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Mar 1 Nov - 17:32
Sortie canine
Timéo & Artémis



Voilà plusieurs semaines que Raphaël et moi avions sauvé cette petite chienne. La pauvre était blessée et abandonnée. En l'amenant chez le vétérinaire, il l'avait soignée mais nous avait aussi dit qu'elle n'avait ni puce ni tatouage. Ce qui signifiait qu'elle n'appartenait à personne. Nous avions le choix : soit lui laisser et il la déposerait dans un refuge, soit l'adopter et dans ce cas-là, il s'occuperait de lui mettre une puce immédiatement. Mon cerveau n'avait fait qu'un tour et choisit de suivre mon cœur, c'est-à-dire l'adopter. Ce n'était pas un choix irréfléchi. Cela faisait plusieurs semaines que j'y pensais et quoi de mieux que d'adopter un pauvre chien abandonné ?

Plusieurs semaines s'étaient donc écoulées depuis le sauvetage de Thémis et j'avais décidé aujourd'hui d'essayer de la sortir voir d'autres chiens. Le vétérinaire m'avait préconisé beaucoup de repos pour elle, le temps de se rétablir mais également de ne pas tarder ensuite pour lui faire rencontrer d'autres chiens. Elle était encore jeune, il fallait qu'elle sociabilise ou elle serait craintive toute sa vie. J'avais déjà fait des tests avec la laisse dans la maison, puis dans le jardin pour l'habituer. Et aujourd'hui, elle allait devoir affronter la ville et ses bruits terrifiants, ainsi que de nouveaux amis potentiels.

Je sortis sur le pas de la porte, la laissant s'habituer aux bruits de la route mais elle ne semblait pas effrayée. Direction donc le parc à chiens, tranquillement. Elle fut effrayée par un camion qui passait non loin mais je la rassurais immédiatement. Elle trottinait non loin de moi. Depuis que je l'avais adoptée, elle ne s'éloignait jamais vraiment. Le chemin passa et nous arrivâmes devant le parc. Les jappements se faisaient entendre au loin et je sentis Thémis qui commençait à paniquer. Je la pris dans mes bras pour la caresser et la calmer. J'avançais ensuite, la gardant dans mes bras pour le moment. J'avisais un banc non loin. Mais avant que je n'ai pu l'atteindre, quelqu'un s'y était déjà installé. Bon, tant pis. Je ne voulais pas m'approcher des autres de suite, je voulais lui laisser le temps.

Je me dirigeais donc vers un coin d'herbe, un peu à l'écart. Au diable les bonnes manières, je m'assis dans l'herbe en tailleur. Thémis s'installa sur moi, guettant les chiens au loin. Je la caressais tout en lui parlant doucement.

"Ca va aller ma belle. C'est nouveau pour toi, mais tu verras, tu vas adorer venir ici. Ils ne sont pas méchants, juste contents de se voir. Mais prends ton temps."

Je souris. Plus d'un me prendrait pour une folle de lui parler. Mais je m'en fichais. Tout ce qui importait, c'était le bien-être de Thémis. Et je savais que ma voix l'apaisait. Une fois calme, je la déposais à côté de moi. Elle resta près de moi, mais n'essaya pas de revenir sur moi, semblant intriguée par les autres chiens au loin.
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Ven 9 Déc - 16:59


"Sociabilisation du toutou
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Et de son maître»











Les films étaient plus prenants qu’il n’y pensait. Il aimait bien la télévision, souvent il l’allumait pour la mettre en fond lorsqu’il travaillait, écoutant à moitié alors qu’il cousait ou alors se plongeait dedans lorsqu’il pouvait tricoter ou broder sur son canapé devant son écran. D’ordinaire il préférait le fantastique, le merveilleux mais surtout la science-fiction -Fahrenheit 451 étant son roman préféré, il estimait que les adaptations cinématographiques étaient décevantes- néanmoins il pouvait parfois regarder quelques œuvres. Quelques films d’auteurs lorsque ceux-ci ne se prenaient pas pour les inventeurs d’un genre « nouveau » ou même quelques comédies romantiques. Mais c’était l’arrivé de l’hiver et avec Halloween qui était passé, la diffusion des programmes de Noël que ce soit sur les plateformes de Streaming ou sur les chaînes nationales étaient inévitables.

