux sur une femme avec un style tout à fait particulier. Très rose. « C’est bientôt Noël, pas Halloween. »

Un sourire moqueur aux lèvres, il dévisage la femme affublée bizarrement. Ces vêtements n’empêchent pas qu’elle est bien foutue et très agréable à regarder. Sans comprendre pourquoi, il ne peut s’empêcher de le regarder longuement, sans savoir quoi dire. On pourrait presque entendre des chants de Noël en arrière-fond…

« Ok, on arrête là les scènes clichées. Moi, je me casse. »

Sur ces mots, il plante la brune qui n’était autre que la fameuse mère Noël qui sillonne le monde depuis maintenant 13 jours pour offrir des cadeaux. Mais ça, Marius ne le sait pas. Il tourne le dos au bonheur pour s’engouffrer dans son malheur, préférant maugréer contre les gens qui ne peuvent pas faire attention.

Finalement, il décide d’aller claquer 15 balles dans un fast-food parce que flemme de faire cuire des pâtes comme le pathétique étudiant qu’il est. Marre de bouffer tous les jours la même chose.

Le début d’après-midi sonne et Marius s’est calé dans un café pour profiter du wifi et du chauffage gratuit. Sur son téléphone, il scroll sur les différents réseaux. Il finit par recevoir une alerte un peu louche. Se connectant sur le darknet -osef du wifi accessible à tous- il arrive sur les sites où il prend ses infos pour ses magouilles. Ca fait quelques jours qu’il voit une sorte de groupuscule anti-noël s’exciter la nouille. Il trouve une description physique d’une présumée nana qui remplace le vieux schnock barbu. Brune, grande, borgne… Pourquoi ça lui dit quelque chose ?

« Ouais, j’vais pas commencer à m’en mêler. J’aime pas Noël mais j’vais pas aller faire la révolution pour autant. »

Il quitte le site et se décide à faire quelque chose de sa journée. C’est-à-dire qu’il va au tabac s’acheter des clopes, passer chez papi et mamie pour prendre un goûter et trainer dans les lieux très fréquentés pour chouraver un porte-monnaie ou deux. Bref, une journée comme une autre. Oui, il ose faire le pickpocket alors que la magie de Noël éclaire les vies des Parisiens. Il n’a aucune race. C’est jubilant de gâcher les fêtes des autres.

Il s’approche d’une poche quand il se fait attraper le poignet. Relevant les yeux, il croise un regard familier. Et l’illumination se fait !

« Toi ! Je te connais ! »

Déjà, parce qu’il a croisé cette femme dans la matinée. Et parce que c’est sa description qu’il a lu tout à l’heure !

« Tu sais que t’es recherchée par les fachos de noël ? »

Il récupère sa main en tirant d’un coup sec pour se dégager. Quel hasard incroyable qu’il la recroise encore une fois. La ville est pourtant si grande !

« Je sais qui tu es… » chuchote-t-il à l’oreille de la jeune femme en se penchant à son oreille d’une voix suave. « Si tu ne veux pas que je divulgue ton petit secret sur les réseaux, n’oublies pas de passer m’apporter mon cadeau. »

Avec un sourire tendancieux, Marius se retourne pour rentrer chez lui, les poches pleines, y compris du porte-monnaie de cette femme. Si elle veut le récupérer, elle n’a qu’à lui apporter un cadeau. Pas de raison que les enfants pas sages ne reçoivent rien ! Il est temps de chambouler les codes. Il va la faire, sa révolution, à sa manière. Voilà qui n’est vraiment pas dans l’esprit de Noël. L’humble narrateur que je suis se demande s’il va réussir à trouver le bonheur, en fin de compte.

La journée touche à sa fin et Marius décide de boire un coup dans un bar pour regarder un match de foot. Ca, c’est du bon esprit ! Rien à voir avec l’ambiance niaise qu’il a supporté toute la journée. La bière coule à flot et il se sent dans son élément. Il se sent si bien au milieu d’ivrognes, de soiffards, de fêtards et autres déchets qu’il ne voit pas les heures passer et la soirée file à toute vitesse.

Les idées embrumées par l’alcool, il finit par trouver la sortie. Mais, comme un blaireau, il se prend les pieds sur les marches et tombe tête la première dans la nouvelle couche de neige qui s’est déposée.

« FAIT CH… ! »

Ca a le mérite de l’avoir fait dégriser. La tête plus claire, il trouve plus facilement son chemin pour rentrer chez lui. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’il y avait quelqu’un dans son appartement, à son arrivée.

Bien que de dos, il reconnait la silhouette d’une femme. Et lorsqu’elle se retourne, il ne peut s’empêcher d’écarquiller les yeux sur la tenue osée de la Mère Noël.

« Je ne pensais pas à ce genre de cadeau mais ça me va très bien », susurre-t-il en s’approchant de la nana sexy qui se tient devant lui. Posant ses mains sur les hanches de la femme, il la rapproche de son corps. L’échange de regard qui suit laisse entendre que la Mama Noël va très probablement faire une pause dans sa tournée.

Le modeste narrateur que je suis ne pensais pas à ce genre de bonheur, au début de ce conte de Noël. Il croyait sincèrement que Marius Wilkins pourrait trouver l’amour, la joie, le réconfort…Le réconfort, oui, il l’aura mais pas comme nous l’attendions. Remarquez, ça change, un film de noël qui se termine sur des scènes olé olé plutôt que sur un petit bisou qu’on a attendu pendant 1h45. Enfin, ce n’est plus un film de noël si on remplace la mignonnerie et les niaiseries par… je ne vais pas vous faire un dessin.

Clôturons donc ce conte en souhaitant à ce cher Marius beaucoup de bonheur dans les bras de cette amante d’un soir. Et joyeux noël !

*Mariah Carey refait son apparition parce qu’il n’y a qu’au mois de décembre qu’on supporte de l’entendre chanter deux fois dans la même journée*