Premier date en pleine masse humaine [PV Alex]

Le rendez-vous se passait merveilleusement bien, à sa grande surprise. Malgré le fait qu’Alex soit dans un environnement avec beaucoup de monde, ce qui pouvait à tout moment trigger son anxiété, mais le fait qu’il soit à côté d’Alya le calmait. Encore plus lorsqu’il voyait son visage illuminé et son sourire qui semblait partir d’une joue à l’autre après qu’il lui ait offert la peluche de renard. Il laissa échapper un léger soupir lorsqu’Alya dévoila le nom de la peluche, Rounard. Ce n’était pas un soupir d’ennui ou d’exaspération, mais juste un léger bruit échappé car il trouvait le nom assez amusant. Même très amusant d’ailleurs.

Puis,cela fut le moment où il eut entre ses mains la carabine. Si il y avait bien une discipline dans laquelle il était assez confiant de ses capacités, c’était bien le tir. Loin de la caricature américaine qui apprend à se servir d’une arme très jeune, son père faisant partie de la police, lui a appris cela afin qu’il puisse un jour devenir policier. Comme nous le savons, il décidera de prendre une autre voie, mais tout de même. Bien qu’il ait plus de facilité avec des armes de poing, tel que le pistolet, il n’avait aucun souci avec la carabine. Paradoxalement, Alex détestait user d’armes à feu, et préférait plutôt le corps à corps si jamais il devait se battre, ou se défendre.

Peu de temps après avoir fait ses tirs et qu’il hésitait à quoi prendre, il sentit d’un coup une pression au niveau de ses bras. Alya venait de lui mettre entre ses mains le renard qu’il lui avait offert il y a de cela quelques minutes, et voulait aussi tester la carabine à billes. Alex était eut ses yeux écarquillés en la regardant faire. Avait-elle aussi été entraînée aux armes à feu plus jeune ? En tous cas, le gérant du jeu était très remonté contre eux. Pour seulement une poignée d’euros, enfin cela restait cher mais pour recevoir des cadeaux ainsi il aurait fallu débourser bien plus en temps normal, Alya put prendre une peluche et un porte-clé en forme de lion.

Alex regarda Alya, avant de regarder la peluche qu’elle venait de mettre dans ses bras, reprenant donc Rounard. L’homme d’origine aquitaine observait la peluche, et Alya à intervalles. Le porte-clé avait été soigneusement rangé dans la poche de son pantalon, se disant qu’il le mettrait sur son téléphone ou ses clés un peu plus tard.



Répondit-il après un long silence qui avait pu être pesant, ou inquiétant. Mais il était réellement ému, même si il ne voyait pas réellement comment il pouvait ressembler à un lion. Ces derniers étant connus pour être les rois de la jungle, des animaux fabuleux, forts et téméraires. Bien loin de l’image qu’avait Alex de lui-même en somme.



A nouveau, sa réponse semblait assez détachée pour quelqu’un qui avait montré une aussi bonne maîtrise de la carabine. On aurait pu croire que cela était un hobby pour lui, qu’il aimait peut-être les armes à feu. Alors que non, pas du tout. D’ailleurs, à la base, il n’aimait pas vraiment tout ce qui est combat, ou bagarre. Du moins pas de se battre. Même si il faut avouer qu’il avait un faible pour les films de bagarre, en particulier les films historiques asiatiques. Cela est toujours des combats spectaculaires.

A la proposition d’Alya, Alex hocha timidement la tête, cachant un peu son visage derrière la peluche,même si cela n’était pas fait exprès. Bien qu’il avait plutôt une préférence pour les aliments salés, il n’allait tout de même pas refuser une crêpe ? Et puis, il paraît qu’elles étaient bonnes ici. C’est ce qu’on lui avait dit, si tu dois tester quelque chose de culinaire à Paris, cela était dans les petites échoppes locales comme celles-là. Après, peut-être a-t-il mal compris le terme échoppe, mais cela, c’est une autre histoire bien évidemment.