Généralement, il détestait les histoires de Noël, c’était souvent le même scénario : une Catherine trentenaire célibataire, acharnée par son travail, avec des parents et des amis qui lui proposaient moults rencontres matrimoniales se voyait dans l’obligation de retrouver la campagne en période de Noël afin d’y rencontrer un homme apprécié de tous, avec un chien, parfois père célibataire ou veuf, sympathique qui lui ferait connaître aussitôt les joies de l’amour et d’une famille ; cerise sur le gâteau, il y avait toujours un gros plan avec les personnages principaux s’embrassant devant un sapin de noël richement décoré et aussi illuminé que des complotistes américains. Bref, c’était généralement d’un ennui et il s’endormait devant tant de fantaisies, mais cette fois-ci l’histoire était différente, ou presque : c’était un homme de campagne qui s’en allait en ville, rencontrant la dure vie de travail afin de pouvoir nourrir sa petite sœur sur laquelle il veillait depuis la mort de ses grands-parents, les géniteurs étant décédés d’une maladie incurable, bien évidemment. Il finissait par rencontrer une femme oisive, peut apprécier, et tous les deux finissaient par changer, se compléter et finalement se marier. C’était sans doute ridicule, peut-être, mais la façon dont ça avait été filmé, les personnages tout aussi adorables, des victimes de la société avec un héros qui fuyait les conditions rurales pour permettre à sa cadette des soins que ne pouvaient pas lui procurer ses hôpitaux de campagne de plus en plus déserts, cette femme qui se fichaient totalement de l’avis des autres car elle pensait que tout lui était donné puisqu’elle pensait que dans un pays comme le sien, elle ne manquerait de rien, cette entreprise qui tentait de tous les deux les exploiter pour leurs simples profits sans même prendre en compte leur vie professionnelle et personnelle, puis la mort du chien…. Oui, tout avait été beau, tant et si bien que le film avait réussi à arracher une petite larme à Timéo.

Une petite ? Non, plutôt des sanglots. Sans doute était-ce comique de voir un homme de presque un mètre quatre-vingts dix avec une bonne musculature s’émouvoir devant un film de Noël avec un petit tricot en main, mais le couturier restait malgré les apparences une personne très sensible et il savait qu’il allait se ruiner pour donner quelques pièces aux sans-abris qu’il croiserait afin qu’ils puissent se nourrir convenablement cet hiver qui promettait d’être rugueux. Ce fut sa chienne qui arriva avec la laisse dans la gueule qui le fit sortir de ses tristes pensées, le film ayant commencé à le faire plonger dans quelques réflexions. Finalement oui, Jeanne avait peut-être raison, il valait peut-être mieux sortir un tout petit peu vu qu’il avait tendance ces temps-ci à rester enfermé chez lui à avancer son travail, dont des commandes pour Noël. Certes il sortait chaque matin, après-midi et soir son caniche, mais une très longue balade s’imposait ; après un énorme câlin, Timéo sécha ses larmes, se prépara, mit une petite veste assortie à la sienne à Jeanne afin de lui mettre le harnais et sortit de chez lui.

La chienne fut heureuse de pouvoir faire gambader son maître et sentant toujours la tristesse de son propriétaire elle tira à plusieurs reprises sur la laisse afin de l’inviter à jouer. Timéo lui répondit simplement avec de vifs sourires avant de commencer à marcher plus rapidement ou même à courir légèrement sur quelques mètres lorsque les rues n’étaient pas noires de monde, certains parisiens commençant déjà à acheter des cadeaux de Noël. Malheureusement il y avait beaucoup de passants, certains allant ou revenant du travail. Il ne pouvait pas leur en vouloir, lui-même étant quelque peu pressé lorsqu’il quittait chez lui pour rejoindre sa clientèle, sa famille ou même ses fournisseurs. S’il voulait sortir son caniche royal, mieux valait-il l’emmener au parc s’il voulait esquiver les personnes qui râlaient à la vue d’un chien ou même, plus intelligents, hurlaient de peur en gesticulant, surexcitant ou effrayant l’animal. A force, Jeanne risquait d’être plus associable que son propriétaire.

