Armoire à glace... ou pas (Ft. Andrea Lee-Ok Cassano)

 - Très bien! Nous reprendrons dans une heure après avoir mangé. Merci pour votre participation.

J'enlève mes lunettes et range mes affaires ainsi que mon bâton de chef d'orchestre.  Je remet mon pull gris et attrape mon manteau avant de sortir.

Les mains dans les poches je m'avance, dévalant les marches de nombreux petits escaliers. Je suis plutôt d'humeur bénévole aujourd'hui, cependant, le monde semble d'humeur à vouloir me faire sortir de mes gonds.

Ce matin le barista m'a fait tout un plat parce que "Andrea" c'est un prénom de fille. Ce qui expliquait sûrement les coeurs sur le gobelet. Ensuite, des élèves m'ont vraiment agripé la jambe juste pour forcer une amitié. Autant vous dire que ça m'a refroidit surtout que j'avais beaucoup de boulot .

Je déteste perdre du temps.

Puis soudain, là au sein de la fac...

- Sérieusement, c'est tout ce que tu as à dire ? C'est ça ton excuse ?!

- Il n'est pas question d'excuses !

- Combien de fois vais-je devoir te le répéter ?! Je ne veux pas que tu approches ce type !

Un jaloux compulsif.  Je fixe le couple, l'air de rien. Stoïque. Les mains dans les poche je les toise. Y'a d'autres endroits pour régler ses problèmes ... Ce type a pas l'air de s'en rendre compte et cette fille ... Je sais pas ce qu'elle attend pour dégainer son téléphone et appeler la police.

- Tu te fous de moi ?! C'est mon meilleur ami, on se connait depuis qu'on est petits. J'en ai marre de ta jalousie. Je ne suis pas ton jouet. Je ne suis pas un objet !

- Ça, c'est ce que tu crois...

Ce qu'elle croit?

Je comprend vite ce qu'il veut dire par là : il lui a agrippé la chevelure à la racine. Le visage de l'homme est tordu dans une expression malsaine et cruelle. Je n'ose même pas regarder le visage de la jeune femme que je me suis déjà avancé pour intervenir. J'attrape le poignet de l'homme et appuie sur nerf médian jusqu'à ce qu'il lâche puis je me met face à lui pour le séparer de la jeune fille. Je le fixe, froid, dur.

Il se frotte le poignet.

- T'es qui toi?

- Personne.

- Alors passe ton chemin et mêles-toi de ce qui te regarde!

- Ça me regarde, dis-je moqueur. Quand des hommes comme vous ont recours à la violence... Ça déshonore la réputation et la crédibilité de tous les autres hommes qui essayent de faire bien. Alors ça me regarde.

- C'est pas mon problème si t'as pas de meuf: avec ton look de queutard là...

Puis il s'arrête deux secondes et semble réaliser quelque chose. Il regarde la fille derrière moi.

- Tu le connais? Tu me trompe avec lui aussi?!

Je me retourne vers le fille et lui fais un clin d'oeil avant de me tourner vers le type.

- Même si c'était le cas : je l'aurais comprise. Mais ce n'est pas le cas.

Il me pousse l'épaule pour me provoquer. J'ignore ce qu'il peut bien dire, je ne l'entend plus. J'essaye de me contenir pour m'empêcher de m'énerver.

- Ne me touchez pas. Je ne tiens pas à engager ce genre de discussion. A moins que vous ne sachiez pas parler, veuillez ranger vos mains dans vos poches et usez de mots pour régler votre problème. Sans quoi je serais dans l'obligation d'avoir recours à des moyens peu agréables pour vous.

J'inspire les yeux fermés. Aller... Ça va aller. Je peux le faire.

« S'rieux, t'as cru que tu parlais à l'un de tes p'tits potes richards ! Tu parles toujours comme un fils à son papa bien coincé comme ça ou tu me prends juste de haut. C'est chiant comme la pluie. »

- "Chiant comme la pluie". Tu connais au moins une expression française! Et pour la question... Je suis un fils à papa et je te prend de haut même pire: je te méprise.

Soudain une jeune femme intervient. Elle me coupe l'herbe sous le pied. Zut.

