[Event Noël] Vent d'hiver et chocolats | Ft. Hélène Lamaret

Misha avait toujours aimé l'ambiance festive qui allait de pair avec la période hivernale. Noël approchait et la ville s'était couverte de son manteau d'ivoire et d'argent. L'air glacial venait vous embrasser les joues et les pommettes, les faisant doucement rougir. Les couleurs se multipliaient dans les lumières étincelantes des décorations et la ville s'agitait dans la froide étreinte, ô pourtant combien chaleureuse, de cette période glaciale. Tout Paris était dans cette douce ambiance artistique. Les danseurs floconneux valsaient et tourbillonnaient au gré des symphonies et de la bise de Borée en même temps que le givre faisait des arbres de réelles statues de cristal et que les plus grands peintres impressionnistes se manifestaient sur les surfaces des vitres pour plonger le paysage de dehors dans un monde de gel et de froid. Toute la ville se trouvait comme métamorphosée par cette couverture pâle et l'humeur des petites gens de Paris semblait elles même se changer pour troquer la maussaderie contre des sourires amusés et quelques cris excités. L'Hiver faisait toujours cet effet. La mélodie des craquements des pas, les scintillements des fils diaphanes suspendus aux bords des toits et des gouttières, les anges qui quittaient les cieux pour rejoindre la poudreuse. Il y avait tant à dire de l'Hiver.

Et le rouquin profitait toujours de chaque instant pour s'imprégner de cet air si particulier qui précédait les jours de Noël. Les couleurs étaient omniprésentes au point de presque lui faire tourner la tête. Mais il aimait cette sensation de doux vertige enjoué. Et quoi de mieux pour vivre cette expérience sensitive que d'aller faire ses courses de Noël ? Il aimait se perdre dans les allées et petits magasins pour faire ses achats. On y trouvait toujours de quoi faire son bonheur, et celui des autres. C'était donc une main dans sa poche et l'autre tenant la laisse de Vince qu'il avançait, un sourire flottant sur les lèvres. Alors qu'il regardait tour à tour les devantures des boutiques, ses doigts faisaient tourner autour de son majeur une bague toute nouvelle qu'il portait depuis une petite poignée de jour. Une habitude qu'il avait rapidement prit dès lors que son esprit vagabondait un peu. Il ne lui restait qu'un présent à acheter et il n'arrivait définitivement pas à se décider.

Il laissa s'échapper un petit soupir avant d'attirer l'attention de son chien d'un claquement de la langue. L'oreille dressée de Vince s'agita légèrement avant que ce dernier ne se stoppe pour tourner la tête vers son maître. Il n'avait fallu qu'une demi seconde pour que le border collie ne comprenne l'ordre de demi-tour et qu'il ne reparte de plus belle en trottinant. Ils avaient fini l'une des allées et Misha avait besoin d'une pause. Observant la neige qui continuait de tomber au dehors, Misha laissa finalement se dessiner un petit sourire sur ses lèvres. Le froid hivernal avait quelque chose de poétique parfois. Mais s'il y avait autre chose de positif avec ces températures si basses et ce temps froid et neigeux, c'était bien le côté plus agréable encore qu'habituellement de boire une boisson chaude. Or, il lui semblait être passé non loin d'un stand de chocolat chaud quelque temps plus tôt. Un nouveau claquement de langue et le rouquin se dirigea d'un pas un peu plus rapide vers le fameux stand. Voilà qui lui permettrait autant de souffler que de se réconforter. Les stands de dégustations étaient toujours agréables.

Il ne lui avait pas fallut beaucoup de temps pour entrer dans la petite tente. En réalité, simplement le temps d'attacher la laisse de Vince à son harnais, si son chien était suffisamment bien éduqué pour rester à ses pieds et écouter sans trop de problème, autant penser aux personnes qui pourraient être moins à l'aise, ou encore aux autres possibles chiens, et retrouver l'attache rassurante de la laisse. Et il ne lui en avait pas fallut beaucoup plus pour rapidement se retrouver à une petite table, le border collie entre ses pieds et la chaise sur laquelle il s'était installé.

Il y avait toujours quelque chose de convivial avec ce genre de stand. Il faisait froid, il y avait de la neige, mais on retrouvait dans ces petits coins sous tente une chaleur, tant procurée par les boissons chaudes que par l'esprit de Noël qui baignait dans ce genre d'environnement. Oh, il devait bien toujours se trouver quelques emmerdeurs et autres grognons dans le lot, mais ils étaient parfaitement oubliables.

