Paris Plage [PV Libre]

Laureline voulait simplement se détendre sur la plage improvisée et surveiller d’un œil discret sa petite sœur qui était connue pour faire des petites blagues et embêter les gens. Elle connaissait sa sœur par cœur, c’était grâce à elle qu’elle était rentrée dans cette merveilleuse famille. Elle lui en serait éternellement reconnaissante pour cette gentillesse. Mais contre toute attente, la demoiselle fit rapidement irruption dans une conversation entre sa petite soeur et une jeune femme grande et… forte d’apparence ? Elle n’avait pas peur de la dame, bien au contraire, elle était plutôt du genre à être fascinée par tant de prestance. Cependant, Gabrielle avait réussi à l'énerver et en prenant sa défense, elle eut un regard froid comme remerciement.

Ne restant pas là une seconde de plus, elle reprit son barbotage sur sa petite bouée de fortune et commença à naviguer un peu plus loin. L’eau était vraiment bonne et ce serait dommage de ne pas en profiter. Puis sa petite sœur était assez grande pour se surveiller un moment, non ? Rien de bien grave ne pourrait se produire, hein ?

Eh bien, détrompez-vous, le pire arriva sans même que Laulau puisse réagir d’une quelconque manière. Avant même de se rendre compte de la situation, il était trop tard. Une vague la fit chavirer de sa bouée, la laissant seule dans le lagon parisien. Essayant de chercher sa bouée d'un regard paniqué, elle tenta la nage du désespoir, la nage du chien. Mais plus le temps passé, plus la fatigue commence à envahir ses muscles encore endoloris par l’exercice du jour.

Se débattant du mieux qu’elle pouvait, essayant de garder la tête hors de l’eau, la peur commença à monter dans son esprit. Elle eut alors une peur incommensurable de commencer à l'envahir d’une violence inégalée. Elle était effrayée par l’eau qui l’entourait et qui s'engouffrait dans sa bouche sans qu’elle ne puisse rien y faire.

Dans ce moment de désespoir, une petite voix fit son apparition, elle la reconnaîtrait entre mille. Sa petite sœur venait à son secours, elle voyait une petite tignasse blanche se rapprocher comme elle le pouvait. Laureline essayait de suivre son conseil, mais la fatigue dans ses jambes commençaient à lui faire ralentir les mouvements et à s'enfoncer doucement sous l’eau.

Elle ne voyait rien en dessous, elle remontait à la surface, mais ce fut son dernier jeu de jambes de force, elle commençait doucement à se laisser entraîner dans les fins fonds de l’eau parisienne.

Laureline ressent un soudain flux de tristesse et de souvenir qui se faufilèrent dans sa tête. Elle avait échappé à tellement de choses négatives dans sa vie, alors pourquoi… Pourquoi aujourd’hui elle devrait disparaître ainsi ? Elle se souvenait de ses moments joyeux, de ses moments tristes, de ses cris, de son désespoir, de son espoir et de son amour pour les gens qu’elle appréciait vraiment. Laureline regretta presque d’avoir été aussi loin de la berge pour profiter d’un peu de barbotage. Une dernière bulle d’air s’échappa de ses lèvres et ses yeux commencèrent à se fermer.

Elle peut cependant voir une chose, une silhouette massive s’approcher d’elle, la saisir et la tirer avec elle. Puis le noir complet, seul avec elle-même. Dans ce noir, il y avait des petits nuages qui apparaissaient par-ci, par-là, des papillons qui commençaient a voler un peu autour d’elle. Le noir commença à prendre une couleur bien différente et un champ d’herbe se trouva à perte de vue. Elle commença alors à se balader, gambader, sautiller et poursuivre des papillons en rigolant. Puis, une femme apparut devant elle, lui ressemblant comme deux gouttes d’eau. Elle arborait un petit sourire, en la regardant avec bienveillance.

- Bonjour madame, vous êtes vraiment trop belle !

- Je te remercie ! Mais tu sais, ce n’est pas encore ton moment, tu dois retourner d’où tu viens.

- Mais je suis si bien ici, y a des fleurs, des papillons et je me sens tellement en paix…

- Oui mais des personnes t’attendent, des personnes qui t’aiment et s'inquiètent pour toi…

- Mais je suis ici à cause de cet amour…J’ai peur d’être abandonné encore…

- Je peux te dire une chose, c’est que plus jamais tu ressentiras ce sentiment. Dans un futur proche tu deviendras une personne incroyable, alors continue d’être qui tu es et ne perd pas l’espoir que tu as mis si longtemps à trouver…

Laureline voulut dire quelque chose de plus, mais la voix de l’inconnu en face d’elle était inaudible. Elle se sentit happée en arrière, tout ce qui l’entourait commença à disparaître devant elle.

Puis elle toussa fortement, recrachant de l’eau qui était dans son corps et qui n’y avait pas sa place. Elle prit une grande respiration avant de cligner des yeux plusieurs fois en regardant autour d’elle, tremblant un peu. Ce qui avait devant elle ne ressemblait plus du tout à ce qu’elle avait vu dans son rêve…C’était si réel, qui était la personne en face d’elle dans ce songe si étrange ? Elle lui ressemblait tellement, si belle et gentille, elle avait une aura si bienveillante.

Reprenant ses esprits, elle se mit à pleurer doucement, se frottant les yeux et remercia le ciel pour l’avoir sauvé. Elle ne savait pas pourquoi pendant un instant elle aurait voulu rester dans ce monde si parfait, mais étrangement elle se sentait beaucoup plus en paix avec elle-même. La dame de cet instant incertain ne bégayer pas, ni elle d’ailleurs, c’était si étrange mais agréable. Cela lui donnait encore plus la force de se battre pour réussir à avoir une vie normale et pleine de joie.

Tournant sa tête, elle vit sa soeur très inquiète et une jeune femme qu’elle ne connaissait pas du tout. Quelques mots furent perçus par la demoiselle, mais au vue de son état, elle n’arrivait pas à en déduire le sens. Prenant sa petite sœur dans ses bras, elle fut heureuse de sentir la chaleur et son coeur battre dans sa poitrine, elle était en vie !

- Petite zoeur !!!

Laureline pleurait à chaudes larmes, comme si son âge n’avait pas d’importance. Elle était adulte maintenant, mais dans son coeur, c’était bien différent. Elle la calina un moment avant de voir une main tendue vers elle qu’elle prit sans attendre pour l’aider à se relever avec difficulté. Elle ne savait pas où elle voulait l’emmener, mais elle déduit qu’elle l’avait sauvée et donc que c’était une bonne personne. La noiraude la guida jusqu’à un transat où elle s’assit, le regard encore remplit d’émotion.