OhOhOh ! Le retour inexpéré de la Mama

Cela faisait maintenant 2 jours que le petit lutin avait disparu de la maison. Lisbeth lui laissait de quoi grignoter, mais jamais la nourriture ne disparaissait… Est-ce que tout allait bien ? La jeune femme ne pouvait s’empêcher de penser à lui, c’était assez impressionnant. Elle ne le connaissait que depuis l’année dernière, pourtant, elle le considérait comme un ami précieux.

Sa journée se passa comme d’habitude, avec une nouvelle classe cette fois-ci. Elle avait besoin de gagner de l’argent pour prendre soin de ses enfants, alors évidemment, elle prenait toutes les classes qu’elle pouvait, quitte à s’en rendre malade et épuisée. Cela lui rappelait la bonne vieille époque, celle où son professeur la sauva d’un futur vraiment catastrophique. Est ce qu’elle aurait pu devenir ce qu’elle est sans lui ? Certainement pas, bien au contraire.

Rentrant finalement à la maison complètement épuisée, la jeune femme se posa sur une chaise et mit sa tête entre ses mains. C’était vraiment hallucinant que tout se passe jamais comme elle le voulait, comme si tout l’univers lui disait qu’elle ne vivrait pas comme les autres. Soupirant finalement, elle sentit un petit frottement contre sa jambe et elle baissa sa tête. Le petit renne avait ressenti le désarroi de la jeune maman et voulait lui donner du réconfort. En voyant sa petite bouille toute mignonne, Lisbeth laissa un petit sourire se dessiner sur son visage, se penchant pour le prendre dans ses bras et le déposer sur ses genoux.

- Tu as de la chance d’être encore un petit renne… Vraiment.. Tu évites tellement de problèmes… Ahhhhh… La vie est si difficile parfois, mais bon, on doit accepter.

Le renne pencha sa tête sur le côté et plongea son regard dans celui de la borgne. Son petit sourire disparu, se disant que sa vie sentimentale était vraiment une catastrophe...En voyant la professeur partir dans des souvenirs bien sombres, le renne pris appui sur ses petites jambes et vint déposer une petite léchouille sur la joue de Lisbeth, reproduisant le geste plusieurs fois. Cela marcha plutôt bien, un petit rire s’échappa des lèvres de la jeune brune et elle câlina avec tendresse son petit animal.

- Tu es tellement adorable, qui peut te reprocher quoi que ce soit eheh

Lisbeth resta ainsi un moment et finit par aller se coucher tôt, laissant ses filles gérer leurs soirées comme elle le voulait avec une seule consigne : au lit à 21h30 !

Maintenant qu’elle était enfin dans son lit, elle se regarda dans le miroir, se pokant les joues et soupira de nouveau. Bon aller, on se reprend en main, les cadeaux ne vont pas se livrer tout seul ! Prenant l’apparence de la célèbre Mama Nowel, la jeune femme sauta sur sa moto et se mit à décoller vers d’autres cieux !

La nuit passa relativement lentement, entre la France, les Etats-Unis, l’Afrique, et même l’Amérique, la jeune femme ne restait pas vraiment en place, elle avait besoin de se vider l’esprit. C’est pourquoi, une fois arrivé en Laponie, elle se posa sur une montagne pour regarder les aurores boréales qui éclairaient le ciel de leurs magnifiques couleurs. Dans sa vie, elle en avait vu de belles choses, mais celle-là était vraiment incroyablement belle.

Deux heures plus tard, une mélodie dans son téléphone résonna. Pas son téléphone à elle, mais son professionnel. Ah oui, elle ne vous a pas dit ? Elle avait hérité d’un téléphone dont la technologie était totalement inconnue ici. Sur ce téléphone, un message apparut. Apparemment, une personne venait de finalement s’endormir, c’était le dernier sur la liste. Haussant un sourcil, elle regarda sa liste et vit le nom apparaître sur son papier.

- Mais il est…Ah ouais d’accord, un couche-tard…Bon ben, allons-y et retournons nous coucher après ça ! Heureusement que je ne bosse pas demain !

Se levant en regardant une dernière fois le ciel coloré, Lisbeth s’envola vers Paris pour aller livrer le dernier cadeau. En arrivant sur place, elle rentra comme à son habitude et regarda un peu partout. Décidément, les maisons et appartements des Parisiens étaient vraiment bien agencés. Regardant les quelques photos, Lisbeth eut un sourire un peu nostalgique, l’époque où elle habitait toute seule dans un petit appartement, que de souvenir.

Approchant d’une table, elle remarqua une nouvelle lettre. Même si elle trouvait cela un peu bizarre, elle ne put s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction et une grande vague de chaleur dans son cœur. Elle qu’on ignorait avant, était maintenant la bienfaitrice de tellement de personnes. Beaucoup profitent de ce moment pour souhaiter diverses choses, ou alors pour chercher des paroles rassurantes ou même parfois, simplement avoir le sentiment d’être écouté.

