Premier date en pleine masse humaine [PV Alex]

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait dit cela, décrivant ainsi Alya comme le “Soleil” & lui-même comme la “Lune”. Peut-être était-ce dû à leurs caractères contraires ? Ou bien avait-il entendu ces surnoms dans une série télévisée ? Tout cela était soumis à interprétation pour la jeune fille d’origine martiniquaise. Et autant dire que tout cela était bien compliqué.

Pour lui aussi, tout cela était nouveau, et Alya le savait. Elle avait pu voir comment Alex avait fait d’énormes efforts pour réussir à lui parler, lui qui était d’une timidité chronique, ayant du mal à sociabiliser et pouvoir parler ou dire ce qu’il pense aux gens qui l’entourent. Dès qu’on lui posait une question ou qu’on s’intéressait un minimum à lui, sa gorge se nouait, ses cordes vocales se resserrent et son coeur se mettait à battre bien plus fort et rapidement que ce qu’il devrait. Tout cela entraînant ainsi une forte hausse de température dans son corps, et évidemment, il se mettait à transpirer de stress. D’un point de vue extérieur, il pouvait être vu comme froid et distant, alors que c’était tout l’inverse. Il mettait de longues, très longues secondes à répondre, car il cherchait à chaque fois la meilleure façon de dire quelque chose. Là où la plupart des gens répondaient du tac au tac.

Alors imaginer vivre une relation amoureuse avec quelqu’un lorsque l’on est ainsi ? C’était peine perdue. Si Alya s’imaginait vivre entourée de chats telle une ermite dans une ville, Alex se voyait quand à lui seul dans son monde, entouré de simplement quatre murs avec personne avec qui parler, à part peut-être un chien du nom de Mallette qui l’observerait et qu’il sortirait dès qu’il le pouvait. Bien qu’il ait un grand mal avec les endroits qu’il ne connaissait pas, on ne pouvait pas dire qu’il était agoraphobe non plus. C’était simplement une continuité de cette timidité qui rongeait sa vie depuis sa naissance.

Entreprenant et sûr de lui, deux mots qui n’allaient pas pour lui et pourtant, il s’était senti de faire ce qu’il venait de faire, posant la main d’Alya sur son torse ce qui avait évidemment occasionné un frisson qui parcourut son corps entier, n’ayant pas l’habitude que qui que ce soit le touche. Et finalement, avait dit ces deux mots : Soleil et Lune, afin de caractériser les deux personnes. Alya étant le Soleil bien évidemment, avec son caractère explosif et sa franchise, tandis que lui serait la Lune dû à son caractère renfermé et sa timidité, mais cela, c’était bien évident.

Alya comprit plutôt vite le sens de ce qu’il venait d’avancer, comme quoi bien qu’ils soient diamétralement opposés, l’un ne pouvait vivre sans l’autre. En tout cas, Alex ne se voyait, aujourd’hui, plus vivre sans la présence d’Alya. Celle-ci avait prit une place primordiale et de premier choix dans sa vie, chose qu’il n’aurait bien évidemment jamais imaginé. Comment pouvait-il prévoir qu’un simple passage à une soirée changerait autant sa vie et sa manière de voir les choses ? C’était… improbable et impensable.

Le jeune homme se laissa faire, sa main n’étant ainsi plus au niveau de sa poitrine mais celles d’Alya venaient l’entourer, comme si elle le réconfortait. En quelques secondes, leurs fronts se touchaient mutuellement à nouveau, et Alex fermit les yeux par réflexe, tremblant légèrement. Il ne tremblait pas de peur mais bien d’un cocktail mêlé d’excitation et de stress. Lorsqu’Alya lui fit la remarque qu’elle ne pensait plus aimer un jour, il allait rétorquer que c’était la même pour lui et qu’il ne pensait simplement pas un jour connaître ce sentiment tout court, mais elle fut plus rapide en venant poser sa main à lui sur la poitrine de la jeune femme. Rien d’obscène bien entendu, simplement pour qu’il puisse sentir son coeur à son tour. Et il l’entendait, ou plutôt le sentait. Ces rythmes irréguliers qui venaient briser la tranquillité et la quiétude du bruit de l’eau de la Seine. Certes, il devait y avoir pas mal de bruits aux alentours vu que Paris était une ville si peuplée et animée, mais il était tellement concentré sur Alya que seuls les sons venant de la Seine lui étaient retransmis. Cela, et la voix d’Alya bien entendu.

Il ne répondit pas tout de suite à ce qu’elle venait de dire. Alex réfléchissait d’un côté à quoi répondre, et de l’autre appréciait fortement les bruits de son coeur, tel une berceuse. Mais finalement, il prit une grande inspiration, et tenta de faire une phrase claire, en articulant et en ne se coupant pas lui-même la parole.



Ce qu’il essayait de dire avec cela, c’était que bien qu’il avait en général des limites quand les gens le touchaient ou simplement étaient trop près de lui, cela n’était pas le cas d’Alya. Non non. Elle n’avait plus du tout de limite et avait tous les droits sur lui. Alya était l’une des rares personnes, se tenant sur les doigts d’une main, avec qui Alex se sentait bien et n’avait aucun souci à établir un contact physique. Certes il avait encore quelques spasmes incontrôlés par moments, mais rien de bien grave qui ne se règlerait pas avec le meilleur ami de l’homme : le temps.

A la suite de cela, il posa sa main libre sur la joue d’Alya pour venir la caresser du revers de sa main. Lui qui avait en général toujours chaud avec la main froide, presque glacée de rester si longtemps dehors durant cette nuit. Il ne souhaitait évidemment pas s’en aller, mais son corps n’était pas habitué à rester si longtemps dans des températures aussi fraîches, lui qui restait toujours cloîtré chez lui. Le jeune homme fit donc à nouveau l’impensable, déposant ses lèvres timidement sur celles d’Alya pour y laisser un léger baiser, accompagnant ainsi l’acte à ses paroles.