La foule de gens semblait être encore plus importante que précédemment, à tel point qu’ils devaient se faufiler. Il tenait la main d’Alya en la serrant assez fortement, ne voulant pas se retrouver seul au milieu de toutes ces personnes. Cela serait une catastrophe pour lui. Mais ils n’eurent pas à marcher bien longtemps avant de tomber sur un artisan de rue faisant des crêpes, malgré qu’il y avait une assez grosse queue. Peut-être une dizaine de personnes. Cela pouvait être peu pour des parisiens au vu du nombre d’habitants de la capitale, mais pour quelqu’un comme lui qui vient de la province, cela était beaucoup.



En regardant les personnes qui achetaient leurs crêpes et en partaient, celles-ci semblaient vraiment bonnes..  Peut-être même meilleures que celles qu'il avait goûté jusqu'à aujourd'hui.

Alex avait été assez surpris lorsqu’Alya avait expliqué à ce dernier qu’elle avait appris le noble art du tir à la carabine à plomb simplement en jouant dans les différentes fêtes foraines qu’elle avait pu participer. Lui qui avait eu un entraînement difficile pendant plusieurs années par son père, il se dit que finalement, il aurait pu juste faire pareil et ne serait pas passé par ces longs après-midi à tirer à la carabine au lieu de faire quelque chose de plus constructif comme… Je ne sais pas, lire un livre ? Voir des gens. Enfin des gens… Ce serait plutôt quelques personnes qu’il connaissait et non pas une foule de personnes. Cinq personnes c’est le nombre parfait, douze c’est le strict maximum pour lui, ce qui accentue encore plus la difficulté qu’il avait eu à venir à cette fameuse soirée d’il y a quelques temps, chose qu’il ne regrettait absolument pas.

Leurs pas les menaient non pas vers la Grande Roue, qui était leur destination finale, mais à l’un des nombreux stands de crêpes. Ce genre de stand étant très populaire, il y avait une queue si longue qu’ils allaient devoir attendre bien une heure avant de pouvoir arriver à la Grande Roue. Les crêpes chaudes laissant place à des petits bouts froids qui se seraient désagrégés par le temps d’attente beaucoup trop long.

Alex observait le regard mêlé de tristesse et d’affolement d’Alya, qui avait ainsi qu’une seule envie : trouver un autre stand de crêpes et courir pour arriver à la grande roue avant que la nourriture ne refroidisse. Il n’eut le temps de lui répondre qu’il était d’accord pour aller où elle voulait que le voilà “traîné de force” par la pétillante Alya qui voulait vraiment qu’ils aient ce coucher de soleil.

Si il ne faisait que suivre Alya, il s’excusait à chaque fois qu’il croisait quelqu’un qu’ils poussaient, entendant certains rouspéter comme quoi ils pourraient regarder devant eux,etc… Les gens sont quand même pas très sympathiques. On se faufile certes, mais on a l’amabilité de s’excuser du désagrément, ils pourraient laisser passer ça vous ne pensez pas ?

Derrière une sorte de bosquet se trouvait finalement la terre promise. Un petit stand de crêpes complètement vide, seule une dame d’une vingtaine ou trentaine d’années attendait patiemment que des clients viennent. Une pensée traversa l’esprit du jeune homme : attendait-elle depuis longtemps ? Je veux dire… Ce n’est pas un endroit très fréquenté. Si cela était une place pour un banc cela serait une aubaine pour eux, mais là, c’était une échoppe. Arrivait-elle à attirer des clients ? Il tourna son regard vers la végétation et pouvait voir comme du mouvement. Les ombres des passants se reflétaient sur le feuillage grâce à la lumière du soleil qui tombait peu à peu. Il ne restait que quelques minutes, ou dizaine de minutes, avant la tombée de la nuit.

Alya prit commande et ce fut au tour d’Alex. Il regarda la liste de ce qui était proposé, et prit une version légèrement différente de celle d’Alya.



