an unhappy marriage — ft. Théoxane

Avec les événements récents, ta mère s'était mise en tête qu'il fallait accélérer le mariage entre toi et Adrien. Cette proposition n'était pas revenue dans vos conversations depuis bien longtemps ; malheureusement, le fait d'avoir été victime de Papillon avait eu un certain déclic dans la tête de ta mère : Il fallait un homme dans ta vie pour te défendre. Tu avais essayé d'expliquer du mieux que tu pouvais ton point de vue concernant ce mariage arrangé mais pour ne pas changer, personne ne t'avait écouté.

Il régnait un silence de mort dans votre limousine. Ta jumelle était également présente mais n'était pas emballée non plus ; néanmoins, elle avait son propre mariage qui lui trottait en tête alors elle n'en avait qu'à faire du tien. Quant à ta mère, elle se contentait d'exposer les idées qu'elle avait eu : louer la salle de réception au Grand Paris, penser à envoyer des cartons d'invitations aux cousins dans les quatre coins de la France mais également les autres invités. Bref, tu n'écoutais même plus.

Votre voiture s'était finalement arrêtée devant le Grand Paris. Ton cœur manqua un battement. Tu n'étais pas prête pour ce mariage et tu n'aimais pas Adrien... Pas comme elle le voulait. Tu sortais de la voiture avec ta tête d'enterrement ; cela pouvait se lire sur ton visage que tu ne cautionnais pas ce mariage. Evidemment, votre entrée avait été remarquée et ta mère ne manquait pas de s'annoncer à l'accueil en lui exposant le projet. Tu captais le regard désespéré de l'hôtesse d'accueil qui ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait... Avec un peu de chance, son projet ne pourrait pas être mis à exécution.

- Mes excuses ! J'arrive tout de suite, je suis la secrétaire. Anna merci d'avoir prit la relève, je m'en charge.

Tu tournais la tête vers la voix. Une demoiselle aux cheveux noirs qui semblait avoir plus d'assurance que la jeune Anna... Tu pinçais les lèvres en te disant que si vous étiez venues plus tôt, vous n'auriez pas croisé sa route. Non pas que tu avais quelque chose contre elle mais tu étais persuadée que ladite Anna n'aurait pas été capable de vous renseigner...

- Bienvenue au Grand Paris. Vous avez réservé ? Ou souhaitez-vous réserver une chambre ou une suite ?

- Bonjour. Non. Ma fille ici présente, elle fit un geste vers toi, va se marier d'ici peu de temps et je souhaite réserver la salle de réception ainsi que plusieurs suites. Elle commença à sortir un petit carnet noir. Le mariage aura lieu le 20 mars, nous aurions besoin de la salle à partir de 17h ; nous irons à l'Eglise pour 16h et nous enchaînerons sur la cérémonie avec Monsieur le Maire. Veuillez compter 200 invités de notre côté, je dois encore voir avec Monsieur Agreste qui il souhaite inviter...

- Mère... 1 mois pour préparer la cérémonie ne sera pas suffisant... Rien ne garanti que la salle de réception soit libre ce jour-là. Nous les prenons un peu au dépourvu.

- Allons Théoxane. Vu le chèque que je compte donner à cet hôtel, ils ont tout intérêt à me libérer la salle de réception pour le jour demandé. N'est-ce pas ? Dit-elle en se tournant avers la secrétaire.

Tu regardais ta soeur qui était restée silencieuse depuis le début avant de poser tes yeux sur la secrétaire, la suppliant presque du regard qu'elle refuse la demande de ta mère.

- Agreste ? Voilà bien un mariage de haut-rang, toutes mes félicitations, jeune fille.

Tu hochais simplement la tête pour la remercier mais tu ne pus t'empêcher de pincer les lèvres. Tu ne voulais pas être désagréable mais tu en avais bien marre d'être félicitée pour un mariage que tu ne voulais même pas ! Elle ne pouvait pas le savoir et tu n'avais pas intérêt à exposer à voix haute ton mécontentement. Néanmoins, tu eus une petite note d'espoir lorsque la secrétaire annonça que le délai allait être très court, malgré tout l'argent du monde. Avait-elle compris ton message caché ?

- Ma foi, nous pouvons voir ce que l'on peut vous proposer pour cette date. Je ne suis pas du genre à annuler de grandes cérémonies toutes aussi importantes pour monsieur le Maire pour d'autres cérémonies, j'espère que vous me comprendrez.

Tu regardais ta mère qui n'était pas totalement satisfaite de la réponse mais ce n'était pas non plus un refus total. La jeune femme vous fit signe de la suivre pour commencer à avancer dans l'hôtel et les différentes suites possibles ; tu n'écoutais que d'une seule oreille mais tu remarquais un sous-entendu pour le mariage "désiré". Ta mère ne notait même pas la remarque et se contentait de répondre aussitôt à la question de la jeune femme, t'empêchant parler.

