Mon petit poney [PV Andrea]

Aujourd'hui, tu devais passer ta journée au centre équestre. Les concours arrivaient dans plus d'un mois et il fallait absolument que tu t'entraînes ; malheureusement ton amie n'était pas présente en cette journée. Tu savais déjà qu'elle n'allait pas être très bonne cette journée. Dans ton coin, seule, à devoir supporter les regards méprisants des autres personnes du centre.

Ton chauffeur t'avait déposé dans la matinée et tu t'étais approchée de ton box pour t'occuper de ton cheval ; comme d'habitude, il était ravi de te voir et le sentiment était partagé. Tu étais toujours apaisée lorsque tu étais à ses côtés. Toute la matinée, tu avais prévu de t'occuper de lui et de rester à ses côtés et de le monter dans l'après midi, quand l'air sera légèrement plus chaud.

Etrangement, tu sentais que les autres personnes étaient... différentes. Il s'y traînait un drôle d'air, de drôles de rumeurs et tu avais la sensation que la plupart des personnes étaient excitées et impatientes. Tu étais déçue. A tous les coups, il s'agissait d'une énième fête organisée sans que l'on ne t'ait mise au courant ; oh tu avais l'habitude. Pourtant, c'était toujours blessant et vexant d'être mise de côté.

Avant l'heure du déjeuner, tu sentis de l'agitation. Tu étais occupée à brosser ton cheval mais tu t'étais tout de même hissée sur la pointe des pieds pour observer l'attroupement à l'entrée du centre. Tu voyais une personne au centre de cette petite troupe alors tu supposais qu'il s'agissait d'un nouvel élève, quelqu'un de connu certainement vu l'accueil auquel il avait droit... Tu esquissais un sourire mais tu savais aussi qu'il allait être rapidement mis au courant te concernant.

- Encore une personne qui ne fera pas attention à nous Chiron... Ton cheval lâcha un hennissement. Je sais, je ne devrais pas me faire trop d'espoir car je suis sans cesse déçue... Mais je ne peux pas m'en empêcher.

Tu entendais les ragots qui se disaient sur toi... Oh, tu n'étais pas sourde et les filles prenaient un malin plaisir à parler assez fort pour que tu puisses entendre. Toutes les chose qui étaient dites s'était belle et bien passée mais tu n'en étais pas la cause ; il s'agissait plutôt de ta jumelle. Et puisque tu avais peur qu'elle ne découvre ta double vie, tu te comportais comme une vraie peste en sa présence pour faire comme elle... Ainsi, les jours où elle n'était pas présent, tu te comportais mieux mais les filles n'en avaient rien à faire.

C'était pourtant la vie que tu avais décidé de mener. Après tout, rien ne te forçait à te comporter comme une peste insupportable... Tu avais simplement peur de la réaction de ta famille si tu te montrais... humaine. Le dicton était clair : on récolte ce que l'on sème. Tu remarques que tout le monde équipe son cheval alors tu décides d'attendre un peu avant de faire de même ; tu irais quand tout le monde sera partie faire une pause ou prendre son repas. Tu continuais de brosser ton cheval et lui parler... Ca te faisait du bien de parler, tu savais qu'il te comprenait.

- Quelque chose ne va pas mademoiselle ?

Enfermée dans ma bulle, tu n'avais pas fait attention qu'il s'était rapproché de toi. Tu avais relevé la tête d'un coup, te prenant le coin d'une poutre ; lâchant un petit "aïe" et te frottant la tête, tu regardais la personne qui était à tes côtés. Il s'agissait du nouveau qui était arrivé tout à l'heure et avait entendu pleins d'histoires te concernant. Tu étais presque étonnée de le voir ici si bien que tu te retournais pour vérifier si il t'adressait bien la parole avant de finalement baisser les yeux en te rendant compte que oui, c'était bien à toi qu'il parlait.

- Oh.. hum...

- C'est que vous êtes à l'écart de l'essaim, alors je me demandais simplement si vous alliez bien.

Tu relevais timidement la tête avant de lâcher un petit sourire. Sûrement voulait-il vérifier si les rumeurs étaient vraies et si la méchante Théoxane allait croquer le petit nouveau... Tu eus une boule au ventre à cette pensée mais secouais la tête pour te ressaisir.

- Bonjour. Dis-tu de ta voix douce. Oui... Je... Les filles ne m'apprécient pas beaucoup. Mais je ne peux pas leur en vouloir, j'ai entendu qu'elles vous avaient dressé un portrait de moi à votre arrivée.

Autrement dit, il s'avait presque à quoi s'attendre. Tu regardais une nouvelle fois autour de moi... Il n'y avait personne. Tu pouvais donc te permettre de parler un peu plus librement sans la crainte d'être jugée par ta famille ou les autres filles du club. Tu t'approchais ainsi de lui avant de tendre ma main vers lui.