Le promeneur promenant sa promenée ou la promenée promenant son promeneur, qu’importe, les voilà les à présent prêts du parc à chiens. Entendant des aboiements et jappements, le canidé abricot ne tarda pas à se tourner vers son maître, lui faisant de grands yeux doux. Timéo laissa échapper un soupir. Sans doute ça lui ferait grand bien de voir d’autres chiens qu’il connaissait déjà, mais pas leurs maîtres qu’il trouvait pour la plupart agaçants ; entre ceux qui se vantaient de mettre leurs compagnons au BARF en méprisant les personnes qui n’avaient pas les moyens de le faire, ceux qui oubliaient de castrer les mâles qui couraient les femelles et les agressaient si elles ne répondaient pas à leurs avances en jouant les gros beaufs en mode « OOOH ! Ça va ! C’est dans la natuuuure ! » mais qui dans leur hypocrisie s’indignaient que les chiennes n’étaient pas stérilisées, ceux qui ne donnaient aucune éducation à leurs chiens, qui ne muselaient pas les plus agressifs, et compagnie… Enfin bon, s’il pouvait s’énerver sur les autres maîtres, les maudire, plutôt que commencer à remettre en question toute sa vie à cause d’un film de noël et d’une potentielle crise de la trentaine qui approchait dangereusement à grands pas, il ne pouvait qu’entrer dans le parc canin. Il libéra Jeanne de sa laisse, la chienne allant courir dans tous les sens tandis que son maître cherchait un banc ou un endroit tranquille où se poser, saluant les quelques propriétaires d’un mouvement de la tête. Il remarqua une demoiselle, une jeune fille qu’il n’avait jamais vu avec un petit chiot. Sans doute une petite nouvelle que les gens ne semblaient pas souhaiter accueillir ou poser des questions sur leur animal.

Ce fut Jeanne qui fit le premier pas en se ruant vers le petit chiot dont elle ne connaissait aucunement l’odeur, allant le renifler les oreilles hautes et restant légèrement à distance. Comme il y avait plusieurs types de maître comme ceux qui venaient dans un parc pour chiens pour finalement ne jamais laisser leur compagnon approcher les autres, Timéo jugea bon de s’approcher de la demoiselle en tapotant sur la cuisse afin d’appeler sa chienne qui revint vers lui avec des bonds de cabris.

« Excusez-moi, elle est sociable. »

Contrairement à lui, bien qu’il vouvoyât la demoiselle malgré sa différence d’âge avec lui, apparemment plus jeune que le couturier.

« Si j’étais vous, je n’assiérais pas sur l’herbe : bien que les déjections sont ramassées, il y a toujours de l’urine et de la matière fécale. Vous pourriez vous salir. »

Il regarda autour de lui, voyant que les bancs étaient tous pris. Il savait qu’avec un fin sourire, les gens lui céderaient facilement une place, entamant sur une conversation par la suite, notamment les hommes pour lui parler sport et autres, mais à présent il avait bien plus pitié pour une adolescente qui venait sans doute d’avoir son premier chien et qui ne savaient pas faire sa place dans le parc canin. Il retint un soupir, retirant sa large écharpe. Autant faire preuve de galanterie là où les autres propriétaires ne savaient pas en faire.

« Pensez à prendre quelque chose de sacrifiable pour la journée avec vous. »


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Lun 19 Déc - 22:18


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Je regardais un peu partout autour de moi. Les maitres discutaient entre eux, ou jouaient avec leur chien. Certains semblaient me fixaient avec un regard hautain. Nerveuse, je détournais le regard. Que les humains peuvent être idiots et méchants... Thémis sembla sentir ma gêne puisqu'elle vint frotter sa tête à la mienne. Je souris. Je lui fis un petit bisou sur le haut de la tête. Puis, je fus surprise par un chien qui s'était approché de nous. Je souris, tendant la main par automatisme pour qu'elle ait confiance en moi et s'approche. Mais, avant qu'elle n'ait eu le temps de le faire, son maitre sembla la rappeler.

"Il n'y a pas de problème, ça ne me dérange pas. J'adore les animaux."

Je souris avant de me relever, Thémis collée à mes jambes. Je me frottais légèrement, je n'allais pas rester à terre toute la journée, il fallait qu'elle essaie de sociabiliser sans que je ne sois trop près.

"A vrai dire, c'est une tenue de sport, alors je n'y fais pas vraiment attention... Je ne voulais pas m'approcher de suite, c'est son premier jour avec d'autres chiens dans un parc... Et le mien aussi en fait."

Je me grattais l'arrière de la tête, gênée. Je ne savais pas vraiment comment faire pour que Thémis s'habitue aux autres. Et, en même temps, je suis tellement timide moi-même que je ne me voyais pas aller vers les autres maitres comme ça. Ca m'arrangeait bien de rester à l'écart.