Il s'était un peu avachi sur sa chaise, étirant son dos et ses épaules. C'était à ce moment qu'il s'était prit un léger coup. Il s'était alors vivement retourner pour s'excuser, mais la femme l'avait devancé pour s'excuser à son tour. « Oh, non c'est moi, vous inquiétez pas. » Quand la jeune femme releva la tête, Misha reconnut en elle la femme avec qui il avait déjà eu l'occasion de partager un café après un accident qui avait bien faillit envoyer la jeune femme à l'hôpital. « Oh ! Madame Lamaret ! ca va très bien, et vous ? Vous êtes aussi dans les dernières courses de Noël ?  » Ca lui faisait plaisir de croiser la jeune femme. « Oh, eh bien avec plaisir ! Je suis simplement avec mon chien, si ça ne vous dérange pas ? » Il s'était légèrement décalé pour que la bouille heureuse de Vince apparaisse au dessus de son genou.

Il fallait croire qu'ils pourraient faire de bons camarades de boissons. Et puis, ca allait bien avec l'esprit hivernal. Se retrouver avec des connaissances autour de la convivialité et la chaleur d'une boisson chaude.

Comme quoi, le monde était petit. Mais rencontrer des gens au hasard faisait vraiment partie des petits plaisirs de la vie. Enfin, tout du moins lorsque ces personnes étaient appréciées. Misha avait sourit face à la réponse de la femme, visiblement, il n'était pas le seul à avoir quelques difficultés avec le timing des derniers cadeaux. Tout du moins, lui luttait pour trouver ce qui correspondrait le mieux pour le dernier de sa liste. Il n'offrait pas de présents à grand monde. Quelques bricoles pour ses parents, un petit quelque chose pour un ou deux cousins, une carte postale pour les grands parents, rien que des babioles trouvées à Paris qui faisait toujours plaisir à la famille allemande. Peut-être une bêtise pour un ami. Mais il n'en restait pas moins qu'il restait le cas Vincent qui posait problème. Parce qu'il n'avait pas envie de prendre le premier truc qui passait sous la main.

Un sourire plus large éclaira son visage lorsqu'un compliment alla droit à son chien. Petite fierté de propriétaire, c'était toujours un plaisir d'entendre les petits commentaires agréables sur son animal. « Vince ! C'est un peu.. » il s'interrompit, ne remarquant même pas vraiment la tête du chien qui s'était redressé à l'entente de son nom. Il avait pour habitude de le présenter comme « l'amour de sa vie » parce que ça faisait toujours sourire les autres et qu'il était une sorte d'âme sœur, quand bien même ce soit une relation fusionnelle canine, mais étrangement, cela lui semblait étrange désormais. « Mon compagnon de vie et coloc haha. » s'était-il alors rattrapé.

Il s'était levé pour simplement tourner sa chaise, la faisant faire face à la table à laquelle Hélène était installée. Suivant le mouvement, Vince avait eut vite fait de s'installer de nouveau entre les jambes de son maître. « Oui. J'ai presque fini en fait, quelques bricoles pour la famille. J'aime bien les marchés de Noël, c'est toujours chouette pour ce genre de choses. Il me reste juste à trouver un truc pour un ami. » Et c'était bien là tout son soucis. Une nouvelle fois ses doigts firent tourner la bague autour de son majeur. Jusqu'à présent ses recherches n'avaient pas menées à grand chose. « Et vous, vous vous en sortez ? »

Misha avait esquissé un petit sourire face à la réponse de la jeune femme. Il fallait dire qu'il avait la chance d'être suffisamment libre pour gérer ses achats de Noël. Entre ses horaires plutôt tranquilles et son manque flagrant d'assiduité dans la majorité des devoirs, il avait plus qu'assez de temps pour lui, et par conséquent, pour en dégager suffisamment pour trouver les présents pour ses proches. Ca et le fait qu'il ne creusait jamais bien loin non plus. Ses parents se satisfaisaient toujours de l'attention et c'était par simple envie de faire plaisir qu'il cherchait des bricoles pour les autres.