Lisant la lettre avec attention, la jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Sur le trajet, elle avait un peu lu le dossier de la vie du jeune homme. Elle faisait souvent cela pour voir si elle pouvait laisser des choses plus personnelles pour chaque personne.

Un sentiment de désarroi l’envahi en lisant la suite. Il vivait la même chose qu’elle en termes d’émotion ? Elle avait bien évidemment lu quelque chose dans le dossier, mais elle n’aurait pu imaginer que cela soit aussi triste. Prenant un papier, elle décida de répondre à cette lettre qui demandait clairement une réponse.

- Cher Misha,

La vie est si courte et si douloureuse parfois. L’amour n’est pas une faiblesse, loin de là. Elle peut être douloureuse, c’est un fait, mais elle apporte aussi tellement de joie et de bonheur. Si vous sentez que votre cœur bat fort en présence de ce jeune brun, si à son contact vous sentez les poils de vos bras se hérisser, si à son sourire vous sentez votre cœur fondre, alors c’est que cette personne ne mérite pas d’être effacée ainsi.

Si le fait de l’aimer vous effraie, comment pouvez-vous être sûre que vous ne le regretterez pas à l’avenir ? Tentez votre chance, foncez, laissez ce sentiment si dérisoire prendre de plus en plus de place en vous. Qui sait, ce serait sans doute la plus belle de toutes vos expériences.

Croyez-en vous et en celui qui envahit vos pensées à chaque fois que vous regardez votre chien.
Mama Nowel

PS: Merci pour la vodka, j’en avais étrangement besoin eheh

Une fois finie, elle but une bonne gorgée de Vodka directement au goulot et déposa la bouteille sur la table après un moment. Elle finit par s’asseoir à la place du jeune homme quelques instants plus tôt et prit les crayons de couleur pour écrire Mama Nowel de différentes couleurs, ne pouvant s’empêcher de sourire comme une enfant.

Finissant par se lever, elle but une dernière gorgée de vodka, puis dépose les différents cadeaux sur la table avant de disparaître, laissant derrière elle un sentiment de nostalgie et de douleur invisible.

Encore une journée bien tranquille pour notre jeune professeur. On était Vendredi, demain serait son week-end spécial avec ses deux filles. Elle était vraiment impatiente de pouvoir passer un moment avec elle. Cependant, en attendant, elle devait supporter les élèves qui n'arrêtaient pas de bavarder entre eux. Pourquoi à chaque année les étudiants étaient vraiment insupportables durant cette période ? Lisbeth ne comprenait pas vraiment, mais pouvait-elle leur en vouloir ? Bien sûr que oui ! Lisbeth était une jeune femme très sûre d’elle et voulant partager sa passion avec un grand nombre, alors effectivement, quand on ne lui laissait pas l’opportunité de faire ce qu’elle aimait faire, elle pouvait rapidement s’énerver.

C’est fou comme ses virées nocturnes la rendaient vraiment bien plus fatiguée que d’ordinaire. Certainement, parce qu’elle passe quelques instants pour regarder le ciel dans différents pays pour apercevoir ce qu’on ne voit pas forcément à Paris. C’était un peu son moyen de pouvoir fuir la triste réalité. Il lui est déjà arrivé de donner des cadeaux à des personnes qui n’en avaient clairement pas les moyens, vivant dans des habitations bien plus précaires. C’est en dehors de Paris qu’elle remarqua la difficulté que pouvait avoir d’autres pays.

Faisant plusieurs pauses dans la journée pour essayer de tenir le coup, elle ne pouvait pas oublier son bon rhum dans son café, en petite dose quand même. Cela lui permettait de ne pas s'effondrer de fatigue. Il faudrait vraiment qu’elle pense à faire une pause…Même si elle en avait eu l’opportunité, elle ne peut s’empêcher de se sentir épuisée…Qu’elle vie, mais elle le fait pour une bonne cause, alors elle continuera jusqu’à la fin de ce mois.

Lorsqu’elle rentra chez elle, ses deux filles étaient en train de jouer à la console. Lisbeth se rendit compte qu’elle n’avait pas du tout accompagné Esmée à l'école et encore moins aller chercher Lalie…Elle s’excusa alors devant les deux jeunes filles en soupirant fortement. Comme seule réponse, les deux enfants lui offrent un câlin plein d’amour et de réconfort.

Passant le reste de la soirée avec eux et son petit compagnon à pattes, ils finirent par tous aller au lit, sauf pour la jeune maman qui avait une mission à accomplir ce soir. Se regardant dans la glace, elle se dit que c'est dessous des yeux étaient bien fatigués…Mais bon, elle savait qu’une fois habillée en Mama Nowel, personne ne pourrait voir ses yeux explosés de fatigue.