- Théoxane de Salois et Adrien Agreste. Un mariage de haut-rang comme vous l'avez fait remarquer.

Tu ne voulais pas être désagréable mais les arrangements de la sorte ne se faisait plus depuis le siècle dernier... Pourquoi fallait-il que tes parents soient aussi vieux jeu ! Du moins, surtout ta mère puisque ton père ne s'intéressait pas aux préparatifs des mariages de ses filles. Une autre employée passa par là et la secrétaire proposait de se scinder en deux groupes ; proposant de rester seule avec toi pour te présenter la suite des futurs mariés. Cette idée fut accueillie avec beaucoup d'entrain de la part de ta mère qui suivit aussitôt l'autre jeune femme ; te laissant seule avec la secrétaire.

- Vous n'avez pas l'air aussi concernée par votre mariage que votre mère, je me trompe ? Vous êtes stressée ?

- Cela se voit tant que ça ? Dis-tu sur un ton las.

Evidemment que cela se voyait. Tu faisais une tête de six pieds de long depuis que tu étais entrée dans la voiture, tu ne parlais pas et tu faisais en sorte de tout retarder. Tu baissais la tête en continuant de la suivre sur un rythme plus ralenti qu'il y a quelques minutes. Peut-être étais-tu tombée sur la bonne personne qui pourrait te donner quelques conseils concernant ce mariage arrangé ?

- Il s'agit là d'un mariage arrangé. Je connais bien Adrien Agreste mais nous nous considérons comme frère et sœur... Nous ne sommes pas amoureux l'un de l'autre. Tu laisses échapper un soupire. Ma mère ne veut rien entendre de tout cela... J'ai été victime de Papillon dernièrement et elle s'est mise en tête que j'avais besoin d'un homme pour me surveiller et me protéger.

Tu regardais autour de toi, comme pour être certaine que ta mère n'allait pas arriver dans ton dos. Maintenant qu'elle était plus là, ta langue pouvait se délier... Peut-être même un peu trop.

- Je m'excuse de vous déranger avec mes histoires de mariage arrangé, ça ne doit pas vous intéresser.

- Evitons que votre mère devienne aussi rouge que les fauteuils si elle vous entends parler de ce genre de choses. Dit-elle en fermant la porte de la chambre.

Son clin d'œil complice t'arrachait un léger sourire. Avais-tu réussi à trouver quelqu'un qui comprenait ce que tu ressentais, ce que tu pensais ? Pour la première fois depuis longtemps, tu avais la sensation que tu pouvais être toi-même et dire réellement le fond de ta pensée concernant ce mariage. Quelqu'un t'écoutait. La jeune femme ne manquait pas de faire remarquer que tu cachais bien mal tes sentiments vis-à-vis de ce mariage... Autant dire qu'elle avait deviné rapidement ce qu'il se tramait.

Tu remarquais qu'elle te présentait sa main gauche où tu vis qu'elle portait une alliance à son annulaire ; tu ne compris pas tout de suite ce geste mais elle expliquait avoir vécu la même chose que toi. Elle aussi avait vécu un mariage forcé dans son pays natal et que ce mariage était vital pour raviver le nom de sa famille ; oh oui, tu comprenais parfaitement de quoi elle parlait. Tu baissais les yeux lorsqu'elle arrivait à la conclusion de son histoire... Voilà qu'elle avait finalement appris à aimé son mari et qu'une fin tragique lui était arrivée.

- Toutes mes condoléances.

Peut-être que cela aurait été plus simple si elle n'était pas tombée amoureuse de son mari... Mais pouvait-on réellement choisir ses sentiments ? Néanmoins, tu savais que votre histoire n'irait pas jusqu'à un amour de mari et femme... Le fait d'être homosexuelle perturbait beaucoup les plans de ta pauvre mère qui n'était même pas au courant de ce petit secret ! Non... Tu ne pourrais jamais tomber amoureuse d'Adrien.

- Pourquoi ne pas vous rebeller contre votre mère ? Je ne connais pas les codes de conduite pour la... Noblesse ? Occidentale, donc peut être pourriez vous en parler ? Aimez-vous quelqu'un d'autre ? Dans ces cas là autant confronter votre mère directement. Car quand vous êtes mariées, difficile de divorcer quand tout cela est organisé par les parents.

Tout ton corps s'était crispé d'un seul coup. Voilà des choses que tu ne voulais pas entendre... Tu avais repoussé ce sujet de conversation à plus tard et encore plus tard, te disant que tu avais tout le temps pour réfléchir à une proposition de mariage avec une autre personne ou que tu aurais pris suffisamment confiance en toi pour confronter ta mère. C'était trop tard. La date s'approchait de plus en plus. Oubliant toutes tes bonnes manières, tu te laissais tomber sur le sofa en posant une main sur ton front, voilà que tu en avais la tête qui tournait.