- Enchantée, je m'appelle Théoxane de Salois. Tu souris une nouvelle fois. Vous semblez à l'aise sur votre monture, vous avez l'habitude de l'équitation ?

D'un côté, tu étais rassurée d'apprendre qu'une personne pouvait encore se faire son propre avis. Tu ne voulais pas être mauvaise langue mais beaucoup de personnes prenaient ce qu'on leur disait pour acquis... Au moins, il te laissait une chance. Tu te présentais et tendis ta main pour le saluer ; tu ne t'étais pas attendu à ce qu'il descende de sa monture pour te faire un baise-main avant de se redresser.

- Andrea Casanno. Je monte depuis que j'ai... Depuis aussi longtemps que cela est possible. C'est une tradition chez nous. Votre cheval à l'air d'être un cheval de compet'... Est-ce que je pourrais avoir le plaisir de l'essayer plus tard ?

Tu regardais ton cheval et t'apprêtais à répondre avant d'être interrompue par une demoiselle qui s'était rapprochée de vous. Généralement, tu n'appréciais pas prêter ta monture mais tu voulais bien laisser une chance à Monsieur Cassano... Enfin, si ton cheval l'acceptait. Tu écoutais attentivement l'échange de dialogue entre les deux qui semblaient se connaître : d'abord sur ton prénom et ensuite pour proposer que tu te joignes au groupe car tu étais actuellement seule.

Evidemment, la réponse était négative. Peu étonnée, tu baissais ton regard lorsqu'elle abordait "la prochaine fois" ; oh tu le savais pertinemment que cela n'arriverait jamais. C'était déjà bien aimable d'avoir répondu. Elle s'éloigna de vous tandis que le jeune annonçait qu'on l'attendait ; tu hochais la tête. Néanmoins, il était toujours motivé pour essayer ta monture une prochaine fois. En espérant que vous puissiez avoir une conversation normale.

Tu continuais de t'occuper de ton cheval et du box tout en jetant quelques coups d'œil au cours pour observer Andrea ; il se débrouillait bien sur un cheval... Très bien même. Son attitude, son baise-main, sa façon de parler ; quelque chose te disait qu'il était également de bonne famille. Peut-être comprenait-il ce que tu ressentais ? Peut-être même qu'il était traité de la même manière chez lui ? Tu remarques que beaucoup de filles lui tournent autour... Pour ne pas dire le coller !

Voyant qu'il reçoit un appel téléphonique, tu vidas ton sceau d'eau en dehors du box pour te donner un prétexte de l'aborder... Non pas qu'il te plait comme il plaisait aux autres filles mais tu aurais aimé parler davantage avec lui. Quelque chose te disait que vous aviez beaucoup en commun. Tu t'avançais avec ton sceau que tu commençais à remplir d'eau et prêta une oreille attentive à la conversation italienne... Pourtant, tu n'entendis pas d'interlocuteur. Tu avais pourtant une bonne oreille ; est-ce qu'il était en train de feindre un appel ?

- Faîtes attention. Certaines filles parlent couramment italien par ici... Elles seraient déçues d'apprendre qu'elles sont de si mauvaise compagnie. Dis-tu sur un ton sarcastique.

Pour certaines filles, papa et maman étaient présents afin de payer des cours de langue... Et l'Italien faisait partie des langues privilégiées. Quant à toi, eh bien, tu n'avais pas dérogé à la règle ; tu parlais plusieurs langues et puisque ta mère avait déjà joué en Italie, tu avais passé quelques mois là-bas. Bref, tu n'avais pas appris que de jolies expressions... Tu avais déjà entendu quelques jeunes s'énerver ! Tu laissais le sceau se remplir et t'approchais davantage du jeune homme -garder une distance respectable tout de même-.

- Votre son est très bas ou votre interlocuteur est imaginaire ?

Lé vérité ou le mensonge, tout blessait ces demoiselles. Tout le monde aimait dire que tu étais une petite princesse à prendre les autres de haut ou faire des caprices, mais elles étaient dans le même panier que toi au final. Tu savais parfaitement qu'elles seraient affreusement déçues d'apprendre que leur compagnie n'était pas agréable pour ce jeune homme...

- A vrai dire, il est inexistant. C'est la le seul moyen que j'ai trouvé pour échapper aux filles et leurs question incessantes.

Tu pinçais les lèvres. La plupart de tes fans te laissaient tranquille ; après tout, ton chauffeur faisait également garde du corps... Tu avais beaucoup de moins d'admirateurs que Adrien ou Monsieur Cassano mais certains hommes s'étaient montrés très envahissants avec toi. Heureusement, tu n'avais pas été obligée de prétexter un appel mais tu imaginais bien à quel point le manque de vie privée pouvait se montrer dérangeant.

