Hélène avait bien avancé dans ses dossiers et avait réussi à prendre de l'avance sur les cours qu'elle allait dispenser le lendemain ; elle s'était couchée tôt pour arriver à l'heure à son cours qui devait commencer à 9h. Finalement, elle fut appelée à 5h du matin par l'un de ses collègues policier pour lui demander d'intervenir sur une scène de crime... Elle soupirait. Et oui, c'était malheureusement son quotidien, être prévenue à n'importe quel moment.

Elle annonçait faire de son mieux pour arriver rapidement mais elle devait absolument se préparer et préparer le petit-déjeuner de Manon ; Hélène ne voulait pas réveiller sa fille à cette heure alors elle lui sortie la boîte de céréales et écrit un petit mot à côté du bol pour la prévenir de son départ. Elle commençait à culpabiliser de ne pas être aux côtés de sa fille à son réveil mais le boulot n'attendait malheureusement pas... Hélène s'était donc préparée et était ensuite partie.

L'air du mois d'avril était encore frais à cette heure-ci, si bien qu'elle frissonnait lorsqu'elle avait mis le nez dehors ; 10 minutes plus tôt, elle était encore dans son lit. La Rousse se dépêchait donc d'entrer dans sa voiture et installer le GPS pour entrer l'adresse que son collègue lui avait envoyé : c'était à 20 minutes de route. Heureusement à cette heure, la plupart des Parisiens dormaient encore donc elle ne devrait pas se retrouver coincée dans les bouchons.

25 minutes plus tard, elle arrivait sur la scène de crime. Il y avait déjà des voitures de police et les collègues commençaient déjà à geler l'entrée de la maison pour empêcher qui que ce soit d'entrer. Qu'est-ce qui allait l'attendre cette fois ? Une dispute conjugale ? Un cambriolage ? Un suicide ? Elle s'approchait de ses collègues qui la reconnaissait et qui lui expliquait très rapidement les premières conclusions : cela ressemblait à un suicide.

Hélène entra dans la maison une fois l'autorisation de la police obtenue pour se diriger vers la pièce où avait eu lieu le crime. Elle observait les lieux pour se faire une petite idée de la victime... Hélène sentait une désagréable odeur de cigarette et elle vit une bouteille de whisky quasiment vide ; pour le moment, la thèse du suicide corroborait avec le peu d'élément qu'elle observait dans le salon. Elle montait finalement dans la chambre, saluant ses collègues avant de s'approcher du corps.

Il s'agissait d'un homme, le cinquantaine qui avait décidé de mettre à ses jours d'une balle dans la tête. Ce genre de scène de crime touchaient particulièrement Hélène mais le médecin en souhaitait pas que ses émotions prennent le dessus sur son travail ; elle avait une mission : constater le décès et vérifier qu'il s'agissait bien d'un suicide et non d'un meurtre. Elle prit un petit carnet et s'accroupit près du corps pour noter quelques remarques, le plus gros du travail se fera sur la table d'autopsie.

La Rousse essayait tant bien que mal de garder les yeux en face des trous. Être appelée à tout heure de la nuit et de la journée pouvait se montrer parfois si compliqué en terme de rythme de vie... Hélène était ne levait pas la tête de son petit cahier dans lequel elle notait toutes les informations -même les plus anodines- si bien qu'elle ne remarquait pas les personnes qui l'entouraient.

Le médecin légiste avait appris à se couper du reste du monde dans ce genre de moment ; la police avait des tâches spécifiques à faire et le médecin légiste avait également du pain sur la planche. Dans un premier temps, la Rousse préférait noter tout ce qu'elle voyait et sentait car une fois que le corps serait transporté à la morgue, elle ne pourrait plus utiliser son environnement pour se donner quelques idées de la personne.

- Ah ! Mais c'est mon médecin légiste préféré qui a été appelé !

Hélène relevait la tête se sentant concernant par cette appellation -encore une fois, elle ne faisait pas totalement attention à ce qu'il se passait autour d'elle-. Elle reconnu sans grande difficulté un lieutenant de police proche de la retraite avec qui elle avait collaborer plusieurs fois. Se relevant, Hélène s'approcha et tendit la main à son collègue pour le saluer tandis qu'il ne perdait pas de temps à lui demander ses premières constatations.

- Dans un premier temps, ça ressemble à un suicide. Mais je ne pourrais le confirmer qu'une fois que je l'aurais autopsié.

Et puis, c'était malheureusement la procédure. La seule chose que la Rousse pouvait actuellement affirmer, c'est que l'homme avec une balle dans la tête était bel et bien mort. La Rousse croisait les bras et observait les autres policiers présents, qu'elle connaissait tous... Enfin, presque tous. D'un geste du menton, elle interrogeait son collègue sur la présence d'un jeune policier qui était occupé à relever les empreintes.

- Lui ? C'est Hayden Anderson ! Tu dois le connaître, il est en criminologie à la faculté Paris 8 !

- Tu sais... J'ai au moins 500 élèves... Sans compter les stages, les collègues, les...

