[Event] Création des cousins d'Olaf (PV Ethan)

Malgré le froid mordant et la neige qui recommençait à tomber, Ivy semblait de très bonne humeur. Elle détestait les fêtes de fin d’année depuis la venue au monde de ces infâmes jumelles. Leur bonheur et leur douce naïveté agaçaient la jeune dame. Aussi, à l’idée de détruire tant de gaieté le jour de Noël, Ivy en jubilait d’avance. Ne s’était-elle pas donnée le doux nom de Desorrow après tout ?

Gâcher les festivités en leur jouant un tas de mauvais tours sera amusant, certes, mais pourquoi s’en tenir aux jumelles lorsqu’on peut faire de même au monde entier ? Elle était donc en route pour le marché de Noël, chaudement vêtue – pour une fois –, lorsque sa bague Alliance se mit à sonner. Zoé venait de lui envoyer un message vocal, avec une petite voix qui en disait long sur son état.

« Désolée Ivy, mais je vais pas pouvoir venir. Elena m’a refilé sa grippe, je crois. Là, je suis clouée au lit avec quarante de fièvre et des belles courbatures... »

Autrement dit, il allait falloir reporter leur charmante promenade amicale à une date ultérieure.

Faire mine de te sentir bien alors que ce n’est pas le cas aurait été stupide, en effet : ton état se serait dégradé davantage.

Alors Ivy excusa Zoé, faussement compatissante, et lui souhaita un bon rétablissement tout en réfléchissant. Rentrer à la résidence et devoir supporter Jessy et Lily ? Il n’en était pas question : plutôt se laisser akumatiser par Papillon que de passer une minute de plus en leur compagnie. Ne pas s’y rendre, pour si peu ? Elle trouvait que ce serait fort dommage.

Des rêves remplis d’espoir et d’insouciance, il y en avait tant à briser en cette période de l’année. Unir ses forces à celles de Papillon aurait rendu ce moment bien plus palpitant, certes. La jeune dame traversa prudemment une route couverte de verglas, plutôt partagée quant à la présence du super-vilain durant les fêtes. Après tout, peut-être que Papillon avait une famille ? Il avait bien le droit de prendre des vacances de temps en temps. Tous ces efforts pour créer des super-vilains uniques devaient lui demander beaucoup de temps et d’énergie. Etait-il donc artiste dans la vraie vie, ou s’inspirait-il de quelque chose en particulier ? Triturant encore et toujours ses méninges, la jeune dame ne cessait de se poser mille questions à son sujet.

Dérapant soudain sur une plaque d’égout, Ivy se rattrapa à une clôture de jardin pour ne pas tomber. Elle tenta de se relever, mais faillit tomber à nouveau. Se casser une jambe ou ses mains bioniques à cause d’une plaque d’égout à peine visible, la honte que cela serait...

Oh oui, sa fierté en prendrait un sacré coup, assurément. Elle parvint enfin à se relever, et comprit qu’il valait mieux revenir sur ses pas en raison du verglas situé plus loin, à peine visible sous la neige. Usant de la clôture comme d’un appui, Ivy recula prudemment, posant un pied après l’autre avec soin. Faire demi-tour l’irritait au plus haut point. Sur sa droite, une ruelle lui aurait fait gagné dix bonnes minutes, mais pas que. Devoir tout contourner alors que le marché de Noël était un peu plus loin après cette ruelle...

Allez, on se motive. Ne perds pas ton sang-froid. Si près du but, ce serait dommage.

Utilisant une technique de respiration qu’elle connaissait, Ivy retrouva – légèrement – son calme au bout de quelques minutes. Non sans grommeler intérieurement, elle rejoignit le trottoir d’en face.

Si seulement j’avais un Miraculous capable de me téléporter. Ah, qu’est-ce que cela me faciliterait la vie...

La jeune dame abuserait sans doute d’un tel pouvoir, mais pourquoi s’en priver ? Après tout, elle était du côté des vilains. Dérivant quelque peu au fil de ses pensées, elle vit un peu trop tard le projectile qui filait dans sa direction. Ivy ne l’esquiva que partiellement et tressaillit quand la boule de neige éclata près de son cou. Elle se vexa de s’être fait avoir aussi facilement, ce qui se ressentit au ton menaçant qu’elle prit aussitôt.

