La méditation guérit les troubles de l'âme (Pv Lisbeth Cárthaigh - Fin Janvier)

Lisbeth n’était pas du genre à se laisser aller dans sa vie, bien au contraire, elle était toujours occupée, à chercher quoi faire. C’était un peu son quotidien, les cours, ses séances de boxes, prendre soin de ses deux filles, s’occuper de la maison, beaucoup de chose que devait gérer une mère célibataire. Elle avait une fois essayé de s’enticher de quelqu’un, mais cela n’avait pas fonctionné, c’était même pire que cela, Lisbeth avait été blessée par son attitude incohérente. L’amour était bien, mais la réalité était bien différente, elle ne voulait plus avoir à souffrir encore de ces choses-là, donc elle préférait ne plus y penser. Au pire, vivre toute seule, ce n’est pas si mal, non ?

Janvier avait commencé depuis quelques semaines maintenant et on se rapprochait de la fin de celui-ci. C’était agréable de se dire que le mois était passé si rapidement, avec des étudiants bien plus attentifs que sur le mois précédent. Souriante, elle donnait ses cours avec ardeur et envie puis le soir, elle ramenait ses filles chez elles et partait pour sa séance de boxe. La borgne en faisait 4 fois par semaine, elle avait besoin de cela pour se défouler et envoyer balader tout ce qui la blesse et la saouler. Une étrange façon de faire, n’est ce pas ?

Oui, vous vous demandez comment une borgne pouvait faire de la boxe avec un œil en moins ? Eh bien, vous serez surpris de voir l’efficacité et l'adaptabilité de Lisbeth dans ce domaine. Elle adorait cela, pouvoir montrer à ceux qui la critiquaient qu’elle n’était pas une jeune fille en détresse. C’était satisfaisant et qu’est ce que cela faisait du bien de pouvoir faire taire les personnes qui l'insultaient.

Quand elle ne s'entraînait pas à la boxe, qu’elle donnait les cours de philo ou s’occupait de ses filles et de la maison, elle s'entraînait avec Edd, pour continuer à s'améliorer à la maîtrise de son arme et du combat. Elle n’était pas très douée à ses débuts, puis contre toute attente, elle avait bien appris à force de s'entraîner et de suivre les conseils de son kwami. Rassurez-vous, elle ne pouvait pas lui parler quand elle était transformée, elle avait ses conseils quand elle s’entraînait avec un similaire de son arme. C’est fou comme son kwami était vraiment à fond de son entraînement, il était de très bon conseil pour elle.

Ce jour-là, Lisbeth passa la matinée à corriger les copies de ses élèves, car oui, elle leur avait demandé de faire une rédaction sur le livre qu’ils avaient lu pendant les vacances d’hiver. Beaucoup avaient amélioré leurs écrits et leurs réflexions, augmentant leurs moyennes dans sa matière de 4 points. D’autres cependant n'avaient pas du tout le même niveau et cela se ressentait, c’était encore brouillon, un peu incertain. Lisbeth était très contente de l’évolution globale, même si elle savait qu’avec les retardataires, elle allait devoir les aider un peu plus.

Entre les cours, généralement elle faisait une pause-café, ajoutant son ingrédient secret, cependant ce jour-là, elle avait plutôt décidé de faire autre chose. Depuis quelques mois, Lisbeth avait commencé à donner des cours de méditation pour ceux qui voulaient, c’était une demande de ses élèves et de certains collègues qui n'arrivaient pas à comprendre comment la jeune professeur arrivait à garder son calme et sa sérénité aussi longtemps. C’est ainsi que naquit les cours particuliers de Lisbeth. Des fois, il y avait du monde, parfois non, tout dépendait des moments, mais généralement, Lisbeth faisait cours même s’il n’y avait personne, elle avait besoin de ce moment de paix.

Après quelques minutes à être assise et vider son esprit, Lisbeth entendit une petite voix pas loin de sa position. Ouvrant son œil, elle remarqua une jeune femme brune cherchait de la tête une personne. Penchant la sienne, elle s’étira un peu avant de reprendre sa position et dit avec un petit sourire en refermant son œil.
           

       
Lisbeth continua de sourire en lui faisant un signe de la tête. Il n’y avait personne à part elle dans ce gymnase. Ce qui était bien, c’est que personne n’allait prendre ce gymnase de la journée, elle allait pouvoir en profiter à fond.