- Oui oui, j'ai compris. Eh Hayden ! Rejoins-nous quand tu auras terminé tes relevées d'empreinte !

Ce n'était pas le premier élève qu'il prenait sous son aile, bien au contraire... Il en avait formé des policiers ! C'était le genre de maître de stage qui donnait de petites tâches à faire histoire de ne pas seulement regarder les scènes de crime, les mains dans les poches. Les deux collègues continuèrent de papoter de tout et de rien... Eh oui, combien de fois Hélène avait-elle entendu des discussions concernant les petits copains ou les prochaines sorties au bar ?

- Eh, tu ne veux pas lui montrer deux-trois petits trucs de médecin légiste ?

- Bien sûr.

La Rousse appréciait montrer son travail aux personnes qui étaient intéressées et puis, étant donné qu'il s'agissait d'un de ses élèves, il devait avoir retenu quelques trucs si il assistait à ses cours. Remarquant qu'il semblait avoir terminé avec les empreintes, Hélène s'approchait de Hayden pour le saluer en lui tendant sa main ; c'était peut-être son élève mais actuellement, ils travaillaient sur la même affaire. Alors aujourd'hui, ils étaient collègues.

- Alors dis-moi, c'est ton premier suicide ? Qu'en penses-tu ?

Hélène attendait des remarques sur les lieux qui étaient très désordonnés... Peut-être un peu de trop du point de vue du médecin légiste. La Rousse était également intéressée par la manière dont il était habillé, la position du corps et tous les petits détails qui pourraient être importants pour la suite de l'affaire.

Les conversations entre médecin légiste et policiers n'étaient pas triste à entendre ; il fallait avoir un sacré humour pour prendre de la distance avec ce qu'ils avaient sous les yeux. Hélène n'était pas friand de ces petites blagues qui pouvaient parfois mettre mal à l'aise... mais elle comprenait ce besoin d'en rire. C'est bien pour cette raison qu'elle n'écoutait pas les remarques des autres collègues mais plutôt les théories de son élève.

La Rousse regardait autour d'elle lorsqu'il évoquait le lieu qui était en désordre ; oui, c'est vrai que cette maison n'était pas très propre. Elle acquiesçait concernant la théorie du vol... Oui, c'était tout à fait possible qu'une personne ait fait croire à un suicide alors qu'il souhaitait se servir dans le coffre fort de cet homme. Mais son jeune élève n'écartait pas non plus la déprime pouvant expliquer une hygiène de vie déplorable ; et oui, cela faisait partie des nombreux indices d'une dépression. Pour l'instant, il avait un bon raisonnement.

Elle laissait échapper un nouveau sourire lorsqu'il évoquait la façon de s'habiller mais aussi la thèse de l'ivresse ; et oui, un examen toxicologie allait devoir être fait pour déterminer si il était ivre ou drogué au moment des faits. Une personne dans un tel état second aurait beaucoup de difficulté à se mettre une balle dans la tête. Continuant d'écouter attentivement, elle regarda furtivement son maître de stage qui écoutait la conversation un peu de loin ; oh elle remarquait un peu de fierté dans son regard.

- Désolé si cela n'a aucun sens je dis souvent n'importe quoi quand je suis fatiguée en plus c'est effectivement mon premier suicide alors ce que je dis n'as certainement aucun sens. Et vous vous en pensez quoi ?

- Que ton maître de stage peut être fier de toi ! C'est bien de ne pas écarter les autres hypothèses... Il n'y pas d'évidence en matière criminelle.

Toujours mettre ses idées préconçues de côté car ce qui semble ressembler à un suicide peut être finalement un meurtre... Et inversement ! C'était déjà une bonne chose si il arrive à prendre de la distance et penser à toutes les hypothèses.

- Ca semble ressembler à un suicide mais seuls des examens approfondis pourront le confirmer. Elle invita son élève à se rapprocher du corps. Les traces de brûlure suggèrent que l'on a tiré à bout portant, ce qui colle avec la thèse d'un suicide... Mais également d'une exécution. Comme tu l'as souligné, son taux d'alcoolémie ou la présence de produits stupéfiants pourraient mettre à mal notre hypothèse du suicide.

Hélène prit le temps de noter tout ce qu'elle remarquait, tout en continuant de donner des explications à son élève ; elle n'était pas perturbée par la scène qu'elle avait sous les yeux... Et pourtant, ce n'était pas très joli à voir.

- Raconte-moi un peu ce que tu as vu depuis que tu as commencé. Ce n'est pas trop dur ?

La théorie et la pratique n'étaient pas du tout la même chose. Combien de fois Hélène avait vu des élèves motivés laisser tomber les études lorsqu'ils arrivaient sur le terrain... Les conditions n'étaient pas facile à supporter et il fallait pouvoir s'imposer également !

Tandis que Hélène montrait des détails se trouvant sur le corps, elle notait en même temps sur son petit carnet mais essayait également de discuter avec l'élève policier. Sans se montrer bonne samaritaine, ce n'était pas tous les médecins légistes qui prenaient le temps de montrer ce genre de choses ; la plupart des médecins voulaient juste rapatrier le corps rapidement et commencer l'examen en salle d'autopsie.