- Vous avez rencontré ma mère... Trouverez-vous qu'elle a l'air ouverte à la conversation ? Pour elle, tout se règle par le mariage et l'argent. Je suis malheureusement en ce moment ? Faisons un mariage ! Et dans quelques années, quand je lui annoncerai que je suis malheureuse en ménage, elle me conseillera de faire un enfant !

Tu pinçais les lèvres à cette idée. Tu ne voulais pas d'enfant. Tout simplement parce que tu ne voulais pas que cet être grandisse dans une famille comme la tienne... avec autant de contraintes. Tu essayais de t'imaginer une situation dans laquelle tu pourrais annoncer tes sentiments pour Dylane, cette histoire de mariage arrangé qui ne plaisait à personne... Et les seules issues que tu voyais, c'était le déshonneur et la honte.

- Je suis amoureuse d'une personne oui... Mais ma mère ne comprendrait pas. Elle refuserait d'en entendre parler.

Tu fermais les yeux pendant plusieurs secondes, imaginant tout le scandale que cette histoire d'amour ferait. Les journaux ne manqueraient pas d'en faire les gros titres... Ta famille ne te pardonnerait jamais tout ceci, elle te ferait vivre un enfer.

- Et vous, pourquoi ne vous êtes-vous pas rebellée ? Demandas-tu innocemment.

Ta mère avait été motivée à accélérer les choses suite aux derniers événements ; elle avait décidé de se mariage arrangé depuis avant te naissance ! Avant, vous étiez trop jeune pour penser au mariage et depuis 1 an, ta mère n'avait pas réellement relancé le sujet sur le tapis... Mais tu étais d'accord avec le point de vue de cette secrétaire ; ce n'est pas parce que tu étais mariée que tu seras mieux protégée. Elle pensait sûrement que Adrien serait le genre de mari à te demander de tenir la maison et rester à la cuisine.

Tu t'étais effondrée dans le fauteuil en déversant toutes tes pensées les plus sombres qui te passaient par la tête ; à vrai dire, tu étais à deux doigts de faire une crise d'angoisse lorsque tu avais exposé ta situation à voix haute. Oh bon sang ! Tu ne voulais pas devenir Madame Adrien Agreste... Beaucoup serait ravie d'être à ta place mais c'était comme te demander d'épouser ton propre frère. Et puis, quel beau-père gagnais-tu ! Tu appréciais Gabriel Agreste comme patron... non comme beau-père.

- Car j'ai des valeurs à respecter envers ma famille, mais aussi vers mon pays. Au Japon, nous devons nous "plier" à neuf points très importants : le sentiment national, le respect de l'autorité, le conformisme, l'honneur, le sens du travail, le respect de la tradition, le consensus, le pragmatisme et la vertu. L'honneur et le respect de la tradition sont ceux que j'ai choisi de respecter de toutes les façons qu'il soit, d'où le fait que je ne me suis pas rebellée face à mes parents , pour l'honneur et la tradition.

Tu baissais les yeux, te rendant compte que ta question était plutôt idiote. Maintenant qu'elle te répondait, tu te rendais compte que les pays étaient différentes dans leur valeur, leur façon de penser mais aussi dans la culture. Et voilà qu'elle te faisait un commentaire sur le fait qu'en Occident et notamment en France, vous n'aviez pas ce genre de culture. La plupart du temps, les mariages n'étaient pas arrangés et heureux en amour.

- Je serais vous, avec une mentalité occidentale, je confronterai ma mère. Alors oui, les hauts-rangs, les chichi de bonnes familles et de noblesse sont compliqués à confronter. Mais un conflit direct avec une personne est peut être plus simple.

Tu te mordillais la lèvre inférieure. Ca y est, tu étais à deux doigts de faire une crise d'angoisse et l'idée de te confronter à ta mère te rendait totalement... morte de peur.

- J'ai peur de ma mère... Murmuras-tu.

Elle pouvait se montrer si froide, si cruelle, si cassante. Tu savais qu'à la première réflexion ou remarque, tu t'écraserais totalement et continuerais de te plier à ses exigence.

- Et si je peux vous aider à cela, n'hésitez pas à me le dire, je n'ai rien à perdre à me mettre à dos une femme qui marie de force sa fille.

- Pourquoi feriez-vous cela pour moi ? Nous venons tout juste de nous rencontrer.