"Je... m'appelle Artémis, et voici Thémis. Et vous ?"

J'attendis sa réponse avant de m'accroupir pour être à la hauteur de son animal. Je tendis ma main en souriant, la laissant s'approcher.

"Je peux ?" Dis-je en m'adressant au propriétaire. Puis, je m'adressais à la chienne.

"Et toi, ma belle, quel est ton joli nom ? Tu sais que tu es belle..."

Je lui grattais le dessus de la tête, lorsqu'elle s'approcha de moi, me montrant que je le pouvais. Voyant que le courant passais bien et que la chienne ne semblait pas agressive, Thémis s'approcha à son tour. J'enlevais ma main pour que les deux femelles puissent se sentir. Elles semblèrent accrocher tout de suite parce qu'elle se mit en position de jeu, à moitié couchée. Je ris en la voyant ainsi. J'étais heureuse de la voir sociabiliser.

"Eh bien, je ne pensais pas qu'elle irait aussi vite vers les autres ! Elle est moins timide que moi au moins."

Le parc était vraiment le meilleur endroit pour l'emmener. Mais j'espérais vraiment qu'elle n'allait pas se retrouver face à d'autres chiens moins gentils que cette belle chienne. Elle avait assez souffert dans sa si petite vie.




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Dim 8 Jan - 20:23


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Visiblement, la jeune inconnue semblait apprécier assez les chiens pour ne pas être dérangée par ceux-ci et fort heureusement pour elle puisque Timéo ne se sentait pas d’humeur à montrer un brin de patience avec quiconque chasserait Jeanne d’un geste trop brusque de la main voire même un coup de pied dans le vent pour la chasser. Est-ce que ça lui était arrivé ? Bien assez de fois pour vouloir à présent rejoindre la SPA comme inspecteur afin de frapper les maltraitants d’animaux. La voyant finalement se relever, l’ancien policier préféra garder alors son écharpe, la remettant ainsi autour de sa gorge pour éviter de tomber stupidement malade ; personne n’était à l’abri d’un coup de froid.

« Même si c’est une tenue de sport que vous portez, vous pourriez à tout moment vous faire insulter dans la rue. Une écharpe ou un morceau de tissu quelconque peut vite se cacher. Après prenez mon conseil comme bon vous le semble, je ne suis pas votre mère, mais les Parisiens ont tendance à regarder n’importe qui est assez sale qui pourrait les « contaminer ». »

Et c’était donc bien la première fois qu’elle venait avec son chien… D’un côté ça ne l’étonnait pas. Entendant les prénoms, le couturier en conclut que chez elle, ça aimait énormément la mythologie grecque ou alors seulement les prénoms.

« Timéo. Bienvenue au parc je présume ? Faites attention à ne pas venir le soir : cette zone n’est pas fréquentable lorsque la nuit est prête à tomber. »

Il valait mieux la prévenir avant qu’elle ait la mauvaise surprise de rencontrer quelques énergumènes. Par chance elle pourrait tomber sur des personnes plus bêtes que méchants, dans le cas inverse elle pouvait risquer sa vie. Puis les parcs à chiens n’étaient plus ce qu’ils étaient en pleine journée lorsqu’il faisait nuit noire. Combien de fois avait-il été dans l’obligation d’intervenir lorsqu’il faisait encore parti de la police pour des combats de chiens, des entraînements sur des chatons marqués de peintures ou même encore des trafics en tout genre ? Quelques fois, il veillait sur les pelouses en cherchant du regard quelques objets appartenant autrefois à des petits malfaiteurs et c’était sans surprise qu’il trouvait seringues, portes-feuilles volés vides et autres artefacts en tout genre. Malheureusement il ne pouvait plus rien faire, la Justice ne pouvant pas prendre sa défense s’il venait à casser le nez d’un malheureux racketteur puisqu’il n’était plus qu’un simple civil à présent. Parfois il regrettait son ancien métier qui avait bien fait jaser toute sa famille. Artémis demandant si elle pouvait caresser le caniche, Timéo répondit simplement d’un mouvement de la tête. Bien qu’il n’aimait pas sociabiliser il ne pouvait pas empêcher sa chienne de le faire, d’ailleurs il jugeait que c’était mieux pour elle.