Comme à son habitude, sa voix était très tremblante et timide, mais il avait réussi à prendre sur lui pour commander d’un coup et ne pas perdre du temps. La gentille jeune dame leur offrit des tickets VIP pour la Grande Roue car il se trouvait qu’ils étaient ses centièmes clients. Enfin pour être tout à fait exact, Alya était la centième, et lui le cent unième. A moins que ce ne soit lui le centième et Alya la quatre-vingt dix-neuvième ? Non, sûrement l’autre option. Il remercia la dame d’un hochement de tête après qu’elle lui ait tendu sa crêpe brûlante et le ticket VIP, et se retrouva à suivre les pas d’Alya qui avait déjà avancé vu qu’elle avait été servie en première. Arrivé devant le vigile de la Grande Roue, il lui tendit le ticket et fut conduit à la nacelle VIP où se trouvait uniquement Alya.

Alex s’assit sur la place à côté d’elle, laissant ainsi libre la place devant eux, et sentit la nacelle commencer à bouger très rapidement après s’être assis. Quelle aubaine, ils avaient mis en marche la Grande Roue maintenant comme si ils avaient attendus Alex et Alya pour le faire.

Il eut un léger sourire en regardant Alya manger la crêpe et commença lui aussi à commencer la sienne, tandis que leur nacelle montait peu à peu dans le ciel, et que le soleil entamait sa descente pour laisser place à la lune.

Le voilà maintenant assis, contemplant l’horizon lointaine, savourant cette crêpe exquise qui lui avait été servie de cela quelques minutes plus tôt. La Grande Roue montait, montait, montait, laissant place au ciel devenu pourpre-orangé dû au soleil qui entamait son inexorable descente. Encore une fois, Alex ressassait le passé. Lui, qui était arrivé à Paris il y a de cela seulement quelques mois, se retrouvait en rendez-vous avec une fille qui lui donnait de grosses palpitations au coeur. Cela était nouveau pour lui, très nouveau. Et en se remémorant tout ce qu’il s’était passé, depuis le moment où son ami l’avait forcé à venir à cette fête, jusqu’à ce moment maintenant, il avait l’impression d’être à sa place, aux côtés d’Alya.

Son regard fuyait parfois l’horizon pour regarder Alya qui dégustait la crêpe. Même lorsqu’elle s’exclama pour lui dire que l’endroit était beau et qu’il fallait qu’il regarde en sa compagnie le coucher de soleil, son regard ne pouvait s’empêcher de s’arrêter sur le visage doux et rassurant de la franco-martiniquaise.



Il eut un léger sourire qui se forma sur ses lèvres alors qu’il avait finit cette crêpe, si lourde et si chargée qu’il croyait ne jamais pouvoir la terminer. Mais fort heureusement, c’était fini. Alex sortit de sa poche un petit sac plastique et y déposa le carton qui entourait la crêpe dedans afin de ne pas se salir. Il aurait bien proposé à Alya de jeter le sien aussi, mais elle ne l’avait pas terminée. C’est sûr qu’Alex qui est très souvent muet, avait pu terminer celle-ci avant Alya, la jeune femme pétillante, pleine de vie et pipelette qu’elle est. Cela peut paraître un reproche, mais pas d’Alex. Il aime énormément cette facette d’elle.

Il ne répondit pas à sa remarque, comme quoi elle était contente d’être avec lui, car bien que cela soit réciproque, son regard était quelque peu happé par quelque chose qui ne devrait pas être présent sur son visage. Une sorte d’invité surprise non voulu qui changeait très légèrement les traits de son visage. Alex lécha son pouce et le posa sur le coin de la bouche d’Alya, pour lui enlever. Il avait fait cela machinalement. Lui, le garçon timide qui encore il y a quelques semaines balbutiait à chaque phrase et avait du mal à regarder les gens dans les yeux, avait réussi cela.

Alex eut besoin de bien dix secondes avant de comprendre ce qu’il avait fait, ce qui le fit passer de son teint pâle habituel à un rouge pivoine si prononcé qu’on aurait cru que sa tête avait été plongée dans un bain de colorant alimentaire rouge. Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire pour s’excuser de cela. il lui avait touché le visage sans l’en informer et puis voilà, enfin, vous comprenez, bordel qu’est ce qui m’arrive ? Une grande bouffée de chaleur vint envelopper le garçon, mais au moins pour une fois, il ne transpirait pas autant que d’habitude. C’était simplement de la chaleur et son coeur qui cherchait un moyen de sortir de sa cage.

