Sous le feu des projecteurs, Bas les masques !

“sous le feu des projecteurs, bas les masques !” Adrien, Théoxane, Marinette & Nino

Quand il entre dans l'immense lieu où se joue l'événement de ce soir, Nino ne peut s'empêcher de sentir une boule se former au fond de ses entrailles. Manque d'habitude, certainement, mais il ne peut pas se défaire de cette pression abominable qui l'écrase à chaque fois qu'il doit monter sur scène. Enfin, il se dit que ça pourrait être pire ; au moins les gens ne feront pas tant attention à lui, puisque tous les regards seront braqués sur les vraies célébrités de la soirée, dont Adrien fait partie, au passage. Encore une fois, c'est grâce à son meilleur ami que Nino se retrouve avec une telle opportunité, et comme à chaque fois, il se sent aussi redevable pour des décennies à venir qu'un poil honteux. Parce qu'il se dit qu'il n'a pas encore un assez grand nom pour qu'on l'invite sans qu'il ne se fasse pistonner – mais quel fou dirait non, après tout ? On l'a déjà applaudi pour son travail, pour son animation au point malgré l'importance de l'événement et son jeune âge, et si Adrien a réussi à l'incruster de nouveau derrière les platines c'est que Nino a fait une part du boulot aussi, pas vrai ?

Enfin c'est ce qu'il se dit, pour éviter de succomber au stress, pour éviter de perdre les pédales lorsqu'il sent les regards légèrement inquisiteurs des invités déjà présents, alors qu'il rase les murs, l'œil fuyant, se dirigeant tout droit vers la scène où il doit s'installer. Du moins, les techniciens ont déjà fait le plus gros puisque tout semble prêt, Nino n'a plus rien d'autre à faire que de prendre ses marques et essayer de calmer l'angoisse qui le submerge. Ça se calmera bien vite quand il lancera les premières secondes de musique, mais avant ça, Nino a juste l'impression de mourir sur place.

Heureusement, sa scène est un peu en retrait, de l'autre côté du buffet et assez éloignée du podium sur lequel les mannequins vont défiler. Il n'est pas particulièrement sous les lumières du projecteur même si, un peu élevé, il ne suffit que d'un coup d'œil pour le remarquer. Il a pourtant essayé de se fondre dans la masse ; il s'est habillé sobrement, chemise blanche et pantalon noir, et bien sûr la casquette est restée à la maison, histoire de ne pas paraître tâche dans un décor aussi raffiné.

Alors qu'il vérifie les branchements, les mains un peu moites, il jette un regard rapide au-dessus de sa table de mixage, cherchant désespérément la silhouette de son meilleur ami. Il aurait bien aimé le voir avant que le défilé ne débute, même s'il sait combien les mannequins sont encore plus débordés que lui à ce moment-là. Mais il sait qu'en voyant Adrien, il sera déjà un peu plus détendu pour le reste de la soirée, et puis... et puis il a soif. C'est lorsque son regard se pose sur le bar, à côté du buffet, que Nino se rend compte que sa langue est pâteuse et qu'il n'a rien prévu à boire. Réfléchissant quelques secondes, il se dit que de toute façon, c'est le meilleur moment pour aller dénicher une boisson, même une bouteille d'eau fera l'affaire – parce que lui n'a pas le loisir d'avoir des assistants ou techniciens pour lui rapporter ce qu'il veut, même si un jour ça arrivera, croisons les doigts.

En attendant, c'est avec une tentative nulle de se faire tout petit que Nino quitte son estrade et se faufile jusqu'au buffet, patientant tel un enfant sage pour qu'une serveuse le remarque malgré le monde qu'il y a déjà.

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