- Si vous cherchez un poulailler clandestin, vous n'êtes pas au bon endroit.

- Espèce de-

- Vas-y, dis-le. Ça te brûle la langue.

Je hausse les sourcils stupéfait et fixe le gars l'air de lui dire "écoute la p'tite dame là".

La demoiselle s'en sort bien et emporte avec elle, l'autre demoiselle en détresse.

- Hé, tu crois aller où comme ça ?!

- N'oses même pas. On s'en va et toi tu ferais mieux d'en faire autant. Ta voix m'insupporte depuis tout à l'heure.

Je fais une moue et croise les bras en opinant du chef. Je les regarde s'en aller et fixe le type qui a l'air bien vénère.

- C'était assez français pour toi j'espère. Sinon je peux te le traduire en quatre autres langues.

- Ferme-là.

- Nan, dis-je froidement cette fois. Toi ferme-là. Je crois que tu sais pas à qui t'as affaire.

Je me rapproche de lui tout prêt.

- Si tu te rapproche de cette jeune femme ou s'il arrive quoi que se soit à l'une des deux femmes: je le saurais. A ce moment-là, souvient toi de ça et cache toi bien parce que si je me souviens de toi: tu es fini.

J'arrange son col et tapote son épaule en souriant avant de reculer.

- C'était assez français j'espère? Mon accent italien n'est pas trop fort j'espère.

Je tourne mes talons et dégaine mon téléphone avant de m'avancer.

- Jin, dis-je au téléphone. Ramène la voiture. J'aimerais que tu ramène une fille chez elle et que tu la surveille... Oui, une sorte de protection. Je te raconterais ce qu'il s'est passé ce soir.

Je me dirige vers la cafétéria et prend trois chocolats chauds et me met à chercher les filles. Quand je les retrouve, je m'abaisse à leur niveau et tend une boisson à la jeune femme victime d'agression et donne l'autre à la jeune fille au fort caractère.

Faussement hésitant, je m'adresse à la jeune victime.

- Je... Je m'excuse pour le comportement de cet homme... Je vous assure que tous les hommes ne sont pas comme ça... Ce spécimen-là est rare bien que hautement ennuyant et je vous assure que le déshonneur qu'il jette sur notre sexe, me rend honteux, mais votre courage a vous et à vous (j'adresse un regard à la fille de caractère) fait honneur au votre.

Je lui souris et lui tend mon mouchoir pour qu'elle puisse essuyer ses larmes .

- Vous êtes encore jeune. Vous avez toute la vie devant vous... Tellement que vous ne pouvez pas permettre à un abruti pareille de vous la gâcher. Vous comprenez?

Elle opine du chef. Je fais de même et quand je sens mon téléphone vibrer, je sais que Jin est arrivé.

- Vous devriez rentrer vous reposer. D'accord. Buvez ce chocolat: le sucre et le chocolats vous permettront de vous sentir mieux. Vous me faites confiance?

Elle me fixe lors d'un instant et je lui sourit. Evidemment, elle opine du chef et je lui propose ma main qu'elle saisit. Doucement je la dirige vers la sortie.

- Ne promenez pas de regards inquiets. Voici Jin. (Mon manager s'incline poliment.) Jin va vous raccompagner chez, vous en toute sécurité. Vous n'êtes pas obligée de lui parler. Il se contentera de vous déposer avant de revenir me chercher et si vous avez besoin de faire des arrêtes ici et là, je vous prie de ne pas hésiter à lui faire savoir. Il sera votre obligé.

Je l'escorte jusqu'à la voiture.

- Et s'il vous plaît... S'il se passe quoi que se soit: veuillez me prévenir. Jin vous donnera mon numéro.

J'incline la tête et recule d'un pas en laissant Jin faire. La porte se referme et je regarde la voiture s'éloigner en buvant mon chocolat chaud.

Un vent passe et je soupire. En me retournant, l'autre jeune femme est toujours là. Je pince un sourire cordiale cette fois et incline également la tête.

- Bonne fin de journée, mademoiselle.

Je la dépasse, en route vers la suite de cette journée... Qui n'est pas encore programmée , mais je suis sûre que je trouverais quoi faire.