Montant sur sa moto nocturne, elle fit vrombir celle-ci avant de s’envoler dans le ciel nocturne. Elle visita de nombreuses maisons avant de finalement arriver chez une certaine Katell. En rentrant dans la demeure, la demoiselle vit une petite lettre accompagnée d’une part de bûche et un verre de lait. Souriante, la célèbre Mama Nowel se délecta de ce bon petit rafraîchissement et de cette part de bûche avant de s’essuyer les mains dans un de ses tissus et de prendre la lettre pour la lire.

Les quelques phrases de cette lettre émeuvent énormément Lisbeth. Cela faisait plusieurs jours qu’elle rendait visite à diverses maisons, mais peu n’éprouvait tant d’émotion réservée. Souriant simplement en sortant de son sac un papier à lettre vert avec quelques sapins, elle se mit à écrire avec sa magnifique plume.

- Chère Katell,
Pour une première lettre, vous vous débrouillez très bien. Vouloir le bien pour les personnes que vous aimez ne fait pas de vous une personne égoïste. Vous avez le droit de vouloir aussi le bonheur que tout le monde mérite.

Vous savez, je ne suis qu'éphémère, à la fin des festivités, je disparais en laissant derrière moi tout ce que j’ai accompli. Je sais que la douleur que les Parisiens éprouvent n'est pas simple, et cela m’attriste de ne rien pouvoir faire, si je modifie le cours du temps avec un simple claquement de doigts, cela ne serait-il pas injuste pour tous ceux qui se battent pour leurs libertés ?

Ma Chère Katell, vous avez le droit d’être heureuse et de vouloir le bonheur, cela ne vous rend nullement égoïste, sinon tous les habitants de ce monde le seraient. Continuer de croire en vos rêves, continuer de peindre et de retranscrire ce que vous voyez sur vos toiles et vos cahiers. Vous avez un talent, ma chère, ne doutez jamais de vous, vous le valez bien.

En vous embrassant avec tendresse et douceur,
Mama Nowel

PS: La bûche était exquisse et le lait de poule très rafraîchissant.

Une fois finit, elle déposa les présents près du bureau et disparut dans un claquement de doigts, sourire aux lèvres et laissant derrière elle un petit sucre d’orge violet et noir au goût incroyablement mystérieux et délicieux.

La jeune femme avait passé la journée avec Esmée et Lalie, jouant dans la neige, allant dans les magasins pour voir ce qui plairait à chacune. Bien qu’elle était la Mama Nowel et qu’elle pouvait leur offrir ce qu’elle voulait, elle ne souhaitait pas gâcher ses rêves de leur offrir par elle-même ce qu’elle désirait ardemment. Regardant quelques fois à travers les grandes fenêtres des magasins, Lisbeth eut un petit moment de nostalgie. Lorsqu’elle était avec ses parents biologiques, elle n’avait jamais pu vivre un Noël comme les autres, se retrouvant bien souvent seule. C’était quelque chose qu’elle refusait de faire subir à ses enfants. Même si Lalie n’était pas sa fille biologique, elle la prenait vraiment comme la sienne, comme un membre intégrante de cette petite famille.

Voir leurs sourires, leurs rires et leurs taquineries emplissait le cœur de la jeune femme d’un grand bonheur rayonnant et chaleureux. Leurs prenant la main devant tout le monde, aucune des trois personnes ne semblait gênée, bien au contraire, cela faisait plaisir à la jeune maman.

Ses deux petites, qui ne l'étaient pas vraiment vu leurs âges, semblaient vraiment heureuses et impatientes de voir Noël arriver et découvrir leurs cadeaux. Esmée savait pertinemment que Lisbeth était celle qui offrait les cadeaux le soir de Noël, mais cela ne choquait pas vraiment la maman. Il fallait bien qu’un jour la jeune fille découvre la vérité, non ?

Lorsqu’elle sortit des différentes boutiques, elles rentrèrent déposer leurs achats et après manger, partir pour le bowling. Elle savait qu'Esmée adorait ça, par contre, elle ne savait pas si Lalie aimait, c’était un peu la zone d’ombre. Prenant la voiture pour plus de sécurité, la jeune femme les conduisit en mettant la musique a fond et chantant avec les deux jeunes femmes en rigolant et souriant. C’était tellement reposant et agréable de passer un peu de temps avec sa famille.

L’après-midi passa tellement vite que quand elle remarqua qu’il était déjà 19h, la jeune maman ramena ses filles avec elle chez elles. C’était soirée film ce soir, alors elle sort du pop-corn caramel et un autre salé, puis rejoint les deux jeunes enfants qui attendaient patiemment sur le canapé, impatients.