« Elle s’appelle Jeanne. Merci pour elle. »

Jeanne était heureuse. Elle remuait la queue sous les caresses, faisant même un peu sa belle telle une duchesse qu’elle était aux yeux de son propriétaire trop attaché à elle. Finalement, en voyant la petite Thémis approcher, elle partit jouer avec elle, du moins en allant la renifler pour ensuite lui donner des petits coups de museau, prête à déguerpir pour faire courir la petite demoiselle. Le couturier croisa les bras, sûr qu’elle allait se dépenser pour une semaine. Peut-être allait-elle-même être un peu trop brusque et c’était pour cette raison qu’il allait devoir bien la garder à l’œil afin de la rappeler à l’ordre en cas de problème.

« Vous allez devoir malheureusement apprendre à ne plus être timide. Les propriétaires viendront tôt ou tard vous voir pour discuter. Ne racontez pas trop ce qui concerne trop votre vie : ils aiment énormément les ragots par ici et ça peut vous créer des ennuis. Restez silencieuse quand on vous parle amour, adresse, travail… Parlez du strict minimum. Surtout qu’il y a des énergumènes qui pensent qu’un parc à chiens est un lieu de rencontres pour trouver l’amour en amadouant les femmes avec des chiots. Si jamais il y a un problème dans ce cas et que vous me croisez, n’hésitez pas à me le dire : je sais les recadrer. »

Avec violence certes, mais généralement le couturier faisait assez peur avec son gabarit pour qu’on remette en doute ses menaces. Il fallait savoir se montrer rude dans ce monde de brutes, surtout qu’Artémis était une jeune demoiselle qui semblait être facile à duper ou à embêter. Si elle était timide, elle était autrement dit une cible de choix pour les harceleurs. Finalement, il continuait à faire la police dans ce parc…

« Votre chienne, vous l’avez prise à la SPA ? »

Autant poser la question, c’était toujours intéressant de savoir pourquoi la chienne était malgré son jeune âge apparemment réservée au départ. Normalement, tous les chiots allaient voir directement les adultes, sauf s’il y avait une bonne raison à leur tendance à les fuir.
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Lun 9 Jan - 19:17


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Sa remarque était juste. Les Parisiens peuvent vraiment être bêtes quand ils s'y mettent. Et les propriétaires de "chiens de races hors de prix" sont bien les pires. Et en même temps, est-ce qu'ils trainent vraiment dans des parcs à chiens ? Mais je ne doutais pas que certaines personnes pouvaient être très méchantes.

"Vous avez raison, j'y penserai la prochaine fois. Merci du conseil."

Je souris et me promis de prendre une vieille couverture avec pour la prochaine sortie. Il se présenta à son tour. Cet homme semblait vraiment plus gentil que d'autres maitres qui me jetaient des regards en biais depuis tout à l'heure. Ca ne me donnait pas envie de me mêler à la foule.

"Enchantée et merci. Aucun risque je vienne ici de nuit. Et de toute façon, je n'en aurais pas le droit."

Je ris en imaginant la tête de ma mère si je lui demandais l'autorisation de sortir la nuit. Elle me ferait une crise cardiaque. Je n'imaginais même pas ce qu'il pouvait se passer ici la nuit, même si j'avais déjà entendu des rumeurs. Des combats de chiens, de la maltraitance d'animaux, et même des drogués... Brr, rien que l'idée de rencontrer l'un de ces cas de figure me donner froid dans le dos. Je ne pourrais rien faire de toute façon. Et je ne serais peut-être même pas capable de me défendre moi-même.

"Enchantée Jeanne, tu as un joli prénom."

Un aboiement me répondit alors que je la caressais doucement. Je laissais Thémis approcher en m'écartant discrètement pour les laisser toutes les deux faire connaissance. Timéo semblait garder un œil sur sa chienne mais en profita pour engager la conversation avec moi.

"J'imagine que c'est parce que c'est mon premier jour ici. Sérieusement ? Les gens sont tordus... Je ferai attention, merci du conseil. Je note, ne parler de rien d'autres que de chiens, ce sera déjà très bien. C'est gentil, je tâcherai de m'en souvenir. J'espère qu'on me laissera tranquille, je ne cherche pas les problèmes..."

Purée, si je m'attendais à ce qu'il se passe autant de trucs juste dans un parc à chiens. Il faut limite s'armer d'une bombe au poivre pour sortir son chien. On aura tout vu. Je le regarde un instant. Je pense qu'il n'a pas besoin de faire grand chose pour se faire respecter. Son allure, sa taille suffisent déjà à dissuader.

