Quand on cherche le Graal et qu'on trouve la Dame du Lac [Ft. Ayane Agana-Béléa]

Trois années. Cela faisait trois ans qu’Alexandre avait quitté sa ville natale qu’était Bordeaux afin de déménager dans la capitale, où un avenir radieux lui était promis. Trois ans qu’il étudiait à l’université dans l’espoir d’obtenir un jour son doctorat en physiques appliquées, son rêve depuis quelques années déjà. Pour cela, il travaillait nuit et jour pour être le meilleur de sa promotion.

Le jeune homme était, comme à son habitude, en train de travailler sur ses études en physique. Quelque chose qui semblait être devenu sa seule et unique raison de vivre ou de se lever le matin. Aujourd’hui était un jour où les élèves n’avaient pas cours, et la plupart d’entre eux avaient décidé d’utiliser ce temps offert par l’université pour aller s’amuser, ce pourquoi en cette matinée il n’y avait presque personne dans la bibliothèque. Pourtant, dans moins de deux semaines, d’importants examens étaient prévus, théoriques comme pratiques. Alex était donc ici pour étudier au calme.

Il était là depuis déjà deux bonnes heures, étudiant les fiches bristol et les cours qu’il avait noté dans son laptop, essayant d’emmagasiner le plus d’informations possible. Mais alors qu’il essayait de comprendre quelque chose à propos de l’effet photoélectrique, il remarqua qu’il n’avait pas assez d’informations dessus. Quelle chance il avait décidé de venir à la bibliothèque, il allait pouvoir emprunter un livre.

Alexandre portait des vêtements civils tout à fait banal, des lunettes, ainsi qu’une sorte de broche dans les cheveux afin de relever sa chevelure pour ne pas être gêné durant son travail. Alexandre se leva et alla directement à la section physique, et chercha quelques instants un livre intéressant. Ses yeux s’arrêtèrent sur “Le Grand Roman de la physique quantique : Einstein, Bohr et le débat sur la nature de la réalité” de Manjit Kumar, une assez grosse tête lorsqu’on parle de physique quantique, et un vulgarisateur.

Le brun leva les yeux au ciel. Le livre était malheureusement tout en haut de la bibliothèque, et ce n’était pas avec son malheureux mètre soixante neuf qu’il allait pouvoir l’attraper. Il chercha autour et prit un tabouret utilisé par la bibliothécaire pour ranger les livres. Il monta donc dessus, étant petit et assez maigre, il n’avait pas peur de traverser le petit tabouret. Mais même avec cette aide, il n’arrivait pas à attraper le livre, ne le touchant que légèrement du bout des doigts, il y était presque.

Après avoir réussi à le tirer, le garçon remarqua qu’il perdit l’équilibre sur le tabouret, tombant en arrière et faisant tomber sur lui une multitude de livres, lui faisant lâcher le livre qu’il cherchait. Cela fit un assez gros bruit, et la bibliothécaire vint le voir. Voyant qu’il n’avait rien, elle lui ordonna de tout ranger, ce qui était normal. Alex était maintenant au milieu de dizaines de livres de physique, et essayait tant bien que mal de sortir de cette mer de papier. Et par-dessus le marché, ses lunettes et sa broche dans les cheveux étaient tombées. Etant myope, il ne voyait maintenant plus rien autour de lui. Ses lunettes étaient, pourtant, au-dessus d'un livre rouge et donc très facilement visibles pour quelqu'un qui ne voyait pas de grosses tâches floues.

Quelle malchance. Pourquoi devait-il être aussi maladroit dans tout ce qu’il faisait ? En vingt ans, il devait tout de même avoir pris l’habitude et comprit qu’il devait faire attention à tout ce qu’il touchait. Mais non, il fallait qu’il continue d’essayer et qu’il fasse gaffe sur gaffe. Il aurait pu simplement demander à la bibliothécaire de lui attraper le livre, mais non, il avait voulu faire son intéressant. Bon non, en réalité il ne voulait simplement pas la déranger pour si peu, alors qu’il pouvait tout à fait l’atteindre avec un petit escabeau.

Après avoir vu la silhouette, qu’il supposait être la bibliothécaire, partir, il en vit une autre qui s’approcha et lui parla. Elle n’était qu’une tâche flou jusqu’à ce qu’elle pose ses lunettes sur son nez, révélant ainsi l’inconnue face à lui. Une étudiante un peu plus jeune que lui à première vue. Alex eu un énorme frisson le parcourir en sachant qu’elle avait été si proche de lui, lui rappelant son anxiété sociale qui n’allait pas disparaître du jour au lendemain.

Elle proposa alors son aide. En temps normal il lui aurait remercié et se serait débrouillé seul, mais en voyant le nombre très important de livres par terre, il répondit avec un timide hochement de tête. Puis, sans regarder à nouveau la jeune fille, il se mit à prendre des livres et en faire des petits tas. Quelle chance il se souvenait à peu près d’où ils étaient, et aussi cela aidait qu’ils soient en ordre alphabétique.

Tout en n'oubliant pas de mettre le livre qui l'intéressait de côté.