Racket de miniuit [PV Duncan]

Tu regardais l'heure à ta montre. Il était déjà minuit et tu espérais que tes parents ne faisaient pas le pied de grue devant la porte pour que tu rendes quelque comptes. Tu pressais le pas. Il y avait eu une fête étudiante et tu avais fais quelques rencontres... alors, tu n'avais pas refusé d'y participer. Néanmoins, tu n'avais pas vu l'heure passée et ton cours d'équitation devait terminé ne demi heure plus tôt... Bref, tu allais devoir trouver une bonne excuse.

Tu pressais le pas, bien que ta longue robe rouge se prenait les pieds dans tes hauts talons. Tu avais essayé de joindre ton chauffeur mais il ne répondait pas à tes appels... Quel manque de pot ! Du coup, tu avais décidé de rentrer à pied jusqu'à la maison et tu ne voulais pas tomber sur tes parents ou ta sœur... Tu ne serais pas capable d'expliquer les raisons de ton accoutrement !

De plus, la neige du mois de décembre n'arrangeait rien. Ta petite veste sur les épaules ne te réchauffaient pas beaucoup et tu étais persuadée que le rhume allait pointer le bout de son nez d'ici quelques jours. La fête était agréable mais tu ne te sentais pas à ta place... Tout le monde se connaissait, buvait et s'amusait et tu étais restée dans ton coin à esquisser quelques sourires lorsque l'on s'approchait de la table où se trouvait tout l'alcool. J'avais dis bonsoir à beaucoup de monde au moins...

Il ne te restait plus qu'une dizaine de minutes à pied, bien que le froid risquerait de te retarder. Tu soupirais et avançais rapidement avant d'être finalement interrompu dans ta marche par un homme, plus grand que toi et très impressionnant. Tu te stoppais net tandis qu'il commençait à sortir quelques phrases de drague... Tu décidais de le contourner mais il avait choppé ton poignet au vol pour te tirer vers lui avant de sortir un cran d'arrêt, te menaçant de lui donner ton argent.

Tu fronçais les sourcils et tentais de donner des coups dans l'épaule de ton agresseur mais tu n'avais pas réellement beaucoup de force... Pour ne pas dire pas du tout. Et puis, haut perchée sur tes talons, tu n'arrivais pas vraiment à tenir l'équilibre... Sans parler de glace. Voilà que tu commençais à regretter d'avoir menti à tes parents. C'était donc ainsi que le Seigneur te punissait pour vivre ta double vie ?

Tu essayais de crier à l'aide mais aucun son ne sortait de ta bouche. Fort heureusement, une âme charitable s'empressa de donner un coup dans la tête de ton agresseur qui te lâchait automatiquement. Tu perdis l'équilibre dans le feu de l'action mais tu étais trop occupée à regarder la bagarre pour penser à te relever. Tout se passa très vite car celui qui était venu t'aider n'y avait pas été de main morte... Si bien que ton agresseur détala comme un lapin.

- Cheh ! Et qu’tu recroise pas ma route ! Bouffon va !

Tu l'observais de haut en bas. Bon, le prince charmant venait apparemment de la banlieue mais tu n'allais pas cracher sur ce petit coup de pouce... malgré le langage peu agréable aux oreilles. Tu te relevais tandis que tu remarquais qu'il avait un portefeuille en mains... Certainement celui de ton agresseur. Lorsqu'il se tourna vers toi, tu regardais ailleurs comme gênée de croiser son regard... Il était en sang et remarquais plusieurs coupures sur son visage.

- Quoi ? T’a un problème ?

- Oh hum... Non, non, bien sûr que non. Merci de m'avoir aidée.

Que pouvais-tu dire de plus ? Un certain silence s'installa entre vous deux alors tu baissas simplement le regard, gênée de cette situation... Tu pinçais une nouvelle fois les lèvres et décidais de contourner de le jeune homme pour reprendre ta route. Néanmoins après quelques pas, tu t'arrêtas net avant de tourner vers lui et faire marche arrière. Tu te plantas devant lui, sortant un mouchoir en tissu de ton sac à main pour lui tendre... Tu n'avais malheureusement pas de glace pour apaiser la douleur.

- C'est très gentil ce que vous avez fait pour moi. Pourrais-je vous demander un petit service... Tu étais légèrement hésitante. Je crains de faire de mauvaises rencontres à nouveau... Pourriez-vous m'accompagner jusqu'à chez moi ? Je... Je pourrais même vous payer entre contrepartie !

Tu venais de tendre le morceau de tissu blanc afin qu'il puisse nettoyer les gouttes de sang sur son visage. C'était le minimum que tu pouvais faire pour l'aider... Bon, tu te doutais bien qu'il ne dirait pas non à un petit billet mais tu avais encore un service à lui demander ; tu aurais bien voulu qu'il te raccompagne jusque chez toi... Au cas où. Il ne semblait pas spécialement ravi mais lorsque tu évoquais une petite récompense à la clé, son regard semblait être moins sévère.

- J’ai fait ça pour l’argent, te berce pas d’illusions. Alors ne dit plus que j’suis un gentil.

- Oh... hum... d'accord.