« Réessayez une seule fois de m’en jeter une au visage, jeune homme, et je vous garantie que vous allez passer un très mauvais quart d'heure. »

Pour réaliser la pâte de vos futures crêpes:

Le mauvais sort aimait bien Ivy, on dirait. Son cœur se tenait loin de l'amitié tout court. Détester quelqu'un ne se voit pas forcément. Son précédent dérapage l'irritait bien. Croiser l'adolescent n'avait rien arrangé. Sa maturité s'était perdue en chemin. Se moquer de son don des mots, si aberrant. Embêter les passants n'avait plus de valeur. L'idée d'un mauvais coup traversa son esprit. Oh mais oui, ce serait si plaisant, si méchant.

Sa boule, déformée de toute vérité. Inventer son agression sera rapide. Après tout, blesser les autres était si bon. Riches et vilains font ce qu'ils veulent, et oui. Pourquoi se priver du pouvoir à leur portée ? Sauf qu'Ivy perdrait du temps à nouveau, hélas. Le commissariat n'est pas tout près, c'est bête. La défier, très mauvaise idée qu'il a eu. Sa réponse se fit très vite ressentir. Un pot de fleurs vint donc la répéter, hélas.

« Ha, peur de perdre contre quelqu'un comme vous ? Vous n'êtes pas un défi méritant ce nom. Lancer des défis si hasardeux est bien sot. Abandonnez donc, pendant que vous le pouvez. Sur ce, les autres doivent m'attendre là-bas. »

Mentir était mal, mais ça lui importait peu. Comment le deviner, il ne la connaît pas. Au marché sa joie reviendra, oui, c'était sûr. Se défouler, Ivy le fera volontiers. Et l'attirer là-bas, oui, ce serait parfait. Ridiculisé devant tous, ce serait bien. Il deviendrait le prochain akumatisé. Ivy s'est promis d'aider le super-vilain. Toujours présente, dévouée, admirative. Ivy fit donc mine de partir sans un mot.

Qu'il essaie de l'attaquer à nouveau, pour voir ? Ce coup-ci, esquiver sans mal sera aisé. Un chemin sympa s'ouvrit soudain devant lui. Il avait l'opportunité de s'amuser. Il pourrait jeter cent boules à ces passants. Taquiner tous ces gens, autant qu'il le voudrait. Sauf s'il préférait rester seul, et déprimer.

Maudit soit ce mécanisme... pourquoi faut-il toujours qu’il se bloque dans de telles circonstances ?

Masquant son agacement, Ivy fit mine de se réchauffer le bras tout en exerçant une pression sur son coude, le décoinçant rapidement comme si de rien n’était. La majeure partie du temps, les mains bioniques d’Ivy fonctionnent à merveille. Cependant, elles sont imparfaites : il arrive parfois que les prothèses aient quelques bugs ou des problèmes techniques de ce style. La jeune dame y aurait remédié depuis belle lurette si la technologie des Tsurugi n’était pas si sophistiquée, et donc très difficile à comprendre. De même pour une personne ayant un niveau d’études aussi élevé.

Et comme si cela ne suffisait pas, le coude de son bras droit s’était coincé légèrement en lançant le pots de fleurs, faisant ainsi dévier son tir. Ainsi, il a achevé sa course dans le jardin d’en face et s’y est brisé. Pourtant, son échec la laissait de marbre. Ce n’était que partie remise, Ivy le savait. Tous passaient par cette configuration : parfois ils triomphaient, parfois ils échouaient. Bien sûr, que le premier cas arrive le plus souvent possible serait le mieux à ses yeux. Après tout, devenir la risée de ses pairs ne faisait pas partie de ses projets. En revanche, elle ne savait que penser d’une telle absence de réaction quant au projectile.

Ne réalise-t-il donc pas que le pot de fleurs aurait pu blesser ou briser une fenêtre ? … Non, à en juger par son comportement, il se rapproche plus du benêt simplet que du grand sot qui comprendrait à peine la moitié de mes propos.


En tout cas, la jeune dame tenait beaucoup de sa mère en matière d’être coincée. Maritza était si têtue. Elle n’est jamais venue voir sa fille pour discuter de son attitude. C’était peine perdue : un tourbillon de noirceur dansait dans les yeux d’Ivy dès qu’elle l’apercevait. Et encore, il arrivait que la jeune dame dirige son drone sur Maritza et la harcèle jusqu’à ce qu’elle s’en aille. Bien qu’elle ne releva pas la vulgarité du jeune homme, Ivy n’en pensait pas moins à en croire son air méprisant. Elle recommença discrètement sa technique de respiration pour se calmer un peu. Du moins, essayer, car elle doutait de son efficacité parfois.