Sur le sol, devant elle, Alice pourra voir quelques petits pouf, mais aussi des tapis, selon les gouts de chacun et son besoin de confort. Elle peut aussi entendre une petite musique calme et posée, la mélodie ressemble actuellement a des bruits de vagues s'écrasant sur la mer.

Lisbeth était une femme travailleuse et maman en même temps, c’était donc assez difficile de pouvoir gérer tout ceci sans avoir un moment où tout explose. C’est pour cela que la jeune professeur se mit à tester de nouvelles choses, de nouvelles méthodes, pour essayer de comprendre la subtilité du calme et de la sérénité. D’ailleurs, c’était assez drôle de voir ses élèves et ses collègues lui demander comment elle faisait. Elle ne l’avait découvert que depuis quelques mois et pourtant, cela avait l’air de faire son effet auprès des autres, pour son plus grand bonheur. Face aux difficultés de la vie, il est parfois nécessaire de savoir méditer sur son interne et pouvoir voir les choses d’un point de vue différent.

Mais on s’égare, ce n’est pas vraiment le moment de penser à tout cela. Après tout, la jeune professeur avait une mission à faire, c'est-à-dire pouvoir amener d’autres personnes à pouvoir se détendre et voir la beauté des choses en mettant de côté ce qu’il ne va pas. C’est pourquoi la jeune brune était assise dans une partie de la pièce, une musique apaisante emplissant le lieu tandis que ses yeux fermés commençaient à la propulser dans sa zone à elle interne. Lisbeth aimait vraiment ces rares moments de solitude et de silence, juste entre elle et ses pensées.

Une porte fait résonner la présence de quelqu’un dans ce lieu privilégié. Ouvrant son œil, la brunette remarqua une élève qui la regardait, un peu curieuse de ce que la borgne faisait. Elle allait donc avoir une nouvelle élève dans sa secte fermée de méditation ? Souriant un peu tout en refermant son œil, elle hocha la tête à la réponse de la jeune élève et lui fit un signe de tête de la rejoindre si elle le désirait.

Sentant que la jeune femme n’avait pas bougée d’un iota, la jeune philosophe rouvrit son œil, gardant la pose et plonge son regard visible dans celui de la demoiselle avant de réfléchir un moment. C’était une question intéressante mais aussi assez flou.. Elle voulait gérer ses responsabilités ? Ce n’était pas vraiment le but de la méditation… Un peu curieuse, Lisbeth allait en demander plus, mais face au visage que montrait la jeune brune, Lisbeth abandonna l’idée et préféra répondre à ses interrogations et à ses craintes.
           

       
Lisbeth arrête sa méditation pour reprendre une position normale et lui fait un signe de la main de la rejoindre devant elle, lui faisant également signaler qu’il faut enlever les chaussures avant de monter sur le tapis.



La professeur prit doucement la main de l’élève et la serra dans la sienne avant d’afficher un nouveau sourire plein de compréhension et de sagesse.



Lisbeth relâche la main de la nouvelle arrivante avant de s’étirer un peu et se fait un peu craquer la nuque, changeant la position de ses jambes pour ne pas avoir une crampe et retourne son attention vers la jeune fille.



Un sourire maternel se lit sur son visage et aussi beaucoup de fierté et d’amour. À l’instant T, une aura de bienveillance et de douceur enveloppe Lisbeth.

Lisbeth fit signe à cette jeune femme de la rejoindre sur son terrain, qu’elle s’approche pour pouvoir profiter de son enseignement légendaire. La borgne arpentait sur son visage le même sourire, tantôt bienveillant, tantôt chaleureux. Elle ne voulait pas faire peur à cette pauvre brebis égarée. Chacun avait sa raison pour venir profiter de ces petits cours, certains pour se détendre, d'autres pour penser à autres choses et parfois, y en avait même qui venait pour échanger avec elle et se confier. Elle ne savait pas encore pourquoi cette brunette venait avec elle dans ce lieu, mais une chose est sûre, si elle devait parler de quelque chose, elle l'écoutait avec grand plaisir.