Il entendit sa dernière phrase, et décida de reprendre là-dessus, vu que cela permettait de changer de conversation.



Le pauvre Alex n’avait pas été totalement attentif à sa phrase. Il avait cru qu’Alya parlait de la crêpe, comme quoi elle l’aimait. Chose qu’il comprenait, la dame qui leur avait vendu ces crêpes était très douée, difficile d’imaginer qu’elle allait un jour disparaître de cette foire, même si son emplacement n’était pas vraiment optimale.

Alex prit son courage à deux mains, et posa sa main sur sa jambe. La sienne, attention. Simplement, il glissa doucement celle-ci vers le siège et tremblotait. Il avait bien sûr une destination finale. Chose qu’il réussit à finalement atteindre lorsque le coucher de soleil fut des plus brillants. Sa main vint non pas se poser sur la sienne, mais en plus, il vint entrecroiser leurs doigts et serra la main d’Alya contre la sienne, tandis qu’il regardait maintenant droit devant lui, le ciel étoilé qui faisait doucement son apparition.



Il tourna la tête vers elle afin de lui dire quelque chose. Quelque chose d’important. Il voulait lui dire à quel point il était heureux d'être avec elle en ce moment, à quel point cette fête où il l'avait rencontrée avait été la meilleure décision de sa vie jusque-là, à quel point elle était devenue une personne importante de sa vie et qu'il ne voulait en aucun cas la perdre par quelconque moyen... Mais lorsque leurs regards se croisèrent, et qu’il put admirer les derniers reflets du soleil couchant dans sa chevelure rouge orangée, Alex ne put se contrôler. Le timide Alex venait de laisser place à un Alex plus… Comment dire, entreprenant ? Plutôt moins réfléchi. Il posa sa seconde main sur la joue d’Alya et s’approcha d’elle pour déposer ses lèvres sur les siennes, fermant les yeux par la même occasion.

Et c’est ainsi que le premier d’une longue, très longue, série de baisers vit le jour entre les deux amoureux.

Que s’était-il passé ? Alex n’en avait que de vagues souvenirs. Il se rappelait simplement qu’il souhaitait dire à Alya à quel point il était heureux d’avoir passé cette journée ensemble, ainsi que ces moments passés à discuter par téléphone durant des heures et des heures, prenant même le risque de s’écrire durant les cours, même si ces pauvres âmes se trouvaient à deux écoles différentes de deux secteurs différents de la capitale française. Le jeune bordelais était cependant revenu à ses esprits. En plein baiser. Il était en train d’embrasser Alya. mais cette fois-ci, ce n’était pas lui le commanditaire de cet acte, c’était bien elle. Il n’avait pas encore encaissé émotionnellement ce que lui-même avait fait. Son esprit était alors parti vagabonder, voyant la scène en train de voler à quelques mètres au-dessus d’eux, comme si il les regardait d’un point de vue extérieur. Et même si il était très heureux de ce qu’il voyait, il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir plein de remarques arriver dans sa tête. Qu’est ce que tu fais ? Est-ce que cela lui plaît ? Comment as-tu pu faire cela sans lui demander ? Est-elle consentante ? Est-ce que j’ai une bonne haleine ? Est-ce que je le fais bien ? Est-ce qu’on est en couple ?

La dernière question fut probablement la plus importante. Si Alex a eu quelques aventures sans réelle attache, ni même réelle attraction, cela était bien son premier baiser. Et il avait été si… entreprenant. Si peu Alex en fait. Peut-être qu’à l’intérieur de cette coquille de nerfs et de stress se trouvait en réalité un lion capable de rugir pour faire fuir les autres prétendants à la belle lionne qu’il voulait avoir ? Enfin, la polygamie et le harem de la savane en moins vous imaginez bien. Plus comme le Mufasa dans le film le Roi Lion, ce qui faisait d’Alya sa Sarabi ? Oh, vous seriez surpris de savoir tout ce qu’Alex sait à propos des longs-métrages Disney.