"Non. Je l'ai trouvé dans le parc à côté. Elle était blessée alors je l'ai amenée chez le vétérinaire. Il m'a dit qu'elle n'était ni pucée, ni tatouée et que si je la lui laissais, elle finirait dans un refuge. Je ne voulais pas la laisser alors il m'a permis de l'adopter. Je ne saurais pas l'expliquer, mais j'ai senti comme une connexion entre elle et moi. Je ne pouvais pas l'abandonner."

Elle et moi, c'est pour la vie désormais et je ne laisserai rien lui arriver. Je ferais tout pour la protéger de ce monde brutes.

"Quel âge à Jeanne ?"

Elle avait un peu un petit instinct maternelle. Elle était venue tout de suite vers nous. Mais elle semblait tout de même jeune.




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Dim 22 Jan - 18:42


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Artémis devait sans doute dépendre encore de ses parents si elle n’avait pas le droit de se promener de nuit. Quel âge devait-elle avoir ? Probablement aussi jeune que sa benjamine, à moins qu’elle ne soit dans une relation toxique, ce qu’il ne lui souhaitait pas. Voilà à quel point il commençait vraiment à se faire vieux, à ne plus savoir correctement donner un âge à qui que ce soit. Peut-être devait-il tout simplement retrouver une vie sociale, à discuter avec des gens de tout âge. Oui, car les plus âgés que lui il savait les reconnaître, mais les jeunots, c’était autre chose. A part les enfants, bien évidemment.

« Normalement personne ne devrait te chercher de problèmes, mais on ne sait jamais. La plupart des gens sont de grosses commères. A force de créer des groupes, les problèmes qui en résultent sont tous toujours les mêmes : harcèlement moral, par le biais d’une isolation, des bagarres qui pourront un jour ou l’autre être provoqué par un ras-le-bol… Un parc à chiens, c’est comme le travail : ça reste des personnes qu’on connait, qu’on peut apprécier, mais pas des amis ou de la famille. »

Peut-être qu’il paraissait désagréable, qu’il pouvait choquer avec ses propres paroles, mais tant pis. Il préférait être le gars aigri du parc qui disait ce qu’il pensait et donnait les meilleurs conseils plutôt que le type souriant, sociable mais qui cachait ses réelles pensées.

« Le mieux est sans doute de se dire qu’on vient que pour notre chien essentiellement, le reste n’est que bonus. »

Bien qu’avoir quelqu’un qui venait lui parler de la pluie et du beau temps était plutôt un malus. Pourquoi devait-on se sentir obligés de discuter avec les autres propriétaires de chiens lorsque dans la rue, ceux qui se croisaient se contentaient juste de salutations à voix basses avant de s’en aller lorsque les toutous avaient terminé de se renifler ? Nul ne devait culpabiliser de préférer rester dans son coin en vieil ermite qui sortait une fois de temps en temps de chez lui. Il écouta l’histoire de la chienne avec intérêt alors que Jeanne commençait à courir de partout, s’arrêtant de temps en temps pour attendre Thémis. Bon sang, comment pouvait-on être aussi horrible à abandonner les chiens comme de vulgaires objets ? Surtout que c’était un mauvais jour pour Timéo s’entendre une histoire pareille, lui-même fragilisé pour la journée à cause d’un téléfilm à deux balles. Il fallait donc ne pas se montrer sentimentale devant Artémis, ou du moins ne pas montrer une certaine peine et encore presque de pleurer tellement ça le touchait. Non, tout cela fut troqué par un agacement, une envie même de retrouver les coupables pour leur faire manger des parcmètres.

« Les animaux sont les meilleures choses sur Terre. Les abandons, il y en a toujours eu à la pelle et ce que vous me racontez ne me surprend pas. Dans la police j’ai pu être témoin de plusieurs évènements quasi-similaires ou plus cruelles. Si elle était blessée, alors peut-être que c’est une très bonne chose qu’elle soit tombée sur vous. Sans le savoir, vous êtes peut-être sa sauveuse. »

Un appât pour les entraînements de combats de chiens, un amusement pour les enfants qui avait mal tourné, un abandon plus que cruel qui avait voulu être mortel pour le pauvre chiot… tant de choses possibles. Lorsque la SPA devait retirer un animal à ses propriétaires, elle faisait souvent appel à la police et il se souvenait avoir pu être témoin de plusieurs maltraitances qui lui avaient fait encore plus perdre foi au genre humain. L’ancien blond pensait qu’il fallait toujours rendre aux propriétaires chaque coup et blessure affligé à l’animal, mais malheureusement cette société le refusait. Dommage, s’il avait été au pouvoir, au moins il aurait pu autoriser de telles pratiques. Entendant la question, le couturier se tourna vers son interlocutrice.

