Louise Martin ─ Au delà de nos frontières [Terminé]

« ─ Il y a une chose que j'ai remarqué : dans la vie, il y a des histoires dramatiques. Il y a des histoires héroïques. Il y a des histoires banales. Et devinez à quelle catégorie appartient la mienne !? C'est bien ça, à la dernière. Parce que pourquoi me faciliter la tâche en m'offrant sur un plateau d'argent plein de sang, de morts, de déceptions, des supers-coups-de-poing-de-la-mort-qui-tue, de sacrifices qui me permettraient de vous captiver tout en vous offrant 20 lignes sur ma vie ?! Si tout était aussi simple, ça ce saurait. Mais passons.

Je n'ai pas toujours vécu dans les magnifiques rues de Paris, entourée de riches qui ne savent pas qu'un balai ne se met pas dans le c- (vous m'avez compris), de cousins qui se font passer pour l'autre ou de touristes qui aiment photographier un tas de métaux rouillés et j'en passe. Non à la place, j'étais entourée de touristes qui jetaient leurs déchets partout et mettaient la musique à fond quand ils ne se promenaient pas avec les fesses ou les seins à l'air sur la plage ! Quels beaux souvenirs. Bref vous l'aurez compris : je suis née et j'ai grandi sur la côte française, à même pas dix minute de la mer. Autant dire que j'étais toujours en vacances sans l'être.

Comme n'importe quel enfant issu d'un milieu modeste, j'ai fréquenté une école publique et je vivais dans une jolie petite maison avec mes parents. Et mon perroquet, c'est important de le préciser. C'est un cacatoès et il s'appelle Coco. Oui il parle et oui, je ne cherchais pas trop loin quand j'étais plus jeune - pas que ça ait beaucoup changé aujourd'hui mais bon -... Bref.

Ah mes parents ! Ils sont assez cools, enfin surtout mon père. Il faut dire que c'était une petite racaille des bas quartiers lorsqu'il était adolescent... Forcément, il a toujours été du genre à me laisser apprendre les choses par moi-même, à me porter sur son épaule quand je n'en faisais qu'à ma tête, etc... C'est même lui qui m'a transmis son amour pour tout ce qui est "moyens de transport à roues" comme les rollers, le skate, la moto, les voitures, etc. Bon par contre je ne suis pas mécano ! Ce n'est pas parce que j'aime que je m'informe, ce qui est assez ironique quand on sait que mon père est garagiste. Enfin...
Ma mère, c'est une autre histoire. Elle est gentille (globalement) mais vraiment intimidante quand elle s'y met (surtout dans son rôle de policière - parce que oui, elle est de la police). C'est elle qui portait la culotte dans la maison et mieux valait faire ce qu'elle disait quand elle le disait ! Sinon... disons que je ne voudrais pas être un homme. Mais je vous rassure, elle a toujours été juste et protectrice. D'ailleurs, c'est elle qui m'a appris à me battre, ou plutôt à me défendre, comme elle aime le préciser !

On commence à s'ennuyer là, non ? Tâchons de faire vite parce que j'ai autre chose à faire moi aussi //regarde son lit//

J'étais une bonne élève, globalement très appréciée par mes camarades. En faite, ils m'adoraient ; j'étais l'une des filles les plus populaires de mon école (j'attends vos fleurs - et n'oubliez pas le vase avec quand vous les lancerez ! -). Il faut dire que j'ai toujours été très sociable, alors sympathiser avec moi n'a rien de sorcier. Cela dit... Je mentirais si je disais que j'étais gentille avec tout le monde. Enfin, je n'étais pas méchante non plus, pas à proprement parlé mais... disons que je ne défendais pas les plus faibles non plus. Comme de nombreux jeunes de mon âge, je me contentais de ne rien dire, de regarder, d'écouter les moqueries des autres, parfois de rire un peu. Ça me mettait mal à l'aise mais vous savez, à cet âge-là, on cherche à se fondre dans la masse, à être au sommet et à y rester. Quand j'y repense, je m'en veux d'avoir suivi le courant...

Bon qu'est-ce que je peux dire d'autre... Je ne sais pas... J'ai eu des amourettes, des amis, des pas-amis, des hauts et des bas. Rien de passionnant... (C'est pas faute de vous avoir prévenu)

Du coup... parlons de mon déménagement à Paris. C'était en 2019. Je l'ai... mal vécu, comme toute bonne adolescente qui se respecte. Privée de ma ville natale. Privée de mes amis. Privée de mes boutiques et de ma précieuse plage. Bon vous allez me dire "mais c'est Paris !" ouais ben pour ça, il faut croire que je n'étais pas comme les autres filles de mon âge. Ou peut-être que j'étais juste de mauvaise foie, c'est fort probable. Mais bon, je n'avais pas le choix : c'était une grosse opportunité pour ma mère et mon père avait déjà prévu le coup. Donc... voilà voilà. Mais je m'y suis faite, pour mes parents. Je leur ai promis de faire des efforts, de me faire une place dans cette nouvelle ville. Ça aura pris quelque mois pour que j'accepte cette nouvelle vie mais j'y suis parvenue...

Puis Papillon est arrivé. Puis les héros. C'est devenu un festival de costumes moulant, wouhou ! Honnêtement, je ne sais pas trop quoi penser de tout ça mais, je les remercie quand même... Car ils m'ont permis de comprendre une chose, une chose que j'ai compris lorsque mes parents m'ont annoncé qu'ils allaient divorcer et qu'une de mes potes a été légèrement blessée ; il faut arrêter de se lamenter, de vivre dans le passé. Il faut juste... avancer, profiter du présent, de chaque instant, de chaque personne qui nous entoure et que nous aimons... Car d'une minute à l'autre, tout peut basculer... Voilà pourquoi je veux suivre mes envies, mes règles, quitte à regretter plus tard mes choix. Aider les héros ? M'y opposé ? Tenir avec tout le monde ? Avec personne ? Tout dépend de la situation. Après je dis tout ça mais ce n'est pas que je savais faire grand chose à l'heure actuelle : je suis une fille banale, une Parisienne parmi tant d'autres sans pouvoir particulier. Mais si j'en avais - déjà je vous montrerai à quel point j'ai de belles formes -, je m'en servirai pour protéger ce qui m'est cher... sur le moment. Vous avez suivi oui ou non ?!
Bref... C'est la vie ; rien n'est simple. (j'aurai dû faire des études de philosophie, je sais, je sais  ! Mais que voulez-vous, je préfère organiser des choses, toucher à tout et jouer les pigeons. M. Pigeon m'aurait adoré !) »