Tu étais légèrement méfiante et en même temps, presque soulagée de savoir qu'une personne se sentait capable de se dresser contre ta mère. Pourquoi voulait-elle le faire ? Se rendait-elle compte de toutes les conséquences qui pouvaient découler ? Tu secouais négativement la tête. Non, tu ne pouvais pas lui demander de t'aider de cette manière... Elle risquerait d'avoir des problèmes. Ta mère serait capable de lui ruiner sa réputation et autres saloperies. Tu passais une main sur ton visage avant de lancer une petite blague...

- Je devrais demander à Ladybug ou Chat Noir... Ma mère les écoutera peut-être ahah.

Tout le monde pouvait avoir peur de ses parents et il est vrai que c'était normal ; nous vivions dans une culture où les enfants doivent pouvoir écouter au doigt et à l'œil leur aîné. Malheureusement, lorsqu'on se retrouvait dans la même situation que toi, il fallait avoir le courage de se lever et se rebeller. Ce courage, tu ne l'avais pas et tu le savais. Pendant un bref instant, tu hésitais à lui demander de l'aide... Mais vous vous connaissiez à peine !

- Car je sais ce que vous vivez, et du haut de mes 26 ans, c'est compliqué de s'empêcher de proposer de l'aide. Cela fait mal de voir une jeune femme ne pas pouvoir exprimer son véritable amour, bloquée dans des fiançailles imposées.

Tu baissais les yeux, presque honteuse. Tu savais que tu ne devrais pas avoir honte d'aimer les femmes mais avec la famille que tu te coltinais, c'était bien compliqué de pouvoir s'épanouir... Arriver à la maison et présenter sa moitié mais tu savais que ta mère le prendrait très mal, ton père ne te regarderait même plus et ta jumelle serait ravie d'être considérée comme "fille unique". Sur le ton de la rigolade, tu t'imaginais demander de l'aide à ton nouvel ami, Chat Noir pour t'aider à te dépatouiller de ce mariage !

- Au risque de vous décevoir, je ne pense pas que vos héros parisiens ont du temps à se consacrer à des problèmes sans répercussions dangereuses sur la population… Quand on voit qu'ils ne sauvent uniquement que les victimes d'accidents visibles… Difficile de se dire qu'ils oseraient mettre un terme à un mariage arrangé. Enfin, ce n'est que mon futile avis.

- Non, non, bien sûr. Ils ont des choses plus importantes que moi... Papillon fait beaucoup de dégâts matériels donc un mariage arrangé n'est pas leur priorité.

Bien que ironiquement, Chat Noir était concerné par ce fameux mariage puisque ton "futur mari" était ledit héro. Tu laissais échapper un petit sourire en te rendant compte que cette situation était bien cocasse. Néanmoins, tu ne t'attendais pas à ce que cette conversation tourne de cette matière ; l'avais-tu blessée ? Ce n'était pourtant qu'une petite blague puisque tout le monde s'imaginait que les super-héros pouvaient tout régler.

- Car pour être honnête, hormis avoir une autorisation de votre part, je ne peux pas mentir et mettre mon grain de sel dans cette cérémonie, je serais obligée de m'y contraindre et vous serez sans doute obligée de vous marier et finir dans cet hôtel... A vous de voir, mais comme je le répète, je ne suis pas Ladybug ou Chat Noir.

- Pardonnez-moi, je ne pensais pas vous contrarier.

Tu baissais une nouvelle fois les yeux, à nouveau honteuse. Non, tu ne t'étais pas attendue à ce que la conversation tourne de la sorte... Il n'était question que des héros. Ils faisaient désormais partie de vos vies et tout le monde était plus ou moins impacté par les héros... Il fallait vivre dans une grotte pour ne pas entendre parler d'eux !

- Eh bien, je...

- Ah vous êtes là !

Tu te relevais d'un bond lorsque tu entendis la voix de ta mère ; tu ne l'avais même pas entendu entrer dans la pièce ! Tu passais une main dans ton cou, jetant un regard à la demoiselle. Oui, tu aurais bien voulu un peu d'aide mais tu n'avais pas eu le temps de le formuler à voix haute ; comprendrait-elle que tu lui donnais le feu vert pour intervenir ? Ta mère et ta sœur prirent le temps d'observer la suite, satisfaites de la chambre.

- Hum. Très bien cette suite. Elle se tourna vers la demoiselle. Pourriez-vous nous faire un devis pour une réservation d'une dizaine de suite comme celle-ci. Après tout, je ne vais pas tout payer ! C'est également le mariage du jeune Agreste !

Tu levais les yeux au ciel. Monsieur Gabriel Agreste n'avait peut-être pas encore eu la lettre et n'avait donc toujours pas donné son avis ; mais d'après Adrien, ce n'était pas forcément gagné. Peut-être y avait-il une chance que Gabriel mette le holà... Enfin, si il avait réellement le temps de s'occuper de cette affaire ! Ce mariage n'était pas sa priorité. Tu regardais désespérément la demoiselle, espérant trouver de l'aide.