- Sont-elles toujours comme ça ? J'ai du mal à croire que les filles françaises soient toutes aussi superficielles et creuses de conversation. Comme si elle me parlaient uniquement pour mon joli minois et ça me donne l'impression de n'être qu'un faire valoir auprès des autres filles.

Oh il n'y avait pas que les filles qui se comportaient ainsi mais les garçons se montraient beaucoup plus rentre-dedans. Tu avais également l'impression de te trouver au beau milieu d'une vente aux enchères ou le premier jour des soldes... Tu avais vu de nombreuses vidéos de personne se battant pour obtenir une paire de chaussures ; tu avais même vu des filles se tirer les cheveux. Tu ne pensais ne jamais assister à ça mais d'ici quelques heures, les filles seront sûrement capable d'en faire de même.

- Est-ce vraiment comme ça que les choses se passent ici...?

- Puis-je être franche ?

Ce qu'il allait entendre n'allait certainement pas lui faire plaisir mais tu avais besoin de dire les choses comme tu les pensais. Mais aussi pour le préparer psychologiquement à ce qui l'attendait pour ces prochains mois.

- Vous êtes... une sorte d'attraction pour elles. Vous arrivez d'un pays étranger, vous parlez une autre langue, vous êtes célèbre et vous êtes beau... Je ne saurais dire à quoi elles pensent mais elles se calmeront d'ici quelques temps. Quand elles comprendront que vous êtes juste un humain comme un autre.

Il pouvait être célèbre ou totalement inconnu, il restait un humain avec ses qualités et ses défauts. Les filles de ton club allaient mettre un peu de temps à comprendre ; certaines étaient totalement intéressées... Elles voulaient être invitées à de grandes soirées, rencontrer d'autres célébrités ou pouvoir simplement crâner auprès d'autres personnes. C'est le problème avec la célébrité... Parfois, il n'est pas possible de savoir si les personnes sont amis avec vous par pur intérêt ou parce qu'ils vous apprécient.

- Alors, vous êtes en France pour raison professionnelle ou parce que vous envisagez de vous y installer ?

- Je suis en France... Parce que je le veux. Ma profession me suit partout où je vais.

Tu hochais la tête. Eh bien... Tant mieux pour lui ! Le principal était qu'il ne soit pas totalement perdu ! Tu le regardais bizarrement lorsqu'il s'approchait de toi pour replacer une mèche ; par réflexe, tu fis un petit mouvement en arrière. Tu étais très mal à l'aise... Tu appréciais que l'on sache garder une certaine distance de sécurité et il partait plutôt mal avec toi. D'ailleurs, il ne manquait pas de faire remarquer que le petit fanclub qui s'était créé lui faisait très plaisir... Et qu'il ne comptait rien faire pour arrêter ses groupies.

- ... Et je ne crois pas que vous ayez déjà rencontré un humain comme moi. Je suis loin d'être un humain comme les autres.

Tu fronçais les sourcils. Oh si, tu avais rencontré beaucoup de personnes comme lui dans ton milieu et tu allais rapidement lui présenter ta jumelle ; ils avaient le même caractère de pourri gâté tous les deux... Tu étais persuadée qu'ils s'entendraient parfaitement bien. Tu le regardais s'éloigner vers les toilettes alors qu'il venait de te proposer de pouvoir monter ton cheval... D'un seul coup, tu n'étais plus fan de l'idée.

Tu te retournais et remarquais le regard noir des autres camarades du club sportif. Ah, d'accord. Tout à coup, tu voyais clair dans son petit jeu. Toi qui pensais que tu pourrais t'en faire un ami... Voilà qu'il avait aggravé la situation avec les autres filles, comme si tu avais besoin de ça pour le moment ! Tu sentais une boule dans ta gorge et les larmes monter. Tu avalas difficilement et repartie prendre le sceau d'eau pour l'amener à ton cheval.

- Encore une fois, je suis la bonne poire de service...

Tu lâchas un très long soupire, déçue que la situation ait tourné autant au vinaigre... Lui qui t'avait pourtant fait si bonne impression en venant te parler, tu aurais dû savoir que c'était quelqu'un... quelqu'un comme ça. Tu essayais de faire en sorte que les larmes ne montent pas mais tu essuyais tout de même la goutte qui tombait sur la joue. Allons. Tu ne vas pas craquer !

Tu entendais des pas s'approcher vivement de toi, certainement une fille qui allait s'énerver sur toi. Tu te contentais de baisser le regard et te concentrer sur tes tâches tandis qu'une des filles du club était venue te crier dessus ; te rappelant que tu ne valais pas mieux qu'elle, que tu étais égoïste et que tu avais tout prévu en restant à l'écart. Néanmoins, tu restais concentrer dans ta tâche, essayant de ne pas pleurer sous leurs yeux. Elles n'attendaient que ça.