« Elle a quatre ans. Elle est encore jeune, c’est pour ça qu’elle est un peu surexcitée, surtout un jeune chiot, forcément, c’était sûr qu’elle allait le voir. »

Il regarda de nouveau sa chienne qui continuait à jouer avec la petite boule de poils.

« La connaissant, elle a dû sentir aussi qu’elle a subi un traumatisme ou je ne sais quoi encore. Ce qui veut dire qu’elle risque de ne pas laisser les autres chiens approcher de Thémis, raison pour laquelle je préfère bien garder un œil sur elle. Il y aura même des chances pour qu’elle veuille l’embarquer à la maison. Les séparer va demander beaucoup de travail… »

Autrement dit, il allait devoir porter sa chienne sur plusieurs mètres…

« …elle m’a fait le même coup avec un enfant en situation d’handicap. Ce qui a été gênant avec la mère. Du coup, Thémis doit voir régulièrement le vétérinaire ou vous devez aller voir un comportementaliste canin ?»


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Mar 24 Jan - 18:42


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Avant aujourd'hui, je n'étais jamais vraiment venue ici. Je suis bien sûr déjà passée devant, enviant tous les propriétaires de chiens. Mais je n'avais rien à faire dans ce parc sans avoir moi-même un chien. Je les observais de loin, et ça me rendait déjà heureuse de pouvoir regarder tous ces chiens s'amuser.

"Je sais que je peux être une cible facile. Il faut que j'apprenne à m'endurcir. Je ne comptais pas vraiment chercher des amis, à la base. Ce que je souhaite surtout, c'est que Thémis s'habitue et n'ait pas peur des autres chiens ou d'autres humains."

Ce qu'il venait de me citer comme problème me paraissait tellement démesuré. Et en même temps, je ne suis pas habituée à tout cela, je ne sais pas comment ça se passe. Mais ça fait un peu peur de prime abord. Je frissonne en imaginant un groupe de personnes qui s'approche de moi sans raison, juste pour me faire peur.

"Oui, ma chienne est le plus important à mes yeux."

Je racontais ensuite comment j'avais adopté Thémis. Repenser à sa blessure me fait encore mal au cœur. Je ne sais pas si c'est un animal ou un humain qui lui a fait ça, je ne le saurais jamais. Mais c'est forcément un humain qui l'a abandonné à son sort dans ce parc. Je vis aussi qu'il semblait énervé par la situation. Tout amoureux des animaux détesterait cette histoire.

"Les animaux la meilleure chose, et les humains la pire. Enfin, pas tous, mais on n'est pas des exemples de bonté... Les abandons et la maltraitance d'animaux sont trop fréquents. Les humains sont cruels."

J'ai entendu bien des choses sur ce qui se passe parfois et la maltraitance me révolte beaucoup. Je ne comprends pas que l'on puisse faire du mal alors que les animaux sont si fidèles et si gentils. Certaines familles sont aimantes mais il en existe encore trop qui ne prennent pas soin de ces magnifiques boules de poils. Respire Artémis, ne t'énerve pas. Pas de sentiments négatifs.

Nos deux chiens étaient en train de s'amuser tous les deux et ça faisait vraiment plaisir à voir. Thémis avait l'air plu sereine et semblait vraiment bien s'entendre avec Jeanne.

"Elle a un caractère protecteur, c'est mignon. Mais j'imagine que dans certaines situations, ce doit être difficile. Elles seront d'autant plus heureuses de se retrouver ici alors. Les chiens sentent toujours ce qui est invisible aux yeux des humains, je trouve ça très intrigant et très intéressant. Pour ce qui est du vétérinaire, il m'a dit de revenir le voir si elle boitait encore après plusieurs semaines. Et de commencer par sociabiliser avec d'autres chiens dans un parc. Si vraiment elle restait dans son coin, j'irai voir un comportementaliste. Mais je pense que ce ne sera pas nécessaire."

Je souris en voyant ma petite Thémis pleine de vie qui court après Jeanne comme si c'était les meilleures copines du monde.




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