Petit cours pour apprendre à ce défendre [PV: Hélène]

Une de ses affaires avait été récemment compliquée. Pas d'un point de vue médecine légale mais Hélène s'était retrouvée être la cible d'un tueur qui trouvait qu'elle se mêlait un peu trop de ce qui ne la regardait pas... Une cible de choix puisqu'elle ne savait pas correctement se défendre ; heureusement ses collègues étaient arrivés à temps et elle s'en était sortie qu'avec des bleus.

Le chef de la police lui avait chaudement recommandé de prendre des cours de self-défense... Hélène n'y voyait pas l'intérêt mais si ça venait à se reproduire, il faudrait bien qu'elle sache riposter ; bien qu'elle espérait que ce genre de situation ne recommence pas tous les quatre matins. A contre cœur, la Rousse avait accepté et s'était rendue à l'adresse que le chef de la police lui avait donné.

Après avoir déposé Manon à l'école, Hélène s'était garée sur le parking non loin du cours de self-défense. Autant dire qu'elle n'était pas du tout motivée et elle essayait de se convaincre que ça pouvait être bénéfique... Allez, si elle était à nouveau la cible d'un tueur ou d'un mari désespéré, ce serait utile. La jeune femme entrait dans la salle et elle n'était pas tellement étonnée de la population : que des femmes. C'était une bien triste constatation.

La jeune femme s'approchait des vestiaires pour y déposer ses affaires ; pour l'occasion, elle avait mis ses affaires de sport et nouée ses cheveux en queue de cheval. Hélène se plaçait à côté d'autres femmes et écoutait attentivement la présentation du coach : un homme qui donnait des cours de self-défense depuis plusieurs années. Il parlait fort et fermement, donnant ainsi l'impression à Hélène d'être entrée dans l'armée.

- Bien ! Alors, en quelques mots, dîtes-moi pourquoi vous êtes lancées dans la self-défense ?

La Rousse ne s'était pas attendue à une interrogation surprise mais sûrement y avait-il une bonne raison pour poser cette question ? Après tout, les femmes qui étaient présentes dans cette salle ne se sentaient pas en sécurité, mais pourquoi ? Hélène remarquait beaucoup d'affiches avec des numéros de secours ; elle avait la triste impression d'être dans son service à l'hôpital. Ce fut son tour après que deux femmes aient annoncé vouloir apprendre à se défendre en cas d'attaque de Papillon et l'autre car elle craignait son petit-ami.

- Hum... Je suis là car je travaille avec la police et je me trouve souvent sur les scènes de crime. La semaine dernière, j'ai été attaquée par le suspect de l'affaire et le chef de la police m'a conseillé de prendre quelques cours de self-défense... Au cas où.

Elle n'avait pas aimé le "au cas où" sorti de la bouche de son collègue ; cela voulait dire qu'il s'attendait à une situation similaire à l'avenir. Quant à ce fameux conseil, cela ressemblait plus à un ordre qu'elle ne pouvait refuser... Bref, Hélène n'avait pas envie d'entrer dans les détails et passa le mot à la femme qui se trouvait à se droite. Elles n'étaient pas ici pour faire de la thérapie ; pour une fois, elle voulait un peu moins de blabla et plus de contact.

Une fois que toutes les jeunes femmes aient expliqué la raison de leur présence, le coach annonçait qu'il fallait se mettre en groupe de deux : l'une devait être l'agresseur et l'autre, l'agressée. L'agresseur devait arriver par derrière pour faire la technique d'étranglement tandis que l'agressée devait se dégager... Instinctivement, elle croisait le regard d'une demoiselle aux cheveux bruns aux reflets presque roux.

- Hum... On fait équipe ?

Hélène avait l'impression de se retrouver 20 ans en arrière pendant les cours de sport... Généralement les copains se mettaient tout de suite ensemble mais personne ne se connaissait dans ce cours alors tout le monde semblait être perdu.

- Vous souhaitez être l'agresseur ou l'agressée ?

Drôle de question.

Force était de constater que ce cours s'adresser principalement à des jeune femmes. C'était à nouveau un triste constat qui ressemblait à ce qu'elle croisait au quotidien, dans son UMJ ; néanmoins, la violence n'était pas solution... Mais peut-être que, comme Hélène, ces femmes n'avaient pas trop le  choix ? Après tout, il n'y avait pas toujours de force de l'ordre pour les protéger.