Mais revenons à nos lions.

Il avait repris ses esprits peu avant que le vigile ne leur demande de partir de la nacelle car celle-ci avait maintenant posé pied à terre. Alex avait baissé la tête de honte et de gêne, son visage étant tellement rouge qu’on pouvait le confondre avec Sébastien, le crabe rouge dans la Petite Sirène. Le voilà maintenant en train de marcher aux abords de la Seine en la compagnie de la martiniquaise, lui tenant la main fermement. Alex n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait dire en ce moment, son regard fuyait parfois de devant lui, au visage d’Alya illuminé par les reflets de la lune, la rendant encore plus belle qu’elle ne l’était déjà, si tant est que cela était possible.



Il ne réussit qu’à balbutier ces quelques mots, mais le fait qu’il serre la main de la rouquine un peu plus fort devait être un signe assez évident qu’il ressentait la même chose. Alex serra son poing gauche et le mit devant sa bouche, fermé. Il susurrait quelque chose très faiblement, mais cela était de plus en plus fort à mesure qu’il ouvrait légèrement cette main. Ses yeux étaient fermés, et semblait travailler sur lui-même pour arriver à dire ce qu’il avait à dire. Cette technique, il l’avait vu dans un dessin animé. Enfin, dans le dessin animé la personne écrivait les mots sur sa main avant de les “avaler” pour pouvoir les dire, mais il l’avait changé comme cela. Peu à peu, sa voix tremblotante et montée dans les aigüs dû au stress pouvait atteindre les oreilles d’Alya.

Le monde autour du jeune homme bougeait de manière peu conventionnelle. Là où Alex voyait le monde d’un regard très cynique et centré sur lui-même, il lui arrivait maintenant de voir autrement. Comme une personne qui verrait en noir et blanc toute sa vie qui se mettait à voir en couleur du jour au lendemain. C’est ainsi que la rencontre avec Alya avait changée sa vie : elle avait donnée des couleurs à la vie du jeune homme. Lui qui avait cette habitude de rester seul et de se morfondre dans ses pensées, à se demander si il faisait les choses bien, si les gens n’étaient pas embêtés par sa présence… Tout cela avait laissé place à une seule chose : qu’il soit vu sur son meilleur jour par Alya. C’est pour cette raison qu’il s’était mis à faire des choses qui étaient “contre-nature” pour lui, comme venir ici en fait. Alex qui était plutôt casanier avait du mal à sortir, les foules étant extrêmement oppressantes, lui donnant cet énorme stress que tout le monde le regarde. Que tout le monde juge chacun de ses gestes. La sociabilité et lui c’est pas son fort, ce n’est pas pour rien qu’il a choisi un domaine d’études où il serait seul, dans un laboratoire, en face de machines et de tests scientifiques. Le pied pour lui.

Mais cela, c’était son compter l’arrivée de la pétillante Alya. Si son ami ne l’avait pas obligé à se bouger les fesses pour venir à cette soirée, il ne l’aurait jamais rencontrée. Si cet ami n’était pas venu carrément le chercher afin qu’il vienne avec lui, Alex ne serait jamais venu. Car oui, cette petite fête, il en avait été mis au courant quelques jours auparavant, mais il avait décidé au dernier moment qu’il n’irait pas. Le temps était morose et annonçait des éclairs, il faisait trop chaud, le dernier métro qui le ramenait chez lui était trop tard… Toutes ces excuses qui avaient traversé sa tête pour éviter de sociabiliser qu’il avait voulu sortir à son ami. Qu’il lui avait d’ailleurs sorti. Mais c’était mal connaître Mathieu, qui lui était l’inverse total d’Alex. Le beau garçon blond hyper populaire qui adore rencontrer des gens et discuter, tout le contraire du pauvre petit brun qu’il était.