« Aïe, pas toujours facile en effet haha. Je suppose que ma mère doit être un peu dans le même cas en fait. » La question du repas, tout ça, il ne s'y penchait pas vraiment. Sa mère lui avait simplement demandé s'il y avait quelque chose en particulier qu'il voulait manger, ce a quoi il avait simplement répondu qu'il n'avait pas de préférence. Le genre de réponses que les parents ne doivent cesser d'entendre et qui sont loin d'aider. Enfin, il donnerait probablement un coup de main le jour J, mais tout ce qui était de la partie prévision et préparation en amont, il s'était lui-même bien rapidement exclu de tout cela.

Hélène avait enchaîné sur le cas Papillon. Le rouquin masqua une grimace en portant son chocolat à ses lèvres. Papillon était un problème. Il était toujours un problème. Et Misha ne parvenait simplement pas à comprendre. Il avait déjà eu l'occasion d'affronter les hérauts du grand vilain de Paris. A chaque fois cela faisait naître une colère dans ses tripes. Il n'était pas un héros. Il ne se baladait pas comme la coccinelle et le chat noir. Il ne voulait pas sauver le monde. Il voulait pouvoir vivre tranquillement dans sa ville. Ses parents y vivaient. Il y vivait. Ils n'avaient pas besoin de tous ces problèmes. La destruction. La peur. Et peut-être pire encore, la peur de ressentir. « Et si Papillon utilisait ma tristesse contre les autres ? Et si je ne pouvais pas résister ? Et si je faisais du mal aux autres ? » Non, sous les traits de Bärgeist, le rouquin ne se sentait pas comme un héros. Mais il y avait des moments où il ne pouvait pas rester sans réagir. Il pouvait encore très bien se souvenir de son premier affrontement contre le Cartésien. Il ne lui avait semblé n'être rien d'autre qu'un pantin. Il ne voulait pas ? Il n'avait pas le choix ? Avait-il seulement réellement essayé ? Quant à Ballerina ? Elle avait été jalouse. Et sa jalousie avait plongé tout Paris dans une comédie musicale ridicule. Il ne s'était jamais fait akumatiser, pas encore lui avait soufflé une petite voix dans son esprit, il ne savait pas comment il le prendrait si cela devait arriver. Ou si cela arrivait à sa famille.

Il avait fini par esquisser de nouveau un petit sourire. « Avec un peu de chance il nous laissera tranquille oui. C'est Noël, il sera peut-être occupé avec autre chose ? J'sais pas, faire sa bonne action de l'année ? » Et il l'espérait sincèrement. Effectivement si les parisiens s'étaient plus ou moins habitués à cette situation plus que problématique, pour les gens de l'extérieur, qui plus est s'ils s'inquiétaient déjà pour leur famille, ce serait certainement bien plus difficile à vivre. « Simplement un week-end avec mes parents. Le gros de ma famille n'est pas de Paris, mais mes parents ne veulent pas quitter notre belle capitale alors on reste juste à trois cette année. Enfin, quatre en comptant Vince évidemment. » Il avait fait glisser une de ses mains entre les oreilles du Border Collie pour le gratouiller. Et le toutou aurait bien évidemment le droit à son propre « cadeau de Noël » adapté.

Misha avait reprit une gorgée de sa boisson chaude, profitant du goût du chocolat, mais avait au final faillit s'étouffer en voyant débarquer le nouvel arrivant qui avait vraiment un terrible timing. S'il avait été question du Papillon quelques secondes seulement plus tôt, voilà qu'il laissait apparaître l'un de ses représentants. Et il portait bien son nom de « Pire Noël », entre son refrain, ses mouvements désuets et l'horrible haleine de ses rennes, il y avait tout pour faire passer un moment absolument terrible. Le rouquin en avait posé son chocolat pour se couvrir la bouche et le nez de l'une de ses mains. Il n'avait pas fallut beaucoup de temps à l'akumatisé pour jeter un présent et repartir en volant. Et la boite s'était tout de suite ouverte... mais elle était vidé ?