Le premier exercice allait commencer et il s'agissait plutôt d'un classique : la prise d'étranglement. Il fallait donc se mettre par deux ; l'une devait être l'agresseur et l'autre agressée. La Rousse se mit au hasard en duo avec une demoiselle qui semblait être ravie d'être avec Hélène ; elles étaient désormais face à face et le médecin demandait gentiment quel rôle souhaitait faire la demoiselle.

Elle avait raison, de toute façon les rôles allaient certainement s'inverser. La jeune femme voulait commencer à jouer l'agresseur ; lorsque le coach donnait le signal, Hélène se tournait pour faire dos à sa coéquipière afin de lui laisser l'occasion de faire la prise d'étranglement. Par réflexion, la Rousse avait posé ses mains sur les bras de la demoiselle pour essayer de ne plus avoir cette pression sur la gorge.

- Oh, faite, je m'appelle Alya, Alya Césaire ! Enchantée !

Drôle de moment pour faire une présentation mais la suite du cours ne donnerait sûrement pas d'autres occasions.

- Hélène Lamaret, enchantée.

Bon, autant dire que Alya ne faisait pas semblant ; en même temps, elles n'assistaient pas à ce cours pour boire un café. Hélène avait posé sa main sur le bras de son agresseur mais elle n'arrivait pas réellement à se défaire de cette situation... Certainement qu'elle faisait quelque chose de mal. Le coach passait dans chaque groupe pour corriger le positionnement et donner des conseils à chacune.

Alya et Hélène n'y couperaient pas d'ailleurs. Le coach reprit la position de Alya pour lui donner une meilleure prise et autant dire que le médecin sentait la différence ; ce fut ensuite au tour de Hélène d'apprendre à se dégager. Il prit bien le temps de décomposer le mouvement. Cela semblait si simple mais dans le feu de l'action, Hélène était persuadée que l'on ne pouvait pas penser à tout. Le coach s'éloignait demandant aux femmes de reproduire en boucle les mouvements pour retenir.

- Puis-je vous demander ce que vous faîtes dans la vie ?

Encore une fois, c'était une drôle de situation pour faire connaissance... Mais puisque ce n'était pas une réelle agression, Hélène avait bien envie de meubler cette conversation dans ce contexte assez hostile.

Bon, plus le cours avançait et plus y Hélène y voyait une utilité ; c'est vrai qu'elle n'avait pas les bons gestes pour se défendre et maintenant que le coach leur avait donné des conseils, elle ne regrettait plus d'être venue. Les deux femmes échangèrent leur place ; désormais Hélène était l'agresseur tandis que Alya était l'agressée. Une nouvelle, elles décidèrent de faire connaissance dans ce contexte étrange.

- Eh bien, je suis étudiante en journalisme. Je suis souvent sur le terrain et je tiens également un blog. Le Ladyblog, vous connaissez ? Et vous Hélène ? Que faites-vous dans la vie ? D’après ce que j’ai compris de votre présentation, vous travaillez avec la police ?

Eh bien, il y avait eu beaucoup d'informations en si peu de temps. Ses muscles se contractèrent légèrement lorsque Hélène entendit que Alya tient le Ladyblog ; elle espérait d'ailleurs que cette réaction n'avait pas été remarquée par sa comparse ou du moins, qu'elle ne lui avait pas fait mal. Mmh le Ladyblog... Oui, elle connaissait. Manon passait son temps à regarder ce blog consacré aux héros ! Sa fille n'en reviendrait pas que sa mère ait rencontré la propriétaire du Ladyblog.

La seconde chose qu'elle remarquait, c'est l'orientation des questions. Hélène ne put s'empêcher de sourire en constatant qu'elle était réellement faite pour le métier de journaliste. Elle était attentive à son environnement et savait rebondir. Dans un mouvement rapide, la jeune Alya réussit à se dégager grâce aux gestes que le coach avait montré quelques minutes plus tôt ; Hélène félicita sa comparse.

- A vrai dire, je suis médecin légiste. Je travaille avec la police quand ils m'appellent sur une scène de crime.

La Rousse préférait garder les détails sanglants et gênants pour elle. Hélène n'avait pas honte de son métier mais elle savait aussi que certains détails sur l'aspect des cadavres et autres pouvaient jeter un froid dans les conversations. Suite à ce petit échange, la demoiselle demandait à Hélène ce qu'elle pensait des exercices ; elle souriait une nouvelle fois. Encore une question.

- Intéressants... Très intéressants même. Je ne regrette pas d'être venue finalement... Et vous ?