« Dire la vérité n’est pas synonyme d’être coincée, petit effronté. Vous devriez le savoir. Toutefois, je peux comprendre qu’y songer soit trop difficile pour un cerveau de basse qualité. »

Une autre méchanceté gratuite, mais quelle importance ? Le monde entier n’avait eu que faire de ses sentiments, alors quoi de plus normal que de lui rendre la pareille. La sadique qu’elle était adorait cela. A cette pensée, un rire mauvais lui échappa involontairement. Ecraser les autres de part sa supériorité intellectuelle et matérielle l’amusait bien plus qu’une grotesque bataille de boules de neige. D’un autre côté, détestée par Maritza ou non, Ivy demeurait une "princesse" et tout ce que cela incombe malgré son attitude inconvenante. Aussi, elle s’adonnait rarement à ce genre "d’activités futiles", avec beaucoup de guillemets.

Bref, la jeune dame était ce qu’elle était et elle n’en avait pas honte, bien au contraire. Ses différences faisaient sa force et sa plus grande fierté. Pour rien au monde elle n’enlèverait l’emblème de Vanlino, toujours présent dans le dos de ses vêtements. Pourquoi cacher le fait qu’elle les adore ? Etre fan de super-vilains était tout sauf un crime. Ce n’était pas plus différent que d’adorer un groupe de rock. Non, c’était les autres qui percevaient ceci comme un crime, attisant toujours plus sa colère et sa haine.


Rien que d’y penser, Ivy avait envie de fracasser par terre tous les pots de fleurs qui lui tombait sous la main, mais elle se ravisa. Avec tout ce qu’il y avait à sa disposition – entre guillemets –, il devait bien y avoir mieux. La jeune dame continua de faire mine de s’éloigner d’un air dédaigneux. Un sourire sinistre étira ses lèvres lorsque ses yeux s’attardèrent sur les guirlandes électriques des habitations.

Quel beau spectacle ce serait... des âmes innocentes les emportant au loin, accusées à tort pour des actions qui ne sont pas de leur fait. Au lieu d’un seul champion, il pourrait choisir entre bien plus, qui sait ? Le reste ne dépendra que des cibles que je choisirais.

Par exemple, elle nota que dans cette rue, les voitures étaient garées un peu trop près les unes des autres. Le trottoir séparant les demeures était étroit. A ses yeux, c’était l’idéal. Des voitures trop éloignées lui compliquerait la vie. La jeune dame s’imaginait déjà décrocher une partie de ces guirlandes et les fixer solidement à l’arrière des véhicules avec un nœud. Ainsi, lorsqu’une voiture se mettra en route, sa force de traction arrachera le reste. Cela dit, n’étant pas fixées très solidement aux murs, leur support ne devrait offrir que peu de résistance. Aussi, le conducteur ne sentira rien et, traînées derrière lui en un seul morceau, les guirlandes causeront quelques... désagréments, disons. En ce qui concerne leurs prises, arrachées de force, cela pourrait provoquer quelques court-circuits.

Enfin, ce n’était que de la théorie pour le moment. La jeune dame avait quelques paramètres à vérifier également. Néanmoins, les habitants ne devraient pas prêter attention à la disposition anormale des décorations de Noël. L’obscurité matinale, plus la neige disposée dessus soigneusement avec les voitures si rapprochées, ce serait parfait. Ivy songea aussi qu’elle pourrait tasser un peu la neige. Ainsi, les habitants ne les sentiraient même pas en marchant dessus. Intérieurement, elle en jubilait d’avance, l’air indifférente aux propos du jeune homme.


« Nous sommes d’accord sur un point : quoi que vous fassiez, vous serez toujours perdant, en effet. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, vous n’intéressez personne avec vos "défis". Tout ce que j’ai vu dans les yeux des passants, c’est de l’irritation et du mépris à votre égard. Quoi que vous disiez, j’aurais toujours le dernier mot. Pour votre information, sachez que je n’ai d’ancien que mon langage. Ce même langage que vous êtes nombreux à détruire avec vos "wesh" et autres abominations si vulgaires. Pensez-vous sincèrement que ceci vous donne un genre ? Inventer des mots sans queue ni tête, créer votre propre langue... est digne un enfant de trois ans. D’un autre côté, cela reflète plutôt bien la sottise monumentale de bien des jeunes de votre âge. »

Finalement, la jeune dame décrocha une guirlande au hasard, l’air d’avoir une idée malveillante en tête. Alors qu’Ivy en avait détaché la moitié, elle se figea et jeta un œil aux alentours. Ce n’était clairement pas un chant de Noël. Elle comprit rapidement, se mettant aussitôt à… fangirler intérieurement malgré sa surprise. Son rythme cardiaque s’accéléra à la vue des rennes qui tiraient le traîneau.