La jeune fille finit de se présenter, elle s’appelait donc Alice ? C’était un très joli prénom. Maintenant, que les deux jeunes femmes connaissaient le prénom de l’autre, la belle professeur la laissa s’installer devant elle, vérifiant qu’elle enlève bien ses chaussures et sourit en voyant qu’elle le fait bien.

Lorsqu’elle commença à expliquer ses petits soucis, la jeune professeur sourit en écoutant ce que la nouvelle venue avait à dire. Elle avait le pressentiment que cette personne avait beaucoup de choses sur le cœur, mais aussi que son esprit était brouillé par des émotions bien néfastes. Lisbeth hocha la tête et ne dit rien pour le moment, attendant qu’elle finisse de dire tout ce qu’elle avait sur le cœur.

Lisbeth sourit légèrement, elle avait vu juste, elle avait un besoin de trouver une méthode pour essayer d’alléger le poids des responsabilités et de ses études. Elle se vit en elle pendant quelques instants, lorsqu’elle se cherchait encore et ne savait pas trop quoi faire et où allait. À l’époque, un professeur de philosophie l’avait sauvée, est ce qu’elle serait ce sauveur pour cette jeune femme ?
           

       
Lisbeth avait bien ressenti l’urgence de sa demande et le ton suppliant de celle-ci, était-elle son dernier espoir ? Lisbeth ferma un instant les yeux pour essayer de transmettre un peu de chaleur via ce contact entre leurs mains. Lorsqu’elle les rouvrit, elle découvrit que la jeune femme en face d’elle était devenue légèrement rouge, ce qui fit un peu rire Lisbeth. Elle n'avait pas l’air vraiment à l’aise avec ce genre de contact soudain, mais finalement elle avait accepté ce contact.

Alice commença alors par demander de l’aide, un supplice que Lisbeth avait ressentie à une époque bien sombre dans sa vie. Son sourire s’attrista un peu plus et elle posa doucement son autre main sur la sienne, essayant de lui transférer de la chaleur pour la réconforter. La recherche de sa place dans ce monde est un combat tellement long et sans scrupule... Que lui serait-elle arrivée si elle n’avait pas eu le soutien de son professeur à l’époque ? Lisbeth ne le savait que trop bien et cela l’effrayer.



Un petit sourire se voulant rassurant se dessina de nouveau sur son visage attendri. C’est fou comme cette enfant lui rappelait son elle du passé… Un peu différent, mais quand même vachement présent. Lâchant sa main finalement, Lisbeth écouta de nouveau attentivement les paroles de la jeune Alice. Et ce qui la fit tilt, c’est sa comparaison avec sa mère…Sa mère était différente ? La borgne pencha sa tête sur le côté et essaya de comprendre ce que cette étrange demoiselle pouvait cacher. Allait-elle la forcer à parler ? Bien sûr que non, ce serait totalement contre productif…Par contre, elle va lui faire comprendre que si elle a besoin de parler à cœur ouvert, elle sera là pour l’écouter. Après tout, qui mieux qu’une mère pour comprendre ce genre de chose ?



Lisbeth prit un moment de pause et se remit en position du lotus, lui intimant la possibilité de faire pareil. Elle mit chacune de ses mains sur ses cuisses en formant des cercles avec deux de ses doigts.



Souriant légèrement, la professeur regarda si la demoiselle faisait ce qu’elle avait indiqué et si oui, elle fermera ses yeux et commencera également son exercice.

Assise sur son tapis, le regard fermé en attendant que la jeune femme ne s’installe, Lisbeth ne mit pas très longtemps à comprendre ce qu’il se passait dans la tête et dans le cœur de la jeune femme. Les responsabilités, le doute, la peur, la jeune maman connaissaient très bien ces sentiments, même si ce n’était pas dans les mêmes circonstances. Dans un silence respectueux, Lisbeth ne pressait nullement cette pauvre jeune femme, bien au contraire, elle lui donnait le temps et l’espace dont elle avait besoin pour réfléchir et répondre quand elle le souhaitait.

Ne bougeant nullement, Lisbeth rouvrit les yeux pour regarder la jeune femme qui l’avait maintenant rejointe et positionnée. Écoutant attentivement ses paroles, Lisbeth fronça un peu les sourcils. De ses attentes ? Lisbeth n’attendait rien du tout, bien au contraire. Cette simple parole donna encore plus de détails sur la situation émotionnelle de la demoiselle. Secouant doucement la tête, Lisbeth prit la parole pour préciser quelque chose d’important à l’étudiante.
           