Hélène savait reconnaître lorsqu'elle avait tort et autant dire qu'elle s'était complètement gourrée dans cette histoire ; peut-être que les gestes qu'elle apprendraient aujourd'hui l'aidera pour les prochaines fois. Bien que tout ce qu'elle voulait, c'est que cette prochaine n'arrive jamais ! Attendant que les autres groupes terminent l'exercice, Hélène s'approchait du banc sur lequel elle avait laissé une bouteille d'eau pour prendre une petite gorgée avant de revenir aux côtés de Alya.

- Et pour vous répondre, oui je connais le Ladyblog. J'ai une adolescente de 13 ans qui est fan de vos vidéos ! Je pense qu'elle ne me croira pas quand je lui dirais que je vous ai rencontré.

En vérité, Hélène avait caché les derniers événements à Manon. Elle ne voulait pas lui dire que récemment, sa maman avait été en danger à cause de son métier... C'était un stress à rajouter en plus du reste.

- Elle me dit que vous allez souvent au cœur de l'action lorsqu'il y a des attaques de Papillon… Vous... Enfin, pardonnez ma franchise, mais n'est-ce pas imprudent de se rapprocher autant de l'action pendant ce genre d'événement ?

Oh ce n'était pas la première journaliste qui prenait des risques pour dégoter le meilleur scoop. Pourtant, c'était une chose que Hélène n'arrivait pas à comprendre : pourquoi se mettre en danger pour donner des images en avant première aux autres ?

Il est vrai qu'une session dans les écoles serait une bonne idée... Mais en même temps, ne serait-ce pas reconnaître que l'on vivait dans un monde dangereux ? Voilà un constat que beaucoup de politiciens ne voulaient pas reconnaître. Il n'y avait qu'à voir la gestion actuelle des événements pour comprendre qu'ils préféraient fermer les yeux que de reconnaître que la situation était dangereuse.

- Je suis honoré de savoir cela. Je ne fais pas ça pour la gloire, je suis juste heureuse de pouvoir partager tout ce qui se passe à Paris ! Si vous voulez, on pourra faire une photo après ? Enfin, je ne veux pas être trop…Envahissante. Je me dis que votre fille pourra en avoir la preuve comme ça !

- Oui, avec plaisir !

Ainsi, Manon sera obligée de reconnaître que sa maman avait bel et bien rencontrée la vraie Alya Césaire. Néanmoins, il y avait quelque chose qui perturbait Hélène dans toute cette histoire ; c'était le fait d'aller au cœur du danger pour un reportage. Bien sûr, elle entendait souvent parler de ces reporters qui se donnaient corps et âmes quitte à se mettre en danger... mais voilà, c'était une chose qu'elle ne voulait pas comprendre.

Hélène écoutait attentivement la réponse de Alya dont le but n'était pas de faire du scoop mais pour mettre en avant les héros ; oui, c'est vrai que les héros se mettaient en danger et la Rousse devait bien reconnaître que de simples pompiers ne pourraient pas faire comme Ladybug et Chat Noir... Mais Hélène craignait aussi que cela donne de mauvaises idées aux plus jeunes, qui se mettraient peut-être en tête de faire de même.

- J’ai assisté à tellement d’attaques, j’ai vu des personnes être blessées, des personnes y perdre la vie...Ce que la télévision ne parle pas, c’est que toutes ses victimes en souffrent…Cela peut paraître incompréhensible, mais grâce au Ladyblog, je peux apporter un soutien énorme aux héros…En les aidant à sauver des vies… À petite échelle, il est vrai, mais je suis heureuse de voir que grâce aux efforts de chacun, des vies peuvent être sauvé.

Hélène comprenait bien ce que voulait "sauver des vies à petite échelle" ; elle faisait partie de ces petites gens que l'on oubliait lors de gros événements comme les akumatisations. Tous ces médecins et ces infirmières mobilisées pour soigner en urgence des blessés... La Rousse pinça les lèvres lorsqu'elle entendit la question d'Alya ; apparemment, elle n'avait pas été si discrète que ça tout à l'heure.

- Dire que c'est de votre faute serait incorrect de ma part.

Si Hélène devait en vouloir à quelqu'un, ce serait Papillon. C'était lui qui mettait les Parisiens en danger ! La Rousse n'appréciait pas toutes les vidéos sur les héros qui alimentaient le syndrome du super héro ; Hélène craignait que d'autres personnes se mettent en tête de faire la même chose. Surtout dans une ère où il faut être populaire sur les réseaux sociaux pour avoir des amis.

- J'ai crains juste que ma fille se mette en tête de faire la même chose... Je n'aimerai pas la retrouver au beau milieu d'une attaque d'Akuma ! Mais je sais aussi que vous transmettez de belles valeurs dans vos podcasts.