Tu pris ton air étonné, ne semblant pas comprendre pourquoi il réagissait de cette manière en évoquant le fait qu'il était "gentil". Ce n'était pourtant pas une insulte mais il avait rapidement mis les points sur les i et surtout mettre en avant le fait qu'il acceptait ce service uniquement pour l'argent. Comme appréciait le dire tes parents et ta sœur, on pouvait tout faire avec de l'argent... La plèbe, comme ils aimaient dire, n'était attirée que par la possibilité d'obtenir un peu plus pour leur misérable vie. Tu devais quand même reconnaître qu'ils avaient raison. Les billets faisaient office de carotte.

- Vous les bourges vous savez comment parler aux pauvres gars dans mon genre. Allez j’te suis princesse. Je me charge de cogner ce qui s’approche de trop près.

- Je vous remercie, c'est gen... aimable.

Ce n'était pas une insulte d'être aimable, si ? Sans perdre un instant, tu commençais à avancer dans la direction de ton Manoir ; vous n'étiez qu'à une dizaine de minutes à pieds mais la fatigue, le froid et la peur allaient certainement retarder votre avancée. Alors que vous avanciez de quelques pas, tu sentis quelque chose d'assez lourd se poser sur tes épaules ; tu remarquais rapidement qu'il s'agissait de sa veste en laine. Sûrement avait-il remarqué que tu avais froid dans cette tenue, non adéquate pour l'hiver. Décidément, ce n'était peut-être pas le gros dur qu'il montrait.

- Hum sinon... Quel est votre nom ? Tu fis une courte pause. Pardon, je ne me suis pas présentée ! Je me nomme Théoxane Gabrielle de Salois.

C'était une identité un peu pompeuse mais tu avais prise l'habitude de te présente ainsi... Enfin, tu faisais l'effort lorsque tu étais à la faculté et beaucoup de te camarade préférait te surnommer Théo. Moins solennel que ton prénom complet. Tu trouvais que ce surnom te rendait beaucoup trop masculine mais on ne pouvait pas dire que Théoxane était un nom que l'on entendait souvent... D'ailleurs, on te faisait remarquer que tu étais la première Théoxane que les gens rencontraient.

- Puis-je vous demander pourquoi vous êtes dehors à une heure pareille ?

Tu pouvais parler... ! Mais tu essayais de faire la conversation du mieux que tu pouvais.  

- Ambrose. Pour le nom. Duncan si tu voulais juste le prénom. Et t’excuse pas pour des broutilles, les apparences ça regarde que les bourges, moi je m’en care pas mal.

Tu pinçais les lèvres, légèrement déçue qu'il te range dans la même catégorie que les "bourges". Mais finalement, c'est ce que tu étais. Tu avais beau essayer de te donner une autre image, tu n'arrivais pas à te défaire de ces manières que tes parents t'avaient inculqués... D'ailleurs, rien que ton nom respirait la bourgeoisie ! Duncan ne manqua pas de faire la remarque sur la longueur de celui-ci avant de le raccourcir au diminutif de "Princesse", ne manquant pas de faire observer que ça collerait mieux à ton titre.

- Techniquement, même si je suis descendante de Louis XIV, je ne peux plus prétendre à ce titre puisque nous ne sommes plus en Monar...

Tu te stoppais, te rendant compte que ce n'était peut-être pas ce qui l'intéressait... ce qu'il ne manquait pas de dire d'ailleurs. Tu devais reconnaître qu'il avait des manières un peu brutales de dire les choses et de résoudre ses problèmes mais tu étais au moins fixée sur ce qu'il pensait... L'Histoire, ce n'était pas son truc. Tu croisais les bras pour tenter de te réchauffer avant de demander les raisons de sa présence dehors, à une telle heure. Bon, tu ne pouvais pas te permettre de le sermonner pour plusieurs raisons.... Mais tu voulais essayer de faire plus ample connaissance avec ton bienfaiteur.

- J’fuis mon lieu de travail que j’ai trop vu pour la journée. Et toi princesse ? Tu fout quoi à cette heure, dans une telle tenue en plein hiver, dans les rues malfamées de Paris ? Tu voulais te faire draguer ou te sentir au centre de l’attention ? Le genre de problèmes de bourges ?

Tu fronçais les sourcils, une nouvelle fois déçue de l'image qu'il avait de toi ! Il ne te connaissait même pas qu'il t'inventait déjà des problèmes ! Néanmoins, tu devais quand même avouer que tu t'étais faite remarquer avec ta longue robe rouge... D'ailleurs, quelques étudiantes t'ont fait remarquer que ce n'était pas une tenue adéquate pour une fête étudiante tandis que les jeunes hommes te faisaient beaucoup de regards en coin. Il n'avait pas tort... Tu avais été le centre de l'attention ce soir.

- J'étais... à une fête étudiante.