D’abord la visite surprise de Mayura, et maintenant vous ? Oh, Papillon... ~

Ses pensées se tintèrent d’une infinie tendresse mêlée à de l’excitation. Rencontrer son premier akumatisé pour Noël ? Ivy ignorait s’il s’agissait d’une coïncidence ou non. En tout cas, cela lui faisait très plaisir. Quant à cette mélodie envahissante, fangirler semblait la rendre un peu plus supportable sans l’ôter pour autant de son esprit.


Malgré la venue d’un tel malheur,
La fangirl nageait dans le bonheur.
A la vu de ses créations
Elle était toujours emplie d’admiration.
La vilaine souriait avec une étonnante douceur.
Il émanait d’elle une certaine chaleur.
Normal : Papillon débordait d’ambition
Et qu’elle était vaste, son imagination.
Vraiment, Ivy l’aimait, les aimait tous avec ardeur.
Amour réciproque ou non, elle ne connaîtra aucune douleur
Car elle sait qu’elle a pris la bonne direction
Et qu’importe si cela sème la destruction.


Néanmoins, Ivy s’écarta par réflexe de la trajectoire du traîneau, suivant son dérapage avec attention. Non, la fangirl n’allait pas se laisser frapper si facilement, non plus. De quoi aurait-elle l’air à ses yeux ? Enfin, c’est à se demander si Papillon se souciait vraiment de ce genre de détails ? Pire Noël venait littéralement de faire un dab. Comme quoi, Ivy n’était pas la seule à avoir une trop grande confiance en elle.

En revanche, la jeune dame dut plaquer la fourrure de son manteau contre son nez, outrée par l’haleine épouvantable des rennes. Elle eut la nausée même en retenant son souffle, grommelant un peu intérieurement, sans trop redevenir de mauvaise humeur pour autant. Après tout, cela aurait pu être pire. Toutefois, Ivy tenait toujours la guirlande dans sa main. Sait-on jamais : les akumatisés agressaient les civils sans distinction… ce qui n’était pas plus mal car ne pas attaquer des personnes en particulier aurait éveillé les soupçons.

La jeune dame plaquait toujours son manteau contre elle, mais d’une seule main par ruse. Suivant le champion des yeux quand il leur tourna autour, elle glissa son autre main discrètement dans son dos, continuant de tirer doucement sur la décoration de Noël. Bien que ce n’était pas son but initial, cela pouvait toujours lui servir. Sans compter qu’Ivy n’avait pas la moindre idée du contenu de ce cadeau – qui était empoisonné, cette fois.

Elle sourit en le voyant repartir en chantonnant puis sentit soudain un poids en plus près de sa main, suivit d’un bruit à peine perceptible. Le dernier pan encore accroché au mur venait de tomber. Ivy l’amena rapidement à elle, les yeux rivés sur la figurine qui sortait de la boîte volante. Décidément, tout le monde était très souriant aujourd’hui. Entre le sourire carnassier du jeune homme, le fangirlage d’Ivy et le rictus maléfique des deux autres, on pourrait presque dire que cet endroit était le carrefour des vilains.


Ce constat aurait pu amuser la jeune dame si la danseuse d’opéra ne jouait pas exprès avec ses nerfs. Partager ses goûts musicaux avec les autres, elle n’y voyait aucun mal. Pour ce qui est de les imposer, c’était une autre histoire. Quoi qu’il en soit, Ivy ne perdit pas de temps. Dès qu’elle entendit les premières notes, elle se réfugia derrière un véhicule en réfléchissant à toute vitesse. Elle semblait faire une boucle avec la décoration de Noël, en espérant que cette dernière sera assez solide.

Si Ivy avait un plan ? Oui et non… elle avait une idée purement improvisée, et le reste le sera sans doute. Sinon, elle avisera en fonction de l’avancée de la situation. Non, la jeune dame ne comptait pas s’enfuir. Pourquoi le ferait-elle ? La Desorrow en elle avait l’opportunité de s’entraîner un peu sur le terrain, alors autant en profiter. Et puisqu’elle n’en avait pas encore un, il fallait bien se débrouiller avec les moyens disponibles.

Pour ce qui est du jeune homme, elle n’en savait trop rien. Peut-être qu’il allait détaler comme un lapin ? Quoi qu’il en soit, elle n’attendit pas pour le savoir. Une danseuse d’opéra qui se contente de chanter, ce serait trop beau. La guirlande devrait être assez longue d’après ses calculs. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’Ivy sera plus chanceuse cette fois. Le nœud solidement serré, elle jaillit soudain sans crier gare. D’un mouvement du poignet, elle faisait tournoyer son lasso improvisé. Sans l’ombre d’une hésitation, elle le lança sur la figurine.