Une fois le film terminé et suivant le rituel quotidien, elle les accompagne au lit et les borde pour enfin déposer un baiser sur leurs fronts et leur lire chacun une histoire. C’était une organisation titanesque, mais elles adoraient vraiment ce moment, c’étaient leurs moments à elles trois.

Maintenant que tout le monde était endormi, elle fait comme tous les soirs sans exception. Ouvrant la fenêtre, elle tomba sur quelque chose de bien étrange…Un skateboard qui lévitait dans les airs. Ouvrant de grands yeux, elle haussa les épaules et sauta dessus. Au début, ce n’était pas simple, mais après quelques instants, elle comprit la fonctionnalité de cet objet et commença à skater dans le ciel nocturne. Elle n’avait tellement pas froid, ses cheveux volaient dans le vent et elle slalomait entre les flocons en souriant comme une enfant.

Lorsqu’elle arriva à la maison inscrit dans son cahier, elle fronça soudainement les sourcils en lisant ce qu’il y avait écrit sous le nom du jeune homme. Comment un père pouvait traiter un enfant ainsi ? Comment pouvait-il lui imposer autant de pression en l’empêchant de vivre sa vie d’enfant ? Lisbeth était clairement en colère contre ce père ingrat, elle avait de la peine et de la tristesse pour ce jeune homme. Si elle avait traité sa fille ainsi, elle n’aurait jamais pu être épanouie et si joyeuse qu’aujourd’hui, et ne parlons pas de Lalie qui avait clairement besoin d’une maman dans sa vie et son cœur.

Rentrant alors dans une petite brume pailletée, elle fut attirée par une petite enveloppe cachée dans un coin assez discret. Penchant la tête, elle s’avança et l’ouvrit, découvrant ainsi un petit dessin. Une montagne, un lac et des silhouettes devant. Lisbeth eut un petit sourire attendri et ne put s’empêcher de se sentir nostalgique. Marchant dans la demeure, elle trouva sans difficulté la chambre du jeune homme et y entra pour voir un enfant endormi.

Sa chambre était bien, enfin clairement pas pour un enfant de cet âge, elle fut même surprise de ne pas trouver un jouet ou toute autre chose qui permettait de s’amuser. Elle s’assit alors sur le matelas, fixa le jeune homme endormi et posa une main sur ses cheveux avec un sourire maternelle.

- Je ne peux que ressentir ta tristesse et ton envie de plaire à ton père…C’est le combat que tu as décidé de mener et je te soutiendrais dans tes rêves d’accord ? Je suis simplement triste que tu n’aies pu vivre une vie d’enfant normal

Avec un sourire tendre sur ses lèvres, elle sortit de son sac un papier et commença à écrire dessus. S’il avait décidé de cacher sa lettre de son père, alors elle ferait pareil pour que lui seul puisse lire la missive et découvre ses cadeaux.

- Mon cher Hippolyte,

J’ai cru comprendre que tu pensais ne pas être digne de cadeau parce que tu n’aurais pas été à la hauteur des attentes de ton paternel ? Sache, mon enfant, que tu n’as pas à supporter le poids de ses attentes et grandir trop vite, tu risquerais de louper énormément de choses incroyables. Être une grande personne ne justifie pas une vie à devoir toujours répondre aux attentes des adultes. La seule chose dont j’aimerais que tu te questionnes : Es-tu vraiment heureux ? Est-ce que tu pourras un jour répondre aux attentes d’un adulte comme ton père ?

La vie ne devrait pas être régie par d’autres personnes que toi. Tu as le droit de faire des erreurs, tu as le droit d’être un enfant de temps en temps, tu as le droit d’être heureux. C’est humain, c’est ce qui rend nos vies si riches et si construit, c’est grâce à des erreurs et réussites qu’on se construit notre avenir.

Si tu veux vraiment rendre ton père heureux, alors je t’encouragerai dans un monde auquel toi seul à accès, d’accord ? Tu pourras jouer, rigoler et vivre une vie d’enfant normal. Même si ce n’est pas la réalité, si cela te permet de pouvoir vivre un peu de répit et te donner la force de pouvoir atteindre ton rêve.

Même si cela me rend triste de savoir tout cela, je souhaite néanmoins qu’un jour, tu puisses être heureux et que ton père soit fière de toi.

Beaucoup de courage et de tendresse,
Mama Nowel

Déposant la lettre à côté de son oreiller, elle fouilla dans son sac pour en sortir plusieurs cadeaux et après avoir déposé un baiser chaleureux sur le front de l’enfant, Lisbeth disparut d’un claquement de doigts, retournant sur son skate pour arpenter les pays qui attendait encore sa venue.