Maintenant que tu le disais à voix haute, tu te sentais encore plus idiote. Tu baissais ton regard vers ta tenue ; les talons hauts et la robe longue rouge faisaient plutôt penser à une sorte de gala de charité. Tu espérais que tes parents ne soient pas encore debout afin de ne pas avoir à leur expliquer les raisons de cette tenue... Tu avais prétexté une soirée avec les filles du club d'équitation mais ça ne voulait pas dire qu'il s'agissait d'ne fête ! Ils s'attendraient à ce que tu portes ta tenue d'équitation. Surtout avec ce temps.

- Vous travaillez dans quel secteur ? Tu fis une courte pause. Si jamais nous croisons mes parents, pourriez-vous ne pas leur dire où j'étais ? S'il vous plait.

Tu avais bien raison, il n'était pas intéressé par un petit cours d'Histoire concernant ton titre... N'oubliant pas d'ailleurs de préciser que la finalité était la même pour tous les êtres vivants. Bien que, même dans la mort, la richesse et le prestige pouvait suivre. La taille des tombes ou des caveaux prouvait bien la notoriété de la famille... Même mort, l'argent pouvait se montrer injuste. Après cette petite mise au point, tu annonçais la vérité sur le lieu mais tu sentais bien à sa réaction qu'il te jugeait fortement.

- Bwahahaha ! Une fête étudiante ? HAHAHA ! Oh la dinguerie ! Eh princesse, faut revoir un peu ton éducation de jeune. T’es canon ok, mais à une soirée étudiante on se sort le balai du cul et on y va chill. Genre j’sais pas, avec l’argent que t’a, tu peux bien te permettre un relooking non ?

- Qu'est-ce qui ne va pas avec ma robe ?

Tu fronçais les sourcils en ne comprenant pas la remarque. Cette robe n'était pas donnée tout de même ! Et concernant un relooking, tu n'en avais pas réellement besoin... Tu portais des vêtements de la marque Agreste et ses stylistes ne manquaient pas de te faire remarquer lorsque tu portais un vêtement de mauvais goût alors non, tu étais à la mode. Et puis, qu'est-ce que voulait dire chill ?

- J’suis cuistot dans un p’tit restau asiatique dans le 13ème, mais je recherche un job à côté pour arrondir les fins de mois. Et le mensonge coûte plus cher princesse, surtout quand le mensonge te permet d’éviter tout un tas de questions gênantes. Je sais, je suis cher comme garde du corps et garde mensonge, mais tu seras jamais déçu.

- Soit. 50€ de plus pour votre silence, ça vous suffirait ?

Beaucoup seraient capable de dire que tu jetais l'argent par les fenêtre mais pour garder ton secret, tu serais capable de donner des mille et des cent. Vous avanciez jusqu'à arriver devant ton grand Manoir ; les lumières du salon et de la salle de réception étaient encore allumées. Tes parents ne devaient pas dormir et tu allais devoir trouver une excuse en béton pour éviter les questions. Tu commençais à sortir ta pochette pour sortir les billets...

- Hum... 300€, ça vous irait ?

Tu tendis la liasse de billets de 50€ sans réellement savoir si il souhaitait avoir plus ou moins. Néanmoins, tu serais dans l'impossibilité de donner plus, tu n'avais plus le moindre billet dans ta pochette... Tu n'avais pas prévu de dépenser une telle somme en une seule soirée ! Tu t'apprêtais à lui souhaiter une bonne soirée et le remercier pour ce qu'il avait fait pour toi... Mais le bruit de la porte d'entrée s'ouvrant d'un coup sec te fit te retourner.

- Théoxane, c'est vous ? Nous commencions à être inquiet avec votre père !

Oh non... Les ennuis commençaient. Tu te retournais vers le jeune homme, le suppliant du regard de ne pas dire un seul mot. C'était à toi de gérer cette situation avec le mensonge que tu avais prévu... Ton père suivit de très près ta mère pour se placer devant toi, attendant tous les deux des explications concernant ce retard.

- Oh hum... Je suis restée un peu plus longtemps à mon cours d'équitation. Dylane avait organisé une petite fête avec les autres filles du club et je n'ai pas vu le temps passer... Je suis rentrée à pied et j'ai fais une mauvaise rencontre, alors Duncan m'a aidée et m'a raccompagnée.

- Duncan. Répondit ma mère avec un ton légèrement sarcastique.

C'est vrai que vous ne connaissiez pas beaucoup de Duncan dans votre entourage. Les garçons avaient tendance à porter des prénoms comportés ou plus... plus cliché français dira-t-on. Et si ta mère manquait cruellement de courtoisie, ce n'était pas la même chose du côté de ton père qui s'empressait de venir tendre sa main et lui proposer de partager un petit Bourbon 12 ans d'âge pour le remercier. Tu te tournais vers Duncan... Non convaincue que ce soit une bonne idée de bavasser avec tes parents.

- Oh, je crois que Duncan est occupé... Il est cuisinier et il dois se le...

- Allons, juste un verre ! Cuisinier donc ? Vous avez votre propre restaurant ?

Et voilà que ton père avait posé une main dans le dos de Duncan pour le traîner poliment à l'intérieur tandis que ta mère te jetait un regard glacial ; ne manquant pas d'observer de haut en bas ta tenue. Avait-elle cru à cette histoire de soirée avec les filles du club d'équitation ? Tu avais quelques doutes.