Un rire involontaire lui échappa. Pourquoi faut-il toujours que quelqu'un prenne son sourire personnellement ? La jeune dame ne peut juste pas sans empêcher. Un mauvais coup en perspective ? Ses lèvres s’étirent toutes seules. Des personnes qui sursautent quand elle les approche par derrière ? C’est tout aussi irrésistible, tout aussi satisfaisant… après tout, c’est si bon d’être méchante. Si le rire du jeune homme l’agaçait ou l’irritait, Ivy n’en montra rien. Elle n’allait certainement pas s’abaisser davantage à son niveau. Son statut social la plaçait à des années lumières au-dessus de lui, après tout.

Qu’il continue donc de se moquer, si cela l’amuse. Je suis ce que je suis et je n’ai pas à en avoir honte. Parmi tous les habitants de la capitale, c’est moi qui a la chance de recevoir un Amok.

Sans l’ombre d’un doute, Ivy devait souvent admirer ce trésor inestimable et le manipuler avec autant de tendresse que si c’était un adorable chaton... glissant la guirlande au creux de sa paume, Ivy parut tester sa dureté ainsi que son élasticité. Quoi que puisse être son idée, elle ne semblait pas spécialement pressée ou impatiente de le mettre à exécution. Peut-être était-elle en train de peaufiner les détails ? En tout cas, cela ne l’empêcha pas de répondre au jeune homme d’un ton hautain.

« Est-ce si surprenant de la part d’un grotesque benêt dont personne ne se soucie à la veille de Noël ? Haha, non, pas le moins du monde… en tout cas, les seules choses qui sont tristes ici sont votre sottise et votre manque flagrant de répartie. N’importe quel « caillou sur le chemin » en aurait plus que vous. »


Pour le reste, Ivy eut un sourire mauvais, l’air de sous-entendre qu’elle pouvait briser l’égo de qui elle voulait et quand elle le voulait. Peu lui importait le temps que cela pouvait prendre : ce n’était qu’un infime détail à ses yeux. La jeune dame esquissa un mouvement avec la guirlande, qui rappelait vaguement un coup de fouet... pour intimider ? Quoi qu’il en soit, Ivy se fichait totalement qu’il la voit faire ou non. Son orgueil la poussait à croire que le jeune homme n’y comprendrait rien de A à Z, même s’il avait eu un plan dessiné sous son nez… si bien que ses propos et son départ précipité ne lui firent ni chaud ni froid.

« C’est cela, oui, petit poltron : fuyez, avant de devenir la risée de tout Paris... un être aussi ridicule que vous n’a pas sa place au sein de la capitale. »

Quant au "cadeau" laissé par Pire Noël, il fit un écart sur le côté pour esquiver l’attaque-surprise d’Ivy... pas assez vite, toutefois : le lasso improvisé s’accrocha à son poignet en conséquence. La danseuse d’opéra devint plus agitée, essayant de se libérer. Le nœud habilement noué se resserra au fur et à mesure tandis que les mains de fer d’Ivy la retenait avec fermeté.

Ainsi, elle s’attendait à une civile inoffensive parmi tant d’autres ? Incapable de se défendre, tétanisée par la peur ? Dans ce cas, ce sera sa première et sa dernière erreur.


La jeune dame la fit tournoyer dans les airs avec des moulinets amples, puis de plus petits, de plus en plus rapides. Elle continua plus longtemps que nécessaire – par pur sadisme – avant de la lancer soudain contre un mur. Une vague de plaisir la traversa lorsque la figurine se brisa en mille morceaux. Ironiquement, briser des objets ou des personnes faisait beaucoup de bien à la jeune dame.

Elle scruta les alentours avec prudence, réalisant peu à peu ce qu’il venait d’arriver. Akumatisé ou non, Pire Noël n’en restait pas moins un vilain en chair et en os à ses yeux. Rien que d’y penser, elle se sentait toute excitée. D’ordinaire, Ivy les apercevait de loin, ou alors elle s’éclipsait discrètement dans un endroit sûr pour profiter du spectacle... sauf qu’aucun d’entre eux n’a jamais été aussi proche. Un détail pourtant anodin, mais qui comptait beaucoup à ses yeux de fangirl.

Il m’a regardé… il m’a vu à travers Pire Noël.

Avait-il senti toute la chaleur qui émanait d’elle ? Son infinie tendresse ? Toute cette excitation à sa vue ? Le simple fait d’avoir pu exister à ses yeux – même un court instant – emplit son cœur de joie et de fierté. Elle reprit tranquillement sa route vers le marché de Noël, comme si rien ne s’était passé.