Tout cela pour arriver à ce moment. Ce moment précis. On parle souvent de moment-clés dans sa vie : la naissance par exemple en est un, la naissance ou la mort d’un proche aussi. Il y a aussi celui où tu as ton premier travail ou ton diplôme. Mais surtout, il y a le moment où tu rencontres ton âme soeur et que tu le sais. A bien des égards, Alya et Alex n’ont rien en commun. Le teint bruni de la jeune martiniquaise montrait son attrait pour le soleil et la sociabilité, là où le teint blafard du jeune français montrait son attrait pour la nuit et la solitude. Mais ne dit-on pas que les aimants s’attirent ? Car pour une attirance, celle-ci est forte, extrêmement forte.

La vie d’Alex avait parcouru son crâne comme si il était sur le point de se faire percuter par un camion. Il se voyait jeune et grandir, des moments marquants de sa vie, mais aussi, les moments qu’il avait raté à cause de son côté trop casanier. Tout cela fit comprendre à Alex quelque chose : même si son caractère est plutôt docile et renfermé, il se doit de s’ouvrir et d’essayer des choses car il le regretterait amèrement lorsque les années passeront.

Le temps reprit son cours après qu’Alex ait dit ces mots forts de sens. Les mouettes se remirent à voler et le regard du brun était plongé dans celui d’Alya. Il la scrutait du regard, comme si c’était la première fois qu’il la voyait. Les reflets de la lune rendait hommage à sa beauté c’était certain, mais si elle avait été attentive, elle saurait que Alex la voyait ainsi depuis le début. A chaque fois que ses yeux se posaient sur elle, c’était comme si c’était la première fois.

Le coeur battant la chamade, le fait qu’Alya soit si compréhensive, si attentionnée, si… Si Alya en final… Cela poussait Alex derrière ses retranchements. Il se devait de le faire pour elle. Elle avait été si bonne avec lui, à ne pas le brusquer et à l’aider à avancer à son rythme. Il ne pouvait que faire des efforts pour elle.

Il fut cependant extirpé de ses pensées lorsqu’il sentit le front de la martiniquaise se poser contre le sien, le remerciant qu’il lui ait dit qu’il l’aimait. Pourtant cela était normal vu que cela était ce qu’il ressentait. Mais il ne voulait pas épiloguer là-dessus. Rapidement, la main d’Alya passa de sa joue à sa nuque, provoquant des frissons dans tout son corps, le ressentant de la tête aux pieds.

Encore une fois, il ne dit rien à sa remarque. Elle jouait avec les mots de manière bien plus aisée que lui. Si lui avait eu du mal à lui dire ses sentiments, devant répéter de multiples fois les trois mêmes mots afin qu’elle puisse l’entendre. Alya se mit à parler, si longtemps comparé à lui qu’on aurait dit un monologue. Tant de compliments pour lui qui n’était pas habitué à en recevoir. Écarlate était un mot faible pour représenter la couleur que ses joues avaient pris par la faute de cette dernière.

Un nouveau baiser vint terminer la phrase de cette dernière, et il n’eut le temps de répondre à ce dernier qu’il était déjà terminé, qu’elle en rajouta une couche. Lui disant qu’il était une étoile qui illuminait son coeur.

De multiples pensées vinrent prendre place dans sa tête, et il prit instinctivement les mains d’Alya dans les siennes. Il voulait dire quelque chose mais sa timidité maladive l’emportait, et les mots avaient du mal à trouver le chemin de la sortie pour venir éclairer Alya de ses paroles. Alex finit par réussir à dire deux choses. Il avait toujours les mains de la jeune martiniquaises dans ses mains et les poussa légèrement vers son torse et dit une chose.



Avant de les rabattre vers lui, afin que cette fois-ci leurs mains touchent son torse à lui.



Ce qu’il avait essayé de dire, c’est que si il devait y avoir une analogie à faire avec les astres, Alya serait définitivement un soleil. Pétillante et vivante tel qu’elle est. Lui ne serait pas une étoile mais plutôt la lune, il réfléchit la lumière du soleil comme il arrive à s’ouvrir aux gens grâce à la positivité et tout ce qu’Alya est. Qu’il ne pourrait en aucun cas être comme il est si elle n’était pas là, car c’est grâce à elle qu’il peut s’ouvrir et ne pas rester dans sa solitude habituelle.

Elle est le soleil de sa vie.