Du peu que Hélène avait remarqué, Alya ne demandait pas aux personnes de la rejoindre sur les lieux d'une attaque ; au contraire même, la plupart du temps, elle prévenait pour que les Parisiens se mettent dans un endroit sûr. Tous les groupes ayant terminé l'exercice, le coach prit à nouveau la parole pour proposer un nouvel exercice : le placage contre le mur.

L'agresseur devait plaquer l'agressée contre un mur et poser son avant-bras au niveau de sa gorge pour le bloquer ; l'agressée devant apprendre à se dégager une nouvelle fois. Les groupes restèrent les mêmes et la Rousse proposait d'être l'agresseur pour commencer... Histoire de changer. Bien qu'une nouvelle fois, l'ordre sera échangé. Suivant de près les instructions, elle "plaquait" -sans brutalité- Alya et posait son avant-bras au niveau de la gorge sans pour autant l'étouffer.

- Si je puis me permettre un commentaire, je trouve cela dommage de ne pas mettre en avant les héros du quotidien... les policiers, les médecins, les pompiers. Mais ce n'est que mon avis !

Hélène prit le temps de regarder les autres groupes pour se calquer sur leurs gestes, espérant ne pas faire quelque chose de mauvais. D'ailleurs, elle remarquait que les autres groupes ne discutaient pas vraiment à part pour demander si ça allait et si elles ne se faisaient pas mal ; il semblerait que Alya et Hélène soient les seules à avoir une véritable conversation.

- Vous avez raison, il est vrai qu’un héros n’est pas forcément une personne qui possède des pouvoirs. J’y ai souvent réfléchi et c’est vrai que c’est un point de vue qui me tenterait bien. Tout le monde peut devenir un héros, que ce soit dans ses gestes ou dans ses exploits. J’aimerais beaucoup travailler ce segment…Cela apporterait du neuf dans mon blog !

La Rousse hochait la tête, approuvant ce point de vue. Bien qu'elle ne voulait et ne pouvait imposer en rien cet article... Après tout, Alya était propriétaire de son blog donc elle faisait ce qu'elle voulait. La demoiselle réussit d'ailleurs à se dégager de l'emprise de Hélène sous les conseils du coach qui avait montré le nouveau geste ; comme pour le premier exercice, ce n'était pas compliqué mais pouvaient-elles le faire dans le feu de l'action ?

Hélène notait tous les faits et gestes pour pouvoir reproduire les mouvements lorsqu'elle serait à la place de l'agressée ; d'ailleurs, le coach annonçait qu'elles devaient échanger de place. La Rousse se laissait donc plaquer contre le mur et restait calme lorsque Alya posait son bras au niveau de sa gorge ; Hélène n'était pas certaine de pouvoir rester calme lors d'une véritable agression.

- Et vous ? Faites vous partit de ses héros du quotidien ? Qu’est-ce qui vous fascine dans votre travail ? Je suis bien curieuse !

Elle tiquait. Pouvait-elle réellement se considérer comme héros du quotidien ? Il est vrai qu'elle avait aidé la police dans beaucoup d'affaires mais méritait-elle ce titre ? Hélène ne répondit pas tout de suite prenant le temps de réfléchir à la question qui n'était pas très facile... Elle fit les mouvements de défense que le coach avait remontré, lui laissant un laps de temps pour formuler une réponse.

- Je ne sais pas si je mérite ce titre... Je ne sauve pas des vies comme un chirurgien et je ne me jette pas dans les flammes pour aider un innocent. Elle fit une courte pause. Je ne fais qu'éclairer la police sur une situation floue mais ils font le plus gros du travail.

Hélène n'était pas là pour relever les empreintes ou l'ADN, ce que la police scientifique faisait à merveille... Elle ne s'occupait pas de la balistique non plus pour retrouver le propriétaire d'une arme. Elle ne faisait que donner une heure approximative de la mort ainsi que la cause du décès ; oui cela pouvait se montrer très utile... notamment quand il s'agit de différencier un meurtre d'un accident mais elle ne faisait rien d'exceptionnel. En vérité, elle ne faisait que son travail.

- J'ai pleins de noms en tête qui mériteraient plus ce titre.

Oh oui, des collègues policiers qui se dévouaient corps et âmes dans une affaire pour arrêter un tueur en série... Un chirurgien qui avait fait une greffe de cœur sur un enfant ou ce pompier qui s'était sacrifié pour sortir une personne âge des flammes. Il y avait beaucoup de monde qui méritaient ce titre.

- Mais dîtes-moi, qu'est-ce qui définit un héros selon vous ?