Elle écoutait attentivement la réponse de son élève et fut intriguée lorsqu'il évoquait avoir "vu et vécu pire" ; était-ce dans le cas de son stage ou dans sa vie personnelle ? Hélène secouait négativement la tête... Non, ça ne la regardait pas vraiment. Elle lassait ensuite échapper un sourire lorsqu'il évoquait le fait qu'il avait un but et qu'il comptait tout mettre en œuvre pour réussir ; quelque chose lui disait qu'il avait vécu quelque chose de compliqué.

- Je trouve que ses vêtements qu'il porte peuvent s'expliquer par la déprime et collabore avec la thèse du suicide. Par contre je crois qu'il sent l'alcool.

Elle hochait une nouvelle fois la tête, oui... Pour le moment tout semblait confirmer la thèse du suicide. Hélène laissait échapper un long soupire. C'était presque trop beau pour être vrai ; le médecin avait peur de se retrouver face à une mise en scène. Encore une fois, elle préférait ne pas donner de conclusion hâte mais elle notait dans un coin du carnet de vérifier la thèse de la mise en scène.

- Sais-tu si quelqu'un a déjà vérifié si il bénéficiait d'un port d'arme ?

Elle n'était pas affiliée au service balistique mais le fait de savoir si il s'agissait de son arme ou celui d'autrui pourrait l'aider également ; en vérité, ce n'était pas facile d'avoir une arme dans les mains... Comme pour tout, il fallait s'y habituer et savoir tirer avec. Néanmoins, Hélène ne voulait pas se montrer intrusive ni apprendre à ses collègues comment faire leur travail mais elle serait intéressée par la réponse.

- D'ailleurs par curiosité, qu'est-ce que tu as vu et fais depuis le début de ton stage ? As-tu déjà assisté à une autopsie ?

Elle ouvrit sa mallette de médecin légiste pour sortir l'appareil photo et prendre quelques photos du corps tandis qu'elle écoutait attentivement la réponse du jeune homme.

Hélène hochait la tête lorsqu'il demandait si il devait aller vérifier ; oui, elle aurait bien aimé avoir cette information pour avoir une petite idée de la ligne directive. Néanmoins, ce n'était pas un critère fixe... Cet homme aurait pu voler ou emprunter l'arme de quelqu'un pour se suicider avec. Voilà une nouvelle chose qu'elle notait dans son petit carnet, elle allait devoir recontacter le service balistique ; puis, elle posait quelques questions à Hayden concernant son stage.

- Lors de mon stage j'ai surtout des cambriolages, pas de choses de cette ampleur. Sinon je n'ai jamais vu d'autopsie.

Hélène hochait la tête, son maître de stage lui avait montré de petites choses pour commencer... C'était sûrement plus dur de commencer par un homicide que de simples cambriolages qui n'avaient pas de conséquences qu'une tête trouée par une balle... L'élève annonçait qu'il revenait, laissant ainsi l'occasion à sa professeur de prendre quelques mesures du foie et autres éléments qui seraient importants pour la suite.

- L'arme lui appartenait après, c'est peut-être aussi une bagarre qui a mal tourné où l'homme avait fini par menacer quelqu'un avec son arme, mais avait fini par être désarmé et assassiné. C'est possible comme théorie ?

Elle finit par se relever et ranger son carnet dans lequel étaient notées toutes les informations ; elle fit un petit signe à ses collègues pour leur faire comprendre qu'ils pouvaient préparer le corps afin de le ramener à la morgue. Actuellement, elle ne pouvait plus avancer pour le corps et elle avait besoin de ses outils et d'être dans sa salle d'autopsie pour donner son avis concret sur la question. Elle reporta ensuite son attention sur le jeune étudiant.

- Oui, ce sont des théories à ne pas écarter. Je pense que la police scientifique nous dira si ils ont relevé d'autres empreintes que la victime... Est-ce que tu te souviens ce que j'ai expliqué en cours concernant les armes à feu ?

Cela faisait partie de ses cours sur les différents types de dégâts causés par les armes. En effet, pour les armes à feu, c'était simple de connaître le point d'entrée et de sortie par rapport à la projection des balles à l'intérieur du corps ; ainsi, si Hélène venait à retrouver les restes de balle au niveau du menton, ça veut dire que l'entrée est au niveau du sommet du crâne. Et généralement, une personne qui se suicide par balle met son arme sous le menton... C'est plus simple. Ainsi, les projections devaient se trouver au sommet du crâne. Bref, tout ceci était à voir pendant l'autopsie.

- Serais-tu intéressé pour assister à cette autopsie ?

Après tout, ce n'était pas tout le monde qui supportait mais il y avait souvent des officiers de policier judiciaire qui était là pour vérifier que tout se déroulait pour le mieux pendant l'autopsie mais également être une aide pour noter les informations dans le dossier. Bref, elle n'avait pas envie de lui forcer la main mais lui proposer et lui donner l'occasion d'en voir une mais elle ne le prendrait pas mal si il venait à refuser.