Eve Dujardin [Terminé]

Eve Dujardin est née le dix septembre deux-mille-trois en Île de France au sein d’une famille plutôt modeste. Son père jardinier et sa mère vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter ont mis de nombreuses années avant d’avoir enfin un enfant. Elle était pour eux un cadeau du ciel qu’il fallait chérir plus que tout au monde. Choyée depuis toujours, elle n’a jamais manqué de rien malgré les bas revenus de la famille.

C’est en se tuant à la tâche que ses parents ont pu lui offrir une bonne éducation, notamment grâce à des écoles de renoms ainsi que des cours de violon. En plus de cela, sa mère trouvant la beauté de sa fille indéniable, la faisait participer à divers concours de beauté. Eve avait tout pour elle et tout pour plaire. C’était une enfant brillante et souriante. Elle croquait la vie à pleines dents dans un cocon familial rassurant et soudé.


C’est au collège que les soucis sont arrivés. Le corps de Eve s’est développé un peu plus rapidement que les autres. Elle était grande et fine ce qui attisait la moquerie de ses camarades. On la surnommait le fil de fer. Cela peu paraitre dérisoire mais ces années furent les plus difficiles à supporter. Cependant, elle pouvait compter sur le soutien de ses parents, et encore une fois de sa maman qui lui montrait que sa différence était sa force et que la moquerie naissait de la jalousie.

Elle continua alors à la pousser vers des concours de beauté, lui apprenant les bonnes manières dignes des plus grandes dames de la haute société. Eve avait cette façon de parler qui agaçait les jeunes, un léger accent de bourgeoise alors qu’elle en était bien loin. Arrivée au lycée, les moqueries se sont atténuées mais l’hypocrisie grandissait. A mesure où ses réseaux sociaux gagnaient en followers dû à son ascension du concours départemental au régional, elle s’isolait ne parvenant pas à se lier d’amitié avec qui que ce soit.

Le fait le plus marquant de sa vie, du haut de ses dix-huit ans, fût tout de même son élection en tant que Miss Île de France. Tant d’années à rêver de ce jour, à se préparer physiquement et mentalement. Car oui, on a beau dire, mais être Miss ne se résume pas à « soit belle et tais-toi ». Il y a une multitude de critères à respecter. Bien qu’elle fût habituée depuis toute petite à ce genre d’évènement, l’écharpe à la clé était beaucoup plus importante que les précédentes. Eve était déjà connue en régional car on ne peut prétendre à ce titre sans bagages.

On peut dire qu’elle faisait partie des favorites, apparemment cela aide énormément… Derrière le sourire de toutes les participantes se cachait rivalité et jalousie. La compétition faisait rage, la tension était à son comble. Bien loin des costumes de super-héros, Eve avait enfilé le sien, la fameuse prestation en maillot de bain. Pour le coup, ce n’était pas la meilleure, mais elle se démarqua de part son discours et son envie de « donner le sourire aux enfants dans les hôpitaux en jouant du violon ». Son élocution parfaite, son léger accent et son naturel, tout y était.

Mais ce n’était qu’une victoire, car la guerre n’était pas terminée, l’an prochain aura lieu l’élection de Miss France et pour cela, Eve vise une nouvelle fois la première place.


Eve avait pris l’habitude qu’on la pointe du doigt, jugeant son physique, lui étiquetant l’image de la jeune fille orgueilleuse. « Elle est jolie mais elle se la pète ! », « Mouais, elle n’est pas si fraiche… », « Mais qu’est-ce qu’ils lui trouvent ? Elle est éclatée ! ». On peut dire qu’elle était rôdée… Cela lui arrivait effectivement d’être touchée personnellement par ces attaques, mais lorsqu’on fait des concours, il faut savoir accepter le jugement, même lorsqu’il se mêle à la méchanceté.

Passionnée par la musique, notamment par le violon, c’est tout naturellement que la jeune fille se dirigea vers le Conservatoire de Paris pour poursuivre ses études dans l’espoir qu’un jour elle puisse vivre de son rêve. Incomprise, elle fuyait la réalité et les propos haineux en jouant de la musique dès qu’elle le pouvait. Elle s’intéressait quelque peu aux héros en ville. Une once de jalousie parcourait son être. Ils étaient admirés sans forcément avoir une trainée de haters. Mais elle se retrouvait en eux. Elle aussi devait porter un masque et faire semblant, sourire à outrance, accepter la critique, le danger en moins.

En revanche, elle ne parvenait pas à se défaire de l’idée que les héros devraient en profiter beaucoup plus. Lorsqu’elle songeait à tout cela, s’imaginant être à leurs places, elle se voyait user et abuser de cette notoriété, ou pire même, de ces pouvoirs grandioses. Les attaques du Papillon lui faisaient tout de même peur car on peut profiter de manière égoïste de quelque chose sans forcément traumatiser une ville entière ou s’attaquer à des innocents. Mais en soit, le Papillon, a certainement ses raisons…