Adrien Agreste Graham de Vanily

Durant ma vie, je n'ai jamais manqué de rien, matériellement. Retiens bien "matériellement", c'est important. Mon père, Gabriel Agreste, LE grand, l'inénarrable, l'indescriptible, le magnifique, le merveilleux, le parfait, l'incomparable Gabriel Agreste est un styliste de renom. Oui, il est friqué. Mais à croire qu'il a acheté le droit d'être une infâme saloperie avec son fils. En l'occurrence, moi, tu vois. Depuis que Mère a disparu, il est comme ça. Alors je sais bien que c'est compliqué de perdre un proche, mais comment dire..? J'ai moi aussi perdu quelqu'un. Pourtant, je me comporte pas comme un connard avec lui. Bon... J'avoue, je me comportais pas, plutôt. Parce que disons que ce soir, il a eu raison de ma patience. J'ai dit oui pour deux séances de photo par semaine, deux de piano et une de chinois. Mais alors quand il est question de me prévenir la veille pour le lendemain de participer à un gala de charité organisé par sa boîte, c'en est trop. J'avais prévu de faire du shopping avec Nino, demain pour l'anniversaire de sa copine. On ne laisse pas tomber ses frères de sang. Alors son gala de charité, il peut se le tarer là où le soleil ne brille jamais, pour paraphraser un grand roi : "M'en fous, j'irai pas !" Deux secondes, j'humidifie un peu mon gosier. Ca fait du bien par où ça passe. Tu te doutes bien que c'est pas un diabolo grenadine, hein... Tu sais que ça fait que depuis deux mois que je m'autorise à boire de l'alcool ? Je sais, je devrais pas. L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération, je connais bien les formalités... Bon, j'en étais où, moi ? Ah oui. Mon connard de père. Je l'aime, mine de rien. Là, je suis énervé, c'est pour ça que je l'insulte. Autrement, tu te doutes bien que j'aurais des propos moins venimeux. J'ai toujours dû batailler avec lui pour avoir ce que je veux. Rien que pour me faire aller à l'école avec d'autres élèves, c'était la croix et la bannière. C'est pour ça qu'avant d'aller au collège, j'avais une seule amie. Chloé Bourgeois. Brrrr... J'ai des fourmis dans la colonne vertébrale, maintenant, quand je dis son nom. Je me rends bien compte qu'à l'époque, j'étais bien trop gentil avec elle, je lui laissais presque tout passer... Mais aujourd'hui, c'est un peu comme Voldemort. Quoi ? C'est pas Voldemort ? Je te garantie qu'avec toutes les rhinoplasties par lesquelles elle a dû passer, y a des chances que si, ce soit Voldemort. Mais sérieusement, tu l'as vue ? Détestable avec les gens, même avec ses amis ! Pauvre Sabrina... J'ai eu beaucoup de chance, moi. Qui sait ce que je serais devenu si mon univers s'était résumé à être la vie que mon père m'a formatée et avec Voldemort pour seule amie ? J'ai d'abord rencontré Nino. Mon voisin de table. Puis, c'est devenu plus tard mon ami, mon frère... Nan, pas mon amant, je t'arrête de suite, je préfère les moules aux frites. Et je te parle pas du plat... Et lui, jusqu'à preuve du contraire, aussi. Après, personne ne sait ce qu'il s'est passé dans la cage quand il était enfermé avec Alya dedans. Peut-être que ça a réveillé un truc chez lui ? Ou chez elle, hein, on sait jamais... Puis... Il y a eu Marinette. Et là, j'ai su quelle vie je voulais mener. Marinette, c'est la première personne que j'ai vue comme une amie. Petite gorgée, pardon... Ah, Marinette. Ma meilleure amie. Pourtant, ça démarrait mal ! Elle croyait que je lui avais fait un sale coup alors que je réparais une connerie de Voldemort. Une vraie vipère, celle-là ! Bref, ce jour-là, il reste gravé dans ma mémoire. C'est le jour où j'ai enfin su qui j'étais. Où j'ai fait deux rencontres... Marinette, tu t'en doutes. Bon. Et Ladybug. Je ressens un truc pour elle. J'ignore son vrai nom, j'ignore qui se cache sous son masque, et pourtant... Je ressens un truc. Un truc fort. Très fort. Bref. La suite, tu la connais. Aventures sur aventures, encore et encore... J'ai appris des choses, j'ai rattrapé mon retard, à lire, à jouer, à regarder, bref, à accéder à la culture comme tous les autres. Et je me suis tourné vers le droit à la fin du lycée, pour ne plus avoir mon père sur le dos. Ca marche bien, hein ? Je larbine toujours... Comme on dit en chinois : << Huāshù zhōng de huāduǒ tuìshǎi, yǒng bù chóngshēng >> Quoi ? Je croyais que tu parlais toutes les langues... Ca peut se traduire par << La fleur en bouquet fane et jamais ne renaît >>... Aujourd'hui, tu sais ce à quoi j'aspire ? Vivre ma vie. Ah..? C'est quoi ce bordel dehors ? On dirait bien que Gotham a besoin de nous... T'es prêt, Plagg ? Transforme moi !