[Terminée] Frédéric Mollard

Encore un enfant non désiré. Un accident de parcours. Une erreur indélébile. Cette pauvre femme à peine sortie de l'adolescence va devoir gérer ce chiard jusqu'à sa majorité. Évidemment, le papa ne veut pas en entendre parler. Il a fuit ses responsabilités pour retourner vivre dans le Sud avec sa maîtresse. Heureusement que Mamie est là pour s'occuper du petit, comme ça la jeune mère pourra se faire un fix pour oublier son échec amoureuse. C'est dans cet environnement troublé que naît Frédéric.

Très vite, le garçon s'émancipe de son environnement pour apprivoiser les codes de la rue. La vie dans la banlieue parisienne n'est pas tendre avec Frédéric. Les ennuis commencent à la récré lorsqu'il se fait voler son goûter, puis à la sortie de l'école, où ses persécuteurs rackettent ses pièces de monnaie. Le petit brun n'a pas beaucoup d'amis, c'est donc seul, à l'âge de neuf ans, qu'il s'en va rejoindre le gang de son quartier. Les grands frères l'entrainent dans des vols, des bagarres et même des trafics. En échange, ils assurent la sécurité de leur cadet. C'est ainsi que se déroule l'enfance paisible Frédéric.

À l'aube de la puberté, notre protagoniste ne se sent plus pété : c'est lui le plus fort. C'est lui le roi de la jungle - urbaine. Ses muscles ont gonflé, ses jambes se sont allongées et ses poings se sont endurcis. Sous l'aile de ses ainées, il se permet de malmener ce qui l'ont fait souffrir. Œil pour œil, dent pour dent. Sous l'effet des hormones, à 14 ans, Frédéric s'intéresse indéniablement aux filles. Sa bande de mauvais garçons attire toutes les nanas du bahut et c'est ainsi qu'il rencontre Magalie Huang, une métisse sino-caucasienne qui fait le double de son poids mais très douée en massage crânien. Une aventure qui n'aura duré que deux semaines mais qui marquera à jamais la vie de Frédéric.

En attendant, sa vie de jeune délinquant lui plaît bien à notre protagoniste : sa vieille cède à ses moindres caprices, son gang le respecte et les filles affluent autour de lui. Pour une fois, Frédéric semble mener la belle vie. Jusqu'au jour où il se fait choper. Désemparée par le comportement récalcitrant de son petit-fils, la grand-mère dénonce sa contre-bande à la police. À sa seizième année, Frédéric est envoyé au trou. Son monde s'écroule.

Un jour, Magalie rend visite au prisonnier. Dans ses bras, un adorable bambin dort paisiblement.

— Fred. C'est ta fille. Tu dois la reconnaître et payer une pension alimentaire.

La chaise de l'incarcéré tombe à la renverse. Les mots ne parviennent pas à sortir de sa bouche tant le choc est brutal. Le visage dur, la jeune femme poursuit sa tirade.

— T'allais d'jà plus au bahut quand j'ai appris que j'étais enceinte. Et vu qu'j'savais pas où qu't'étais passé, bah j'ai gardé ça pour moi. Mais maint'nant, il est temps que t'assumes.

Frédéric est dans le déni. Il a beau se convaincre que l'enfant n'est pas le sien, la ressemblance reste flagrante.

— Tu sors dans un an et demi non ? T'as le temps de trouver une solution pour pouvoir assumer ton gosse.
— M-maga ... ch'uis en taule, j'ai pas de diplôme, tu veux que j'lui apporte quoi à c'chiard ? Des clopes ? Tu veux que j'retrempe dans mes bails ? Risquer à nouveau de me faire coincer ?
— Ça, c'est ton problème. J'ai rendez-vous avec une assistante sociale, elle me dira exactement ce que tu me dois.
— ... est-ce que je pourrais la voir au moins ?
— C'est mort. T'es pas quelqu'un de bien, Fred. Je ne veux pas que ma fille apprenne que son père est un raté qui vit en revendant des objets volés.

En contemplant l'enfant endormi, une étincelle ravive les yeux mornes de Frédéric. Cette petite est la sienne. Il est hors de question qu'elle subisse ce qu'il a vécu. Elle mérite de vivre heureuse et épanouie, même si personne lui a demandé d'être ici. À partir d'aujourd'hui, notre protagoniste fera tout son possible pour lui assurer un avenir radieux.

Enfin sorti de prison, Frédéric contacte son ex. Impossible de la joindre. Seul un intermédiaire le contacte pour s'assurer qu'il paiera la pension alimentaire. Alors qu'il s'imagine vivre avec cette gamine, Frédéric se retrouve seul dans son appartement miteux, embrumé par la fumée de cigarette.

S'étant découvert des dons en mécanique et tout ce qui touche au bricolage à la prison, Frédéric tente de trouver un emploi stable et légal dans ces domaines. Malheureusement, au vu de son passé criminel et son manque de connaissance, personne ne l'embauche. Ses mauvaises fréquentations reviennent à la charge et Frédéric s'embourbe dans ses vieux travers.

Huit années d'enfer s'écoulent. Aucune nouvelle du môme, sa mère se contente d'encaisser les chèques sans présenter sa fille à son père. Plus rien n'a de sens ni d'intérêt dans la vie de Frédéric. Il n'y a que l'argent qui compte : tant qu'il apporte un bien-être matériel aux autres,  personne ne se souciera de lui. Huits années de profonde solitude, coupé des rares personnes qui l'aiment. Même cette histoire de super héros dans Paris ne ravive pas son sourire. Tous ces hypocrites dont la vie leur réussie le débecte. Les attaques du Papillon inspirent Frédéric à faire de même. Après tout, sa vie se résume au chaos alors il estime que le monde devrait subir ce qu'il endure. Puis, un jour, on frappe à sa porte.

— Ouais une minute, j'arrive.

À peine il remonte son futal qu'il ouvre la porte.

— Salut ... papa.

Une demoiselle ayant une douzaine d'années se présente timidement à lui. Sa tignasse brune et en bataille cachant son front, sa mâchoire proéminente, ses mirettes d'un noir profond ... pas de doute, c'est bien sa fille.