       
Affichant un léger sourire, la maman la regarda avec énormément de tendresse et de compréhension. Elle avait l’impression de se revoir jeune, quand elle était perdue entre ce que les autres attendaient d’elle et ce qu’elle attendait elle-même. La mission allait être longue et sans doute semée d'embûches, mais quand sa propre personne en avait eu besoin à l’époque, son mentor a toujours été là. Trouvant cette mission très intéressante et lui remémorant de nombreux souvenirs, Lisbeth changea de position pour se mettre plus à l’aise et ainsi montrer qu’elle était bien ouverte à la discussion.

Le contact entre leurs mains avait réussi à calmer la jeune femme, elle le voyait, ses épaules s’étaient naturellement détendues et son visage ne semblait plus aussi tendu. Restant ainsi un petit moment pour lui montrer qu’ici, il n’y avait que de la bienveillance, la brune lui précisa une chose qui fit sourire la jeune maman. C’était un défi ? Elle le voyait comme t-elle ! Lisbeth n’était peut-être pas une professionnelle dans ce milieu, mais elle avait déjà fait ses preuves auprès d’autres étudiants et étudiantes. D’ailleurs, c’était très drôle de se dire qu’elle était devenue la maman de bien plus de personnes qu’elle ne l’aurait imaginée.



Faisant un petit clin d'œil de camaraderie, la maman borgne se voulait rassurante, même si son caractère de filoute revenait assez souvent, sur ce coup-là, elle ne voulait pas du tout l’effrayer. Elle était encore perturbée de voir qu’elle se voyait à travers ses yeux... C’était troublant... Fermant les yeux, Lisbeth ressentit des émotions qu’elle avait éprouvées y a un an et demi, quand elle perdit son fils de cœur, disparut du jour au lendemain sans laisser de traces.

Secouant la tête, Lisbeth reposa les pieds sur terre, ce n’était pas le moment, il y avait tellement de choses d’autre à penser, des choses plus positives. Sentant un regard se poser sur elle, Lisbeth plongea son œil dans ce regard criant a l’aide. Cela bouleversa de nouveau notre maman au grand cœur. Serrant un peu plus la main sous la sienne, Lisbeth regarda avec beaucoup de douceur.



Alice reprit la parole juste après, comme si d’autres points semblaient troubler. Écoutant attentivement, Lisbeth enleva sa main de celle de la jeune femme pour commencer l’exercice, écoutant avec attention ce qu’elle avait à dire. Elle avait une pression sur les épaules, c’était certain…Et en plus, à en voir son discours, il est clair qu’il y a des choses qu’elle ne disait pas où qu’elle ne pouvait pas révéler ainsi. Lisbeth était un peu intriguée, mais sa raison fut ramenée assez rapidement. Il était hors de question de poser des questions, elle était là pour écouter et non pas pour questionner.

Ouvrant un œil de temps en temps pour voir si elle arrivait à se mettre en position, un petit sourire apparut sur son visage en voyant la jeune femme essayait tant bien que mal à prendre la pause. On peut dire qu'elle n'était pas simple non plus, mais c’était la plus efficace.  

Une fois certaine qu’elle avait réussi, elle laissa une dizaine de minutes de silence, où l’on pouvait simplement entendre le bruit d’inspiration et expiration. La longueur de l’exercice était normale, le fait d’être dans un environnement sécurisant sans aucun bruit autour à part le bruit de l’eau qui coule, provenant de son téléphone, et de leurs respirations respectives permettent un isolement sensoriel incroyable.

Une fois l’exercice fini, Lisbeth rouvrit les yeux et reprit la parole, avec sa même voix douce et chaleureuse.



Puis elle prend une inspiration, expire et reprend la parole.



Hochant la tête, Lisbeth s’étira un instant les bras et remit les mains au niveau de ses propres genoux, referma les yeux et prit une nouvelle grande inspiration.



Lisbeth prend donc une grande inspiration, mettant en place dans sa tête tout ce qui lui pèse sur les épaules, puis une fois prête, relâche tout et commence à parler.