Tout cela n'était peut-être rien de plus qu'une vaste blague ? C'était ce qu'avait d'abord voulu naïvement croire Misha. Avant de se tourner pour voir une cliente qui avait laisser s'échapper un cri en agitant sa main qui venait de se faire mordre par.. un marshmallow ? « Vous disiez ? » grimaça-le rouquin, les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Définitivement, Papillon ne les laisserait jamais tranquille. Vince s'était mis à aboyer sur l'une des confiseries animée. De son côté, le jeune homme s'était levé, mais il ne savait pas quoi faire. Une partie des clients avait déjà fuit la tente, d'autres avaient essayé d'écraser les petits monstres, mais rien ne semblait y faire et ils continuaient à se jeter sur les clients.

C'était une réflexion presque intéressante. Est-ce qu'un homme comme le Papillion pouvait avoir une famille ? S'il en avait une, il ne sèmerait pas le chaos dans Paris pour Noël. Ou alors la famille en question était certainement bien à plaindre. Sauf s'ils étaient tous dans le coup ? On trouvait bien des familles de criminelles, les mafias et les gangs de ce genre étaient souvent des histoires familiales, non ? Tout du moins, ça l'était souvent dans les fictions que pouvaient regarder Misha. Peut-être que le grand vilain de Paris partageait quelque chose de semblable avec sa propre famille ? Qui sait ?

Personne.

Mais d'un autre côté, le rouquin n'avait pas vraiment envie de s'empoisonner l'esprit avec cela pour le moment. L'esprit des fêtes bâtait son plein, la petite tente était chaleureuse, tout autant que le chocolat chaud qu'il tenait entre ses mains. Il fallait essayer de voir le bon côté des choses et de profiter de l'instant présent. Carpe diem, ou quelque chose comme ça.

Mais ça avait été sans compté, comme toujours, sur l'intervention d'un akumatisé. Pire Noël et son cadeau empoisonné. Il avait grimacé de plus belle lorsque les craintes d'Hélène s'étaient avérées plus fondées que jamais. Et maintenant la petite tente grouillait d'une myriade de petits démons aux dents plus que piquantes. La jeune femme avait essayé d'écraser ceux qui voulaient s'en prendre à elle, mais ils avaient l'air de se relever sans grandes difficultés. Tout comme pour Hélène, le téléphone de Misha ne tarda pas à le notifier d'une alerte Akuma. Sans blague ? Il avait pas remarqué. Mais cela signifiait surtout que ce n'était certainement pas la seule attaque de Pire Noël et qu'il avait du partager ses cadeaux empoisonnés un peu partout dans Paris. Est-ce qu'il devrait intervenir ?

Misha avait pu sentir les mouvements impatients de Shukkla dans la poche intérieur de son manteau. Son kwami ne demandait que ça. Mais Vince était là. Il ne pouvait pas non plus le laisser comme si de rien n'était. Le chuchotement de la petite hyène semblait vouloir le presser. Mais Paris se passerait de Bärgeist pour cette fois, ce n'était pas comme si la ville manquait de pseudo-héros. Il ne pouvait pas disparaître. Et encore moins alors qu'Hélène venait de l'interpeller. S'il avait entendu l'appel à l'aide de la femme, il avait simplement supposé que c'était un appel instinctif qu'elle aurait fait dans sa fuite. Mais la rousse était à ses côtés, et Misha pâli fortement en voyant la blessure de la victime. Elle saignait. Et pas qu'un peu. Il n'aimait pas vraiment voir du sang. Et encore moins sur quelqu'un d'autre. Et, encore une fois, pas lorsqu'il y en avait autant.

L'étudiant mit un instant avant de réagir. De quoi faire un garrot ? Sa ceinture était son Miraculous. Il ne pouvait pas vraiment le donner... Mais si la vie de cette femme était engagée ? C'était ce moment que Vince avait choisi pour tirer sur sa laisse, il avait fait un petit bond en avant pour attraper une guimauve maléfique entre ses crocs et s'efforçait à présent de la secouer dans sa gueule. Il décrocha le petit mousqueton de l'anneau du harnais et tendit la laisse à la femme. « Ca, ça fonctionnerait ? » Sa voix était blanche. Tout autant que son visage en fait. Il s'efforçait de regarder le moins possible la plaie. C'est fou ce que l'esprit cherche à observer ce qu'on ne veut absolument pas voir.

Au final, il s'était détourné pour essayer d'aider Hélène avec l'assaut des marshmallow. Donnant des coups de pieds et essayant d'éviter un maximum d'y mettre les mains. Vu l'état de la femme qui était juste à côté de lui, il ne valait probablement mieux ne